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06/11/2020

"A chaque pas", Bertrand Degott, éditions L'Arrière-pays, mai 2008, 40 pages

Si mon regard n'y voit rien que du flou
j'entends le vent qui remue dans les chênes
rouvres - je te l'envoie, ce grand souffle où
tu mets des mots, pour les heures prochaines


et pour déjà t'y retrouver - ta voix
où c'est toujours la lumière et la houle
dans les hauts peupliers, et les convois
d'oiseaux tels que nos émotions en foule

- ta voix ne suffit plus... je veux ton corps
à présent, ton regard et ta présence
qui remette en accord les désaccords
du jour, et qu'en ce va-et-vient de branches


en haut, dans cet immense mouvement
il soit permis d'aimer lucidement.

 

Bertrand Degott

02:00 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

04/11/2020

"Strette", de Paul Celan, Mercure de France, septembre 2004, 210 pages

Aile la nuit, de loin provenue, que voici
ouverte pour jamais
sur calcaire et craie.
Le silex, au tréfonds, qui roule.
Neige. Puis encore de ce blanc.


Non visible,
ce qui brun apparut,
couleur de la pensée, et sauvagement
envahi de mots.


Calcaire, oui, craie.
Et le silex.
Neige. Puis encore de ce blanc.


Toi, toi-même :
en l’œil
autre gîté, qui
l'enveloppe de haut.


Paul Celan  (1955)

trad. André du Bouchet

NEIGE BLOG.jpg

22:36 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

"Une voix qui mue", de Camille Loivier, éditions Potentille, juin 2019

j'ai appris la langue chinoise comme
une langue silencieuse je ne cherchais
pas à parler j'ai fui la langue de mes pères
et mères vers d'autres mais
aucune ne disait ce que je pensais
j'ai cherché une langue
qui ne se parle pas, qui se caresse seulement
qui se retient aux branches, j'ai vu
les caractères d'écriture comme des
consolations à mes paroles rentrées
- il existait une langue pour elles -
une langue qui accepte donc que l'on
soit muette que l'on ne puisse parler
qu'à soi-même à voix basse

pendant des années je me suis
accrochée à cette langue passée
comme à une langue qui n'avait
jamais demandé à être parlée mais
seulement écrite elle n'était
pas inaudible elle avait ses bruissements
inquiets de feuilles séchées, de marrons qui tombent
de terre qui se fendille que l'on retourne et tasse


Camille Loivier

 

Danseuses ép.Tang.jpg

 

22:21 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)