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27/12/2020

Présence de Pieter Bruegel l'Ancien

BRUEGHEL L'ANCIEN.jpg

La Chute des anges rebelles


Le ciel s'est ouvert,
des nuages s'amoncellent.

Pourpre crépuscule où jouent des feux-follets ;
blanc halo avalant les nuits du Paradis.

L'œil céleste de l'Archange pourfend
d'infernales créatures.

Chute ou bien songe.
Outre de diodon
ou ombres de Démon ...

Outre-monde cousu d'apocalypse.
"Anges rebelles" chassés des cieux :
fracas de lueur et de trompettes.

Retentissent la voix de Lucifer,
le silence de Michel
en un "miroir de limbes"*.


Paul Cabanel

___________

* "Le miroir des limbes" regroupe "Antimémoires et "La corde et les souris" d'André Malraux

* * *

Nuit de lune noire sur La Chute des anges rebelles (1562)
précipités hors du Paradis, peinte par Pieter Bruegel l'Ancien:
ceux de saint-Michel triomphant depuis le haut de la toile
de créatures hybrides encloses dans leur ombre.

L'une s'ouvre le ventre empli de crânes de nouveau-nés
l'autre déploie des sortes d'ailes qui sont valves de moule
lambeaux et confetti, plumes folles
cris perdus d'un ancien cauchemar
où le ciel coupe-œuf du bout des lèvres aurait craché
le hoquetant haletant nombril-entonnoir de Satan.

La défaite consommée, ne plus toucher du regard
que l'illisible criquetis des scarabées
gravant à leur manière
les angelures inconscientes
qui traversent le monde.

L'armoire avait trois portes longues
et sa poignée de verre biseautée faisait sienne
l'immensité de l'air, à son échelle.

Depuis le fond de l’œil une jetée d'abeilles 
ouvertes aux grandes heures de l'Alchimie,
au glauque voluptueux.


Daniel Martinez 

21:29 Publié dans Arts | Lien permanent | Commentaires (0)

26/12/2020

Présence de Sébastien Stoskopff II

Nature de Stoskopf  2.jpg

Nature morte au réchaud, aux piverts et au baquet


Un miroir en réponse au liséré de l’œil
que la carpe enfouie dans le baquet profond
change en un éclair, dans l'étroite cellule
où se débat la vie, lustrale :
le peu d'or qu'elle recueille indique bien
que la douce membrane de l'eau
percée d'une main leste annoncera sa fin,
l'outrage des chairs grésillantes piquées d'aromates.
Derrière le maillage précis de l'écaille
l'extrême transparence touche à l'oubli de soi,
à la folle pirouette, sur le méplat du ciel,
à cette synthèse du commencement et de la fin :
deux piverts morts, enroulés à l'ourlet de ta voix,
mosaïque des verts - l'art du point final
en prise avec la matière du temps
logé au creux de nos ongles.

Avec le réchaud respire l'ombre liquide
les vapeurs filigranent ce qui frémit :
un artichaut sur le plat d'étain
cache sous ses feuilles quelqu'exquise façon
de lier le goût à ce qui sourd,
nos attentes, nos faims, nos désirs mêlés.


Daniel Martinez

21:25 Publié dans Arts | Lien permanent | Commentaires (0)

Présence de Sébastien Stoskopff I

stoskopf.jpg

Nature morte aux livres et à la chandelle

 

Sur les ailes grandes ouvertes du livre
une histoire entre mille
la poussière d'une aventure
qu'une gravure de Jacques Callot fige
dans l'espace circonscrit :
par les collines au long desquelles
le sable des caresses a fait son lit
un paysan esseulé inscrit sa silhouette.

Ah ! les coulisses qu'à libérées
l'aurore en son cortège campagnard
quand les cieux consentent
à reprendre haleine
comme l'herbe sous l'alisier :
là même, si quelque piste se donne à lire
quand l'homme revient à son histoire,
au filon minéral, aux sédimentations d'en bas.

Non loin de la baie se résout
l'ultime avancée de l'instant
l'éclat rouge sombre de la mèche se confond
au corps de la chandelle qui a sué
éteinte depuis peu,
cheveu de sel sur la précaire beauté du monde
-
ce qui vif demeure
après la parenthèse d'un souffle.

Daniel Martinez

07:37 Publié dans Arts | Lien permanent | Commentaires (0)