241158

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/07/2016

Margherita Guidacci (1921-1992), traductions inédites

Canopo

Guardo il fulgore di Sirio e mi chiedo
se il tuo, che dicono gli somigli
nell'altra metà del cielo, potrò mai
contemplare con questi occhi di carne,
o soltanto il pensiero, discendendo furtivo
come fa ora, lungo il meridiano,
t'inseguirà in quel mare
sconosciuto per me, eppure amato,
dove guidi in silenzio la tua prua,
nocchiero astrale, Canopo.

                        Margherita Guidacci


Canope

Je regarde l'éclat de Sirius et je me demande
si je pourrais jamais
contempler de mes yeux
le tien que l'on dit semblable
dans l'autre moitié du ciel,
ou si ma pensée, descendant furtivement
comme maintenant, le long du méridien,
sera seule à te suivre sur cette mer
inconnue de moi, et pourtant aimée,
où tu mènes en silence ta proue,
Canope, pilote astral.

                    trad. Bruno et Raymond Farina

 * * 

Meteoro d'inverno

Stelle fugaci, delfini del cielo,
con voi viaggia la mia anima,
un guizzo luminoso nelle onde
turchine della notte,

verso i lontani amici desiderati
che forse scorgono il segno, e pensando
con la mia stessa nostalgia
a dolci ore passate insieme

pregano ci sia dato un nuovo incontro,
ed è già esaudimento la preghiera :
il simultaneo affetto, nella scia della stella,
ci stringe in un abbracio immateriale.

                                         Margherita Guidacci

 

Météore d'hiver

Etoiles fugaces, dauphins du ciel,
avec vous voyage mon âme,
brève lueur sur l'eau
bleu sombre de la nuit,

vers des amis lointains et désirés,
qui peut-être discernent le signe et, en pensant
avec la même nostalgie que moi
aux douces heures passées ensemble,

prient pour que nous soit donnée une nouvelle rencontre,
et leur prière s'exauce d'elle-même :
un élan simultané, dans le sillage de l'étoile,
nous réunit en une immatérielle étreinte.

                               trad. Bruno et Raymond Farina

19/02/2016

Un prosème, inédit en français, de Katherine Mansfield

Les poèmes de Katherine Mansfield sont à peu près inconnus en France ! Quelle est, d'après vous, la cause de cet "oubli" ?... Seule une sélection de ses poèmes en vers a été éditée par Arfuyen (Poèmes, 1990). Ce texte-ci, dont la traduction est inédite en français, a été initialement publié dans un magazine de Dundee, "Triad", le 1er juillet 1908.



Study :  The Death of a Rose


     It is a sensation that can never be forgotten, to sit in solitude, in semi-darkness, and to watch the slow, sweet, shadowful death of a Rose.
     Oh, to see the perfection of the perfumed petals being changed ever so slightly, as though a thin flame had kissed each with hot breath, and where the wounds bled the colour is savagely intense… I have before me such a Rose, in a thin, clear glass, and behind it a little spray of scarlet leaves. Yesterday it was beautiful with a certain serene, tearful, virginal beauty ; it was strong and wholesome, and the scent was fresh and invigorating.
     To-day it is heavy and languid with the loves of a thousand strange Things, who, lured by the gold of my candlelight, came in the Purple Hours, and kissed it hotly on the mouth, and sucked it into their beautiful with tearing, passionate desire.
     . . . So now it dies . . . And I listen . . . for under each petal fold there lies the ghost of a dead melody, as frail and as full of suggestion as a ray of light upon a shadowed pool. Oh, divine sweet Rose. Oh, exotic and elusive and deliciously vague Death.
     From the tedious sobbing and gasping, and hoarse guttural screaming, and uncouth repulsive movements of the body of dying Man, I draw apart, and, smiling, I lean over you, and watch your dainty, delicate Death.   

                                                        Katherine Mansfield
                                                       
© Oxford University Press, Poems of Katherine Mansfield, 1988

* * *

Etude :  La mort d'une rose


     C’est une émotion qui ne se peut oublier, de s’asseoir et, dans la solitude, dans la semi-obscurité, regarder la lente, la douce mort d’une rose, en son ombre souveraine.
     Oh ! voir la perfection des pétales parfumés muer à mesure si délicatement, comme une fine flamme qui embrasserait chacun d’eux d’un souffle chaud et dont les blessures rougissent de façon sauvage et intense. J’ai devant moi pareille rose, dans un mince et clair miroir et derrière elle un petit bouquet de feuilles écarlates. Hier c’était beau, d’une évidente beauté, sereine, triste et virginale ; c’était émouvant et sain, et le parfum était frais et vivifiant.
     Aujourd’hui l’heure est pesante et languissante avec les amours d’un millier de Choses étranges qui, charmées par l’or de la lumière de ma bougie, viennent dans les Heures Pourpres et les embrassent vivement sur la bouche et fondent sur leurs belles lèvres avec déchirement, avec passion.
     … À présent donc, elle meurt… Et j’écoute… au-dessous de chaque pétale chu gît le fantôme d’une mélodie morte, aussi fragile et suggestive qu’un rayon de lumière sur un étang ombragé. Oh ! douce et divine rose. Oh, mort exotique, insaisissable et délicieusement vagabonde.
     Loin des sanglots et des halètements détestables, des hurlements gutturaux et des mouvements grossiers et repoussants du corps d’un homme passant de vie à trépas, je m’écarte puis, souriante, je me penche sur vous et regarde votre élégante, délicate mort.

                                              traduction de Viviane Thévenet

 

DESSIN DM.jpg
Azuretti, Daniel Martinez

13/02/2016

Poésie roumaine I : Magda Cârneci

Née le 28 décembre 1955, à Bacàu. Après ses études d'histoire de l'art, Magda Cârneci travaille comme chercheur à l'Institut d'Art de Bucarest :

roue, rubis, tourbillon

roue, rubis, tourbillon
la neige l
umineuse de tes lèvres m'accompagnait
                                           à
travers le jardin
là même où je n'ai entrevu ni homme ni femme
seulement la lueur d'un lever-crépuscule
enfin engloutie par ta douceur sans fin
frémissement à travers les feuillages
là où il n'y a enfin personne       personne
seulement un arôme envahissant
et les doigts quittés sur la rive

est-ce que ce monde sera enlevé sur des ailes ?


                              
Magda Cârneci traduite par
                                                                      Alain Paruit