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05/02/2020

Un entretien de Bruno Sourdin avec Philippe Lemaire, à lire in Diérèse 78

    Bruno Sourdin :

    Comme tu viens de l’expliquer, tu as « découvert » l’art du collage avec les Imaginaires de Prévert (son album des « Sentiers de la création » chez Skira). Mais il y a aussi Max Ernst. Je trouve la filiation très pertinente : ses collages sont très oniriques, ils nous font pénétrer dans le monde du merveilleux en détournant les images. Ils ont beaucoup à voir avec la poésie. Comme les tiens. Avec les surréalistes, tu partages ce plaisir de l’imagination et du rêve ?

    Philippe Lemaire :

    Avec les surréalistes, j'ai partagé d'abord un sentiment de révolte contre l'état du monde et l'idée de lier la lutte contre les forces d'oppression aux aspirations les plus profondes de l'être humain. Pour moi, le surréalisme n'est pas une esthétique. C'est cette vision émancipatrice, qui vise à libérer l'imagination et à permettre à chacun de donner librement une incarnation artistique à son monde intérieur. Mes premiers pas sur « les sentiers de la création », avec la découverte du collage en tant qu'expérience personnelle, s'inscrivent dans cette vision. Sans doute mon passé d'enfant rêveur confronté aux manifestations autoritaires du monde adulte m'a-t-il rendu particulièrement sensible à la question du rêve, que les surréalistes associent à celle de la liberté de l'esprit...

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... avec sept collages inédits de Philippe Lemaire

04/02/2020

Michel Passelergue nous accompagnera dans Diérèse 78

5. RÊVERIES, PASSIONS

Ce matin, la lumière s’ouvrait dans le sens de la hauteur. Bruissant devant la foule inquiète et ses remous, augural – notre théâtre attendait. Tout en émotions feutrées, intuitions à mi-voix. On frôlait l’imprévisible, l’instant nodal. Porté par le courant et la rumeur, j’atteignis les derniers gradins dans la pénombre. L’orchestre, à marée basse, imaginait. Des rêveries allaient s’obscurcir, un orage déferler sur les pupitres et la baguette étinceler au point d’éveiller, entre vif-argent et langue de feu, le plus pur silence magnétique. Oui, je la voyais déjà. Ophélie, à jamais lumineuse. Sa seule présence au balcon avait consumé plusieurs années sans oxygène. Je revivais. Son retour se doublait de cantiques crépusculaires, sous un glas étouffé. Après un dernier bal de lumière et d’écume, dans le vent caressant du plein midi, je la rejoignis. Le public se dispersait. Elle sourit, radieuse. Quelques mots échangés, puis vivement : "Nous attendons des invités." ...


Michel Passelergue

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03/02/2020

Des pages inédites de Claude Pélieu, extraites de son Journal (1983/84).

La vie affiche COMPLET sur des paysages qui n'existent pas...


Vingt années balisées de gâchis, de suicides, d'accidents, de ratures, de bavures, de tragédies, de maladies, d'échecs et de miracles.
Vingt années traversant la nuit de jade.
Déploiement de signes dans le rétroviseur-temps.


Rue Arp, rue Léger, rue Miró, rue Calder, rue Picabia, rue Prévert, rue Ginsberg sablée de nostalgie...


Résumer. Représenter.
Discours. Création ?
Le poète enfin libéré de la poésie en question.


La violence ne marque pas de temps d'arrêt.


Le con instruit jouit comme un rat.
La lumière se convulse.


Le discours, ce "trou de mémoire béant" (J-J. Lebel) a dominé les avant-garde les plus craignos de toute l'histoire du XXe siècle...


Claude Pélieu