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09/02/2020

Isabelle Lévesque, à lire in Diérèse 78

C’est un vœu fabuleux 


Une île au loin, et son reflet se perdent
dans le brouillard.
Tu te retournes,
je te devine.

L’ombre porte une charge plus lourde.
Elle se dissipe et scelle
l’énigme.
Le reflet façonne une figure éphémère.
8 heures. La Seine coule douce. Apparence...


Isabelle Lévesque

 

PIROTTE Enveloppe.jpg

Gouache de Jean-Claude Pirotte

 

08/02/2020

Jacques Lucchesi, avec "Mathilde et Clotilde" sera des nôtres in Diérèse 78

Mathilde et Clotilde

     Clotilde – c’était son prénom – était bien plus que la sœur de Mathilde : c’était sa sœur jumelle. De vraies jumelles homozygotes nées le même jour à deux heures d’intervalle ; Clotilde étant la première à être venue au monde, alors que j’avais toujours cru jusque là qu’elle était la sœur cadette de Mathilde. Si, de prime abord, les deux sœurs se ressemblaient indiscutablement – même couleur de cheveux, même peau mate, même ovale -, d’autres détails de leur physionomie les distinguaient tout aussi sûrement. Clotilde était légèrement moins grande que Mathilde, d’une constitution plus fine aussi. Son nez était plus effilé et ses jambes moins musculeuses, sans doute parce qu’elle faisait moins de sport que Mathilde. Elle ne portait pas de lunettes - ce qui laissait facilement entrevoir l’éclat de ses yeux couleur noisette – et souriait plus spontanément que sa sœur. Avec la dentition blanche et régulière qu’elle possédait, elle aurait d’ailleurs eu bien tort de s’en priver. Une autre différence résidait dans leurs voix. Si celle de Mathilde était pondérée avec des intonations tendant vers le grave, celle de Clotilde était plus rapide et plus flutée, avec une tendance à monter dans les aigus. Et toutes les trois ou quatre phrases, elle étayait ses propos par un léger rire enfantin. Sa façon d’être, enjouée et séductrice, agaçait visiblement Mathilde. Et elle ne se privait pas, malgré sa charité chrétienne, de lui rappeler qu’elle avait arrêté sa scolarité au baccalauréat pour vivre depuis de travaux de secrétariat. Clotilde n’était pourtant pas inculte, loin de là. Mais ses goûts la portaient vers des romans psychologiques et sentimentaux, aux antipodes des ouvrages d’érudition qui constituaient les lectures quotidiennes de Mathilde.

     Côté cœur, Clotilde avait eu, contrairement à Mathilde, une vie plutôt  mouvementée. ...


Jacques Lucchesi

Jacques Merckx, à découvrir in Diérèse 78

Le Viaduc

Le viaduc Merckx D 78.jpg

-1-


À la nuit tombée, une ville émergeait de la ville, sous le viaduc, entre les piles graffitées, dans la rumeur blafarde des véhicules encerclant d’étranges noctambules.
C’est à cet endroit que Billy l’Ortolan avait vu le jour.

-2-

À moins d’une heure des monuments et des immeubles habités par des êtres résignés, une nuit, Billy avait été convié à une fête. Entre les piles du viaduc, on jouait à la pétanque, des enfants lançaient leurs voitures téléguidées sur une piste d’herbe et de sable, des hommes vêtus de cuir exerçaient leurs chiens munis de muselières, des jeunes gens jouaient de la guitare d’autres chantaient. Ou, plus loin encore d’autres allumaient des feux de Bengale qui rivalisaient avec les étoiles lointaines. Tu viens, Bill ? C’est comme ça qu’André avait conduit Billy à la fête.

 

-3-

Magda avait les crocs, elle s’était blessée la bouche sur une boîte en fer blanc qu’elle avait tenté d’ouvrir avec les dents. Était-ce du sang qui coulait de sa bouche ? André avait attrapé la femme avec ses bras, qu’il serrait sur elle. La lumière du ciel faisait ressortir les tatouages que le colosse avait fait graver sur ces bras, dans la forêt des poils bouclés...


Jacques Merckx