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19/06/2020

"Corps corrosifs", par Lorand Gaspar, éd. Fata Morgana, 13/2/1998, 333 ex., 24 pages

Peut-être nos mains voient-elles plus clair
dans la pénombre où bougent tant de commencements
de tant d'enfance.
Des lés plus jeunes que l'âge de qui voit
où nous sommes sans fin luisants dans le noir.


Pour une science ardue de nos obscurités :
le silence, la foudre, l'artère.
La force oiseau, calme flocon de braise
fascine les encres du gros temps,
parole de matin dans les gorges de pesanteur
elle tient en laisse la dispersion.
Ne plus poursuivre, laisser tomber les flocons de temps,
laisser neiger nos corps -
Aller par respiration plus que d'élan,
poumons ombreux dans la cage de lumière.


Dans l'arène osseuse l'opulence des reins.
En haut des mouettes croisent leurs cris
quand l'hégire bleue les déracine de mer.
Dans la paume de l'ombre le bivalve du couchant
la nacre de l'âme dans la chair forcée -
l'épave plus claire que l’œuvre.
Ici nous déposâmes nos noms.


La soif éclose aux vases d'embouchures,
poisson vorace dans la pompe des fruits.
L'huître à force de lenteur et d'essoufflements
dessine les nerfs gris de ses songes.
Cousus des rythmes du ressac et d'artères
nos temps putrescibles chantent
        magnifiquement !


Heureuse dispersion !
Fatale brisée de l’œil !
Dansent là-bas sur les faîtes de brumes
nos sangs chuchotés.
Nous avons fouillé la vague sous ses ronces
traqué des couchants célèbres et nous fûmes
serpents dans la fontaine de nos gestes.

 

Lorand Gaspar

09:18 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

18/06/2020

Venise au crépuscule

VENISE BLOG.jpg

 

        Venise au crépuscule, parle-moi,

        et que l'eau qui te fonde

        passe en sa paisible majesté

        soufflée sur l'huile du soir

        et que glissent tes bas bleus

        sous les pontons de bois allégé

        toi qui prends pour nous acte du monde

        frottée de doutes et de vouloir

        Venise où toutes formes chuchotent

        bavardent soliloquent et clignent

        comme les feuilles du tremble

        avant que l'air ne s'immobilise

        à même les reflets inquiets

        de la nouvelle lune

        parue là en condensé du temps

        dans le secret de la Figure

 

Daniel Martinez

06:19 Publié dans Variations | Lien permanent | Commentaires (0)

17/06/2020

"Né de la déchirure", textes de Michel Diaz avec 32 cyanotypes de Laurent Dubois, éd. Cénomane, 24/4/2015, 96 p., 18 €

Accoudé au balcon du monde, là où rien ne commence et où rien ne finit, sans âge mais sentant toujours le linge frais, le bleu regarde vers le Tout et les si longs lacis du temps qui en s'enroulant se déroule, chargé de silence et de nuit. Charriant une ombre éblouie de cristaux dont s'enveloppe le repos des astres.
Né des sources dont il s'inspire, il exhale de lui un long chant où le ciel s'ouvre comme un fruit sur le sommeil secret mais fertile des profondeurs, où sa voix se confond avec la flûte basse d'un oiseau nocturne, l'aboiement d'un chien à la lune, l'écho d'un pleur d'enfant, le murmure d'un Verbe qui s'est tu à jamais et ne subsiste plus que dans les lents remous de l'air.
Assis dans ces lointains, en bordure d'abîme, le bleu veille au foyer où le temps s'alimente et entretient sa braise sur laquelle, patiemment, il souffle.


Michel Diaz

09:04 Publié dans Arts, Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)