29/08/2020
Vincent Courtois enrêve Diérèse 79
Songe
1.
Un éclair vient rompre
Les gestes épuisants
Impuissants à donner forme
Trouble du langage
Clarté des silences
Confusion des métaux
Le filon d’or dans la jungle des jungles
L’arrière-plan d’un pays
Déserté par les arbres
L’accélération des procédures
Et leur morsure
La morsure des procédés
Leur murmure
Dans un souffle
Une âme hantée par le sommeil
Pétrifiée par le monde
Nous passons de refuge en refuge
Un lien précise notre attachement
À un lieu
Un soupçon naît
Objet de tous les soins
Refuge de la pensée, revirement
Nous apprenons les théories
Trouvant mille réponses
À deux ou trois questions
Vincent Courtois
Collage de Vincent Courtois
09:11 Publié dans Diérèse 79 | Lien permanent | Commentaires (0)
28/08/2020
Votre serviteur, in Diérèse 79
♦
Tombeau de ma mère
II
Le temps n’est qu’une fable
Nous échouons tous disait-il sans cesse
aux minutes dégouttant
des venelles de l’enfance
ou des mains des drapiers
le reste à se confondre
aux sueurs de la fleur élue
saisons rites hérités
en palper l'étoffe
Mère des yeux
à même l'écume de mes songes
chante ta bouche apaisée
avec la monotonie des grillons
l'ardeur de la chaux l'été
prend couleur d'eau claire
et virent tes mains dans le puits
pour y ramener l'âme
l'âtre lent
d'une grenade à la peau de soie
sur la margelle
Les buissons continuent de crisser
et la brise se démantèle
entre les toits des granges
je suis là où tu n’es plus
que fins gravats tremblés
un brouillard de violettes
logent dans ton front
l'antique traversée
Daniel Martinez
07:48 Publié dans Diérèse 79 | Lien permanent | Commentaires (0)
Daniel Abel, en majesté, dans le numéro 79 de Diérèse
Saint-Cirq-Lapopie
Avant le petit jour, quelles mains affairées déposent mystérieusement en bordure de la route principale, par les ruelles pavées du village, des trémières dont les corolles s’ouvrent à la lumière matinale, étageant leur magie : blanc d’ivoire, jaune safran, lie de vin, violet améthyste, bleu azur, rouge carmin… les trémières, à chaque carrefour du village, au bord de la falaise, au terme du terre plein qui jouxte la maison du poète, penchées sur le vide… le poète, filet en main, pourchassant, aux ailes chamarrées vibrant dans le solaire, des papillons.
Au soir, quand le village s’enfonce dans le silence, les vieilles pierres se parlent. Les hirondelles ont déserté les nues, regagné le coffre de bois ouvragé, à un angle de la "chambre aux oiseaux". Leur succèdent les noctuelles, au vol floconneux, échappées des ruines du château, sur le promontoire.
Un ver luisant, "diamant de l’herbe", à l’orée d’un buisson, en appelle à l’étoile. Les Grands Transparents se parlent par la bouche des trémières. Ils évoquent les temps heureux de l’amour courtois. Chaque chevalier, à ses côtés l’élue de son cœur, chaque corolle des trémières, murmurent "je vous aime je vous aime".
Daniel Abel
06:59 Publié dans Diérèse 79 | Lien permanent | Commentaires (0)