05/09/2020
"La forge froide de mars", de Daniel Klébaner, éd. Fata Morgana, 6 octobre 1986, 64 pages
La lanterne sourde
Enfant d'âge scolaire, je disséquais l'oursin. Je cherchais parmi les piquants et la substance amère, un point dont je ne parvenais pas à admettre l'existence, ni le nom : la Lanterne d'Aristote.
Toujours intrigué qu'"oursin" pût contenir un nom d'un autre ordre que celui de l'animal marin, je tentais cependant le rapprochement avec le falot, le fanal maritime.
Mais je donnais surtout un autre sens à "lanterne sourde". Au lieu d'être celle dont on peut cacher la lumière à volonté, elle devenait une manière de dire cette lanterne ursine.
Daniel Klébaner
10:06 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)
04/09/2020
Bestiaire : La Libellule, variations autour d'un dessin de Pacôme Yerma
Histoire de la Libellule
dessin à la mine de plomb de Pacôme Yerma
Ainsi que langues de l'éther
sur le ventre du coteau
en l'alchimie lente
que le profond déplace
elle est larve aveugle
mais libellule déjà
brodée d'un jaune de Naples
qui sonne comme un cristal
Elle est celle
que l'on approche d'un pas
pour tenter de surprendre l'invisible
bordant le limbe des feuilles
sous le flux dont Lucrèce parlait
entré en résonance
avec le monde de nos images
Printemps est là irrésistiblement
Celle dont les deux vies
n'en font plus qu'une
quand passant de l'état de larve
à celui d'insecte ailé
les deux éléments fusionnent
par le nimbe d'une blessure
d'où la Forme s'est extraite
par alliances successives
Là précisément
à partir d'une ligne fixe
la pellicule moirée de la peau
se déchire graduellement
laissant échapper le thorax
puis la tête avoisinante
une sphère aux yeux globuleux
pareillement les ailes se déplient
à mesure se déploient
éprouvent la pesanteur
sous la diurne rosée
tout un théâtre d'échanges
Signet d'écume posé
sur une tige de menthe
ou faux mouvement
de ce petit corps sec
qui de sa hauteur décrit
dans les vapeurs de l'eau
les déliés de l'écriture
d'une langue morte
où le sable et la cendre
auraient su conserver
nos impressions premières
les rides de l'univers originel.
Daniel Martinez
03:06 Publié dans Arts, Bestiaire | Lien permanent | Commentaires (0)
01/09/2020
Diérèse 79, clap de fin !
Bonjour à toutes et à tous,
A présent, je m'arrête pour ce numéro de Diérèse, sachant que je n'ai pas cité tous les participants ; et il n'est pas impossible que je diffère la publication de certains textes annoncés sur le blog pour la prochaine livraison, tant vous avez été nombreux à me solliciter, ce qui me donne chaud au cœur !
De même, je vais essayer de tenir les délais annoncés, ce qui ne sera pas évident, croyez-moi bien. Car du côté professionnel, les mutations s'accélèrent, le numérique gagne encore du terrain, pour ne pas dire qu'il devient envahissant, avec toutes les conséquences humaines que je vous laisse imaginer. Par contre, question horaires et investissement personnel, je ne suis ni dans l'aléatoire, ni dans le virtuel. Jongler avec ces éléments-là, avec les contraintes du corps social, étonnamment complexes ces temps-ci, sous des relents de crise sanitaire, où le risque de dérapage médical est constant. Nous sommes entrés de facto dans une ère hygiéniste, où le fameux virus est devenu le maître du monde. Le Groenland peut bien fondre, la forêt amazonienne brûler à petit feu,... qu'importe. Restons sous cloche, regardons la télé et méfions-nous les uns des autres !
... La poésie dans tout cela ? A l'évidence, elle n'a pas beaucoup de place dans la marche du monde ; elle est pourtant essentielle et j'ajouterai souveraine, car elle n'a pas besoin de se calquer sur des modèles imposés, des voies tracées d'avance. Cette liberté est première, vitale. La poésie est en constant renouvellement, plus active et créative que jamais, comme je me suis attaché à le montrer avec les livres cités pendant cet été 2020, ouvrages qui sont ceux de ma "bibliothèque" si je puis dire, une partie étant délocalisée, voire stockée dans des cartons, faute de place.
Nous nous reverrons à Paris, entre le 21 et le 25 octobre j'espère. C'est pour bientôt donc. Je vais être à présent être plus discret sur le blog, manquant cruellement de temps... mais dès que j'ai un moment, je l'alimenterai, promis. Et merci pour votre fidélité, qui m'est chère.
Amitiés partagées, Daniel Martinez
04:25 Publié dans Diérèse 79 | Lien permanent | Commentaires (0)