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12/06/2020

"L'Éclat", de José Ángel Valente, traduction de Jacques Ancet, éd. Unes, 28/7/1987, 750 ex

L'extrême étendue de la nuit
comme un inextinguible
couteau.

Idée de l'aube.
                       Nous ouvrîmes tes entrailles.
Tu nous en éclaboussais comme la pluie
pendant que je les buvais
comme des oiseaux vivants.

José Ángel Valente

BLOG DHAINAUT 3.jpg

La longitud extrema de la noche
como un inextinguible
cuchillo.

Noción del alba.
                          Abrimos tus entrañas.
Y tú las salpicabas como la lluvia
mientras yo las bebía
como pájaros vivos.

José Ángel Valente

09/04/2020

William Carlos Williams (1883-1963), traduit par Yves Peyré

Landscape with the fall of Icarus



          According to Brueghel 
          when Icarus fell
          it was spring


          a farmer was ploughing
          his field
          the whole pageantry


          of the year was
          awake tingling
          near


          the edge of the sea
          concerned
          with itself


          sweating in the sun
          that melted
          the wing's wax


          unsignificantly
          off the coast
          there was


          a splash quite unnoticed
          this was
          Icarus drowning

 

          William Carlos Williams

 

Paysage avec la chute d'Icare

 

          Selon Brueghel
          la chute d'Icare
          ce fut au printemps


          un fermier labourait
          son champ
          tout l'apparat


          de l'année se tenait
          en éveil sonnant clair
          près


          du rivage marin
          replié
          sur lui-même


          peinant sous le soleil
          qui fondait
          la cire des ailes


          de nulle portée
          loin de la rive
          ce fut


          tout à fait inaperçue une gerbe
          d'écume
          Icare qui sombrait



Ce poème de William Carlos Williams est extrait de Pictures from Brueghel and other poems (New Directions, New York, 1962).

22/12/2019

"Les yeux noirs", de Gu Cheng, traduction d'Isabelle Bijon et Annie Curien, éd. du Peuple, mars 1986 (Pékin)

La venue


ouvre donc la fenêtre et caresse les tourbillons d'automne
les jours d'été sont une tasse de thé fort enfin éclairci
il n'y aura plus de cauchemar ni d'ombre lovée
mon souffle est nuage et l'espoir chant


ouvre donc la fenêtre et je viendrai
tes cheveux noirs s'éparpillant sur un ciel limpide
sur le faîtage sonore les hommes et les drapeaux fragiles
vont à petits pas sans soulever de poussière


je suis arrivé tu n'attendras plus amèrement
il suffit de fermer les yeux pour trouver tes lèvres
il était une barque flottant des sables du rivage vers la falaise
les rayons du soleil s'inclinaient tels des rames plongées dans les rêves


il n'y a pas de roi suprême pas d'âme suprême
tu es mon épouse ma vie impérissable
je dirai dans ton sang toutes les choses du lointain
le monde est une nécropole que scellent les voix du souvenir

août 1982
Gu Cheng