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10/07/2020

"Cortège pour le corbeau", de Robert Marteau, éd. Calligrammes, 4 dessins de François-Marie Griot, 11/10/1991

9

La peinture bleue
dont le soleil se teint,
la braise d'érable
dont il fait son feu,
le diadème
que deux serpents composent,
l'ove, la corne, la crête,
l'extase,
nul ne les a vus
qui ne les voit en soi-même.

 

10

Il n'y eut pas d'abord
un souffle, un signal,
un commencement. La mue
et la mutation, du centre
vers les rives, et la chute
et le retour, à l'infini
constituent le présent,
sur le fuseau le fil
qui d'un même mouvement
s'enroule et se dévide.

 

Robert Marteau

11:19 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

09/07/2020

"Des nuages et des brouillards", Emmanuel Hocquard, éd. Spectres Familiers, été 1985, 40 pages, 60 F

Lucrèce écrit que les maladies se propagent "comme les nuages et les brouillards (nubes nebulaeque)"


La rumeur des livres est dans ce remous. Circulation des traces, d'un lecteur à l'autre. Une morsure réitérée. Un remords.


Pour celui qui est dans la rumeur des fables, la rumeur du monde est un fablier. Un recueil de légendes. Pour celui qui est dans la rumeur du monde, la rumeur des livres est du vent.


Celui qui écrit a une oreille dans la rumeur du monde et une oreille dans la rumeur des livres. Sa tête est pleine d'échos et de songes creux. En écrivant, il cherche le silence. Il porte seulement sa part de vent au moulin des rumeurs.


Celui qui lit est dans le brouillard. Il se guide sur des échos. Il prend des vessies pour des lanternes.


Celui qui lit a un œil sur le monde et un œil sur la fable. Il n'y voit que du bleu. Son œil est une oreille qui recueille le bruit de l'océan dans un coquillage vide.

 

Emmanuel Hocquard

08:02 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

08/07/2020

Au refuge des Mattes

Parpaings de lave rouge
et quartiers de basalte
sous les hématomes d'encre pâle
que disperse l'orage
tout s'arc-boute
et cette eau qui ligne à ligne
grave les traces du passé
a confondu le nôtre
aux derniers degrés du sommeil
nous les avons conduits à bien
images floues sons ouatés
ce furent les dernières
coordonnées de l'ombre

percée vive par le bleu
d'une robe négligemment

posée sur le vantail
vacillant de l'onde
un rien dans quoi la vie se précipite

avec les remous des orges
des herbes émeraude
et des roses sauvages
le corps de l'air aspiré du dedans
soustrait à l'érosion des jours

 

Daniel Martinez

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03:32 Publié dans Variations | Lien permanent | Commentaires (0)