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24/05/2020

"Autrement contredit", de Cédric Demangeot, éd. Fata Morgana, 17/3/2014, 184 pages, 23 €

Par la méduse du possible je suis contaminé et ça me ramifie. Et ça m'épuise de me puiser au monstre. Et ça m'enchante et m'exténue.


A force de réfléchir on s'abîme dans le piège des vitres. A force de penser vivre ou de se penser vécu, on ne termine pas ses phrases. La perte de la parole est l'implacable rançon de l'entrée en langue. La bulle crève et le souffleur se creuse. Turbulences derrière le bâillon. L'orgueil et le vide s'enlacent, bouillonnent de concert.


Je me retrempe, je suis opaque et je retrempe obstinément, sous une pluie rouge de coups ma matière, ma rouille dans l'hiver qui n'attend pas que je devienne.


Il n'est pas question de destin. Là n'est pas la question. Seulement, je convoque ici la somme de mes manquements à être. Il y a du vouloir apparaître dans l'air - où rien ne se réalise sans que je meure dans la seconde. Il y a déjà ça - ce fissile entrechoc.

 

Cédric Demangeot

09:43 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

23/05/2020

"Cahier d'ombres", Philippe Denis, éd. Mercure de France, 12/6/1974

        A l'amarre de ton sang,
          le creux
          laissé par ton somme,
          pour toi,
          maintenant, respire -


         (le vent entre les dernières étoiles
         circule


         des lambeaux de coq
         crépitent
         dans les enclos -


         avant que ne grossissent
         les routes
         - comme les veines
         de tes poignets.

 

Philippe Denis

 

SIGNES D 75.jpg

 

 

 

 

02:26 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

22/05/2020

"Un sommeil différent", de Roger Kowalski, éditions La Différence, coll. "Orphée", 1/6/1992, 127 pages

La voix

 

Ce fut, alors qu'il s'était profondément enfoncé dans l'épaisseur de la forêt, l'éclat lointain d'un cor ; ce fut dans l'ombre une image oubliée, comme un profil de petite fille devant un mur. De nouveau la tendre voix du cor, puis l'écho, la rumeur comme d'un océan derrière l'empire de la mémoire. Un peu plus tard, l'ombre souleva de lourdes faisanes blessées; la nuit vêtit les tours d'une écharpe de cris et sans doute en lui fut progressivement illuminée la pavane du songe. L'aube est ici, sa main tremble à la vitre. Douce, très douce voix dans notre nuit.

 

Roger Kowalski

 

ARBRES LOUIS SOUTTER 1924.jpg

Arbres, dessin de Louis Soutter, 1924

05:28 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)