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21/04/2020

"ŒILLADES", de Daniel Boulanger, éditions Gallimard, 18 janvier 1979

Retouche aux fruits

 

            une pomme à la main
            et dans l'autre la terre
            le ciel fait le beau

 

            on entend le râle des époux
            d'une douceur de châle à fleurs

 

            et le plaisir se change en pierre
            pareil à la poire en bouteille
            claire dans la pièce obscure

 

Daniel Boulanger

GRENADE BLOG.jpg

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19/04/2020

"Blason de la chambre", de Guillevic, éditions Les Presses d'aujourd'hui, novembre 1982, 2660 ex hors commerce

Le Soleil

 

Tu me donnes la permission
D'entrer partout.


Pas comme quelqu'un
Qui vient de loin,


A travers
Des calculs d'astronomes
Et des rêves protubérants.


C'est en voisin que tu es là,
Introduit, familier,


Disant le droit

Des taches sur le mur


Et celui
De la chambre et l'épaisseur
De son autonomie.

 

Guillevic

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18/04/2020

"La tendresse", de Jacques Ancet, Mont Analogue éditeur, juin 1987, 120 pages, 500 exemplaires

Deuxième livre du poète Jacques Ancet publié au Mont Analogue (après Silence Corps Chemin). Une écriture embrassant dans un flux et reflux continuel ce que les souvenirs convoient, indistinctement d'abord. La tendresse dont le corps manque plus que jamais dans le monde nôtre ne s'apparenterait-elle pas à une mise en lumière des racines de l'enfance, éternelle pour les poètes ? Ici empruntant la forme d'un "récit", voire même d'un "récitatif", captifs de "cela qui nous fonde, nous fait, nous déborde, nous efface et pour quoi il n'est image ni mot : le merveilleux, l'épouvantable, l'indescriptible réel."   DM


j'essaye de ne pas me perdre, je t'appelle en silence, je jette ma phrase à bout de mots comme une ligne sur l'eau immobile, je tire le fil, quelque chose résiste, s'abandonne, résiste encore, tes yeux toujours, cette émotion devant ton corps fragile, ce désir inconnu de te prendre contre moi, te protéger, cela bougeait très loin, bouge encore aujourd'hui, un peu moins cependant avec le temps, ton rire traverse les heures, me poursuit tel après-midi maussade où je ne sais plus te parler, m'accroche au passage un soir d'hiver, me laisse seul, émerveillé, ce jour d'été, obstiné à comprendre l'évidence de ton mystère, ce genou replié, ce pied nu sur le bord d'un fauteuil, ce doigt suivant les lignes d'un livre, contemplant longuement tes coquillages étalés, conques roses, ormeaux nacrés, débris rouges des coraux, porcelaines, ovales d'ivoire, galets, étoiles desséchées spirales laiteuses, y cherchant quel sens ignoré de ma vie et pourquoi m'obstiner à toujours aimer ce qui toujours m'échappe, la fuite bleue du matin vers le soir, ton sommeil léger, le morse du grillon, la lune rose et plus pâle ce soir sur la fenêtre, l'aube perle où flottent, fantomatiques, barques et rochers comme naissant du vide, de ce sommeil qui t'habite encore pendant que le jour monte, éblouissant, chaque geste devient plus simple, couper du pain, verser du lait, chaque chose plus nette, plus ferme sous les doigts comme ta peau que je touche à présent...


Jacques Ancet

06:26 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)