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07/01/2017

Jean Rousselot nous parle de Pierre Jean Jouve

 

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                             18/10/99

Cher Daniel Martinez

d'abord, merci pour le don de Ligne après ligne, fort bon poème qui, curieusement, fait écho à mes lignes, titre de toute une série inaugurale à mon nouveau recueil*(1). Acceptez en échange A notre actif, ci joint, et, bien sûr, le voir publié dans Diérèse me ferait plaisir...
Ce qui est agréable dans ce numéro 7, c'est la diversité des voies et des voix (sans oublier vos dessins...) qu'il propose au lecteur. On ne s'endort pas chez vous !

Sur Pierre Jean Jouve, sa vie, son oeuvre, le mieux serait que vous vous reportiez au Poète d'aujourd'hui qui lui fut consacré (chez Seghers), au chapitre P. J. Jouve de l'Histoire de la Poésie française de Robert Sabatier (Albin Michel (8e tome). Je l'ai peu rencontré, une seule fois à vrai dire. Il vivait dans un immeuble plutôt cossu, vers l'église d'Alésia. Sa femme (la seconde) était médecin psychanalyste. Comme il avait des droits d'auteur sur ses romans (de l'un, Paulina 1880, on a fait un film) le ménage ne "tirait pas le diable par la queue". L'homme était plutôt austère - comme son cabinet de travail - et me posa cette question "marrante" : Entre nous, Eluard, vous aimez ça ? Toujours des femmes, des fleurs et des petits oiseaux. Je crois qu'il ne respectait pas grand monde, hormis Reverdy.
Je n'arrive pas à retrouver l'adresse de Couffon. Le mieux serait de lui écrire a/s Gallimard.

                         Bien amicalement à vous

                                                             J Rousselot 

* Vous figurez dans mon S.P., qui devrait être posté très prochainement par l'éditeur

(1) l'édition de ce livre annoncé "Est resté ce qui l'a pu", éd. Autres Temps, coll. Poésie, connut quelque retard, la parution eut lieu en 2002, le poème dont s'agit, A notre actif : p.65.

03/01/2017

Jean Rousselot/ Paul Bowles

Ici reproduite, l'une des toutes premières lettres que m'écrivit Jean Rousselot. Est citée la revue "Le Dernier Carré" qu'il a dirigée, regrettant au passage d'y avoir toujours été de sa poche (les temps n'ont certes pas changé). Le jeune Paul Bowles, musicien de formation et qui faisait alors ses premières armes en poésie, lui avait confié la publication d'un de ses poèmes. De l'auteur des "Moyens d'existence", cette missive :

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                                                                17 août 99

                                              Cher poète,

Vous trouverez ci-joint les premières pages du n°7 du Dernier carré contenant le poème de Paul Frédéric Bowles - et, ma fille ayant cru devoir aller plus loin dans son photocopiage, une étude de moi qui me valut la reconnaissance de Pierre Jean Jouve. 
Reproduisez ce que vous voudrez dans Diérèse. Rien à voir avec le "photocopillage" devenu le pire ennemi des éditeurs et des auteurs...
Non, Le D. Carré n'a pas publié d'autres textes de Bowles. J'ajoute que ce poème est le seul de lui que je connaisse en version originale ou en traduction.
Comme je vous l'ai dit, c'est au cours d'une tournée de conférence au Maroc que j'ai découvert Tanger et rencontré Bowles. J'ai séjourné plusieurs fois au Maroc, à titre privé ou comme chargé de mission à l'Alliance Française ou les Affaires Étrangères (toujours afin d'y parler de notre poésie...) Je ne connais pas la Tunisie et le regrette beaucoup. En revanche, l'Algérie m'a été familière (en particulier la côte oranaise) entre 1946 et 1962 et j'y ai eu de bons amis, de Mohamed Dib à Camus, de Roblès à Féraoun.
Mon Esquisse d'un tombeau pour Federico Garcia Lorca a paru pour la première fois dans mes Odes à quelques-uns, éditées par le Méridien, petite maison qui a disparu... On a retrouvé le texte, légèrement modifié, dans Les Moyens d'existence, gros volume rassemblant l'essentiel de mes poèmes 1934-74, préfacé et "lancé" par Alain Bosquet en 1976 aux éditions Seghers.On doit pouvoir se procurer le livre, via Laffont-Fixot qui a avalé Seghers et un bon libraire !

Précision : ce poème, accompagné d'une musique de Max Pinchard, fut créé sur les ondes de la Radiodiffusion nationale. La récitante était Germaine Montero, célèbre interprète de Lorca. L'orchestre et les chœurs étaient ceux de ladite radio-nationale, pas encore morcelée en plusieurs chaînes. C'est long : 16 minutes ! On a récidivé cette transmission et on l'a mise en scène à Rouen avec une nouvelle musique de Pinchard. L’œuvre a été également donnée en oratorio à plusieurs reprises en banlieue parisienne et ailleurs.
Non, à ma connaissance, pas de stèle im. Lorca. Claude Couffon, spécialiste qui a pris le relais de Marcelle Auclaire (sic) en sait peut-être davantage. J'ai égaré son adresse et vais la rechercher.
Bien cordialement à vous

                                                                        Jean Rousselot  

12/10/2016

Une encre inédite de Jean Rousselot

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Certainement parmi les meilleures œuvres graphiques de Jean Rousselot, ces encres de Chine qu'il peignait en les affinant à la pointe d'un stylo ou à la plume sur du papier glacé pour accentuer les contrastes. Le hasard le guidait, comme dans ses collages d'ailleurs, où il laissait retomber en pluie des images découpées dans des magazines divers.

Touchant ici à la majesté de certains Mouvements de Michaux, avec la force de ses cauchemars - car il en avait - dont certains ont été racontés dans Minimes, aux Deux-Siciles. Sa métaphore : le monde comme une échelle, à chacun sa façon de gravir chaque barreau, l'un après l'autre, jusqu'au dernier. Mais après ?

*

L'herbe poussiéreuse des accotements
et sur leurs tiges grêles
les larges éventails des fougères
un jeu de lignes qui ondulent
sont clés pour le silence

Une empilade de fagots secs
sous le vieil escalier de pierre
dont les marches évidées par les pas
conduisent à la pièce qui sent le sur
la peau de gants l'intérieur
des malles longtemps fermées

Une nuée sombre ballonne à l'horizon
vivantes chairs tout contre quoi
s'appuie la vie tant bien que mal


Ici et là des arbres somnolent
entre le grand et le petit bras de la rivière
laissent passer les vignettes des nuages


et l'eau des mains s'échappe
comme la petite musique des mots
s'éteint à mesure la pesanteur
d'une inquiétude saturnienne

                           Daniel Martinez