Diérèse 79 : avec Alain Fabre-Catalan

DANS LA DOUBLE VOLÉE DU CHANT

                                  Les Poètes n’allument que des Lampes
                                  Eux-mêmes – s’éteignent –
                                  Emily Dickinson

 

à l’envers des saisons
ton visage se noie
pareil au fleuve emporté par les crues,
d'un geste précipitant ta chute dans le poème –

foulé au pied, le miroir de la nuit
paresse le long des toits.

Passeur de mots, donneur de vie,
il suffit d'un feu d'air pour délier la foudre
parmi l'éclatant silence de l'été –
la cime est ton rivage
dans nos larmes démasquées

j’ai vu la barque
qui sommeille à la fourche du fleuve.

 

Alain Fabre-Catalan

Sophie Grenaud, des nôtres in Diérèse 79

Derrière le miroir tremble le monde

Vouloir plonger – I –

 

Désirer le saut
redouter la chute

désirer le saut
retenir la chute

désirer le saut
oublier la chute

sauter chuter tomber
voler
voler en chute

plonger comme foncer tête baissée
se précipiter
en chute
en avant

plonger comme tomber de haut
au bas plus haut que le vrai bas de tout en bas

plonger bras tendus bras ouverts bras devant droit devant

 

Encre de Sophie Grenaud

Isabelle Lévesque essaime dans le jardin de Diérèse 79

Ce qui serait

Plume ou l’épée, tranchante vallée
dévalée, toute allure dépassée. Empoigner,
point de détail, ce qui serait
une lampe.

Ronde. Docile. Bougie,
pour les chevaliers
qui rattrapent le temps
– l’enjambée.

 

Isabelle Lévesque