21/05/2020
"Chemin marqué", de Marcel Béalu, éd. Rougerie, 22 décembre 2000, 80 pages, 400 ex., 72 F
La lumière que tu cherches
Elle n'est pas dans l'eau vive
Qui s'écoule de tes doigts
Elle n'est pas dans la flamme
Où seul ton corps se consume
Ne la cherche pas dans la nuit
Ni dans ce qui étincelle
A la surface du jour
Ce qui crépite et brasille
Meurt et s'éteint aussitôt
L'or pourrit sous les étangs
La lune habille des ombres
La lumière que tu cherches
Elle n'est pas dans tes mains
Elle est au bout du chemin
Marcel Béalu
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20/05/2020
"Chants", Annie Salager, in "Œuvres Poétiques" Tome 2, éditeur La rumeur libre, juin 2015
Exaltation pour l'éphémère
Beaucoup d'entre nous n'auraient pu survivre
sans les jardins disent-ils.
Obscur feuillage par les cris et venelles à roses
où les sens sont heureux
ils se croient maîtres d’œuvre
près d'abeilles chauffées dans les odeurs
Pris dans un épiderme d'eau
et dès lors instables
dans le souvenir occupé
à créer les couleurs sonores
albâtre mousse bassins
où l'eau à elle-même murmurée déborde
Une fois pourtant et c'est à peine un incident
au cours d'une promenade ordinaire
du froid afflue et des étoiles en plein jour
retournent à la contemplation sensuelle
Lieux amers disent-ils
(moins éphémères que nous)
où rien sauf l'illusion n'existe
Mais de quelle jubilation du néant
ces jardins nous laissèrent comblés
Annie Salager
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19/05/2020
"Signes", Hélène Mozer, éditions Ecbolade, fév. 2002, 48 pages
Enfin la nuit. D'abord un réduit de silence. Mais des mots nomades, déjà, rivalisent dans la datcha d'ombre : mesures de clarté comme enchère à la chandelle. Un vocable possible, encore ! Ou tel autre ? Travail, tourment, risques du choix.
Et voici que cesse le temps dévolu. Retour aux freins du silence. Plus de murmures. Déjà le jour.
Mais violette ou blanche, qui nacre ma pente : viola humilis sur mon destin gris.
Est-ce l'aube ? La fin d'un rêve ? Tristesse gris-rossignol... Faibles taches colorées émergeant de la pénombre. Puis la couleur prend forme en fondus de lumière, en irisées flammèches.
Ce serait un bouquet effervescent, mousseux, dont le contour des fleurs s'évapore par bouffées fines (et l'arôme, dans la buée, s'évade).
A force de renoncements de fleur à fleur, d'éclatements de bulles, de pétales épousés perdus... et le bouquet n'est plus qu'une rose géante. La main qui le tiendrait, le tendrait-elle ? Et à qui ?
Hélène Mozer
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Une poétesse dont la BNF a perdu la trace depuis l'année 2000. C'est avec "Signes" son cinquième livre chez Ecbolade, après "Fantaisies" (1986) ; "Lucile dans l'octave, et autres poèmes (1987-1992)", recueil paru en 1993 ; "Quatre trois deux un" (1996) ; "Sorts" (1998). Dans son vibrant hommage à René Char, in "La part d'exil", Hélène Mozer écrit : "La "capitale de l'aube" épure, éploie ses transparences, en un sort aux illisibles confins. Pourtant, alors que l’œuvre - même en son grain le plus dur, en son scintillement le plus serré, et jusqu'en l'octroi de ses impacts - demeure incoercible en sa quasi miraculeuse expansion (liberté d'éther, flammèche qui rampe au-devant des pistes), le poète, lui, "planté dans le flageolant petit jour", par ses assises a poids de roc."
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