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18/05/2020

"Les ateliers de Jean-Pierre Pincemin", de Louis Dalla Fior, ART inprogress éditeur, mai 2009, 152 pages

Une fois n'est pas coutume, voici un écrit du plasticien dont nous entretient dans ce livre le poète Louis Dalla Fior (un artiste disparu prématurément et qui a permis, de son vivant, la reproduction d'une gravure de son meilleur cru dans Diérèse). Le présent extrait prend l'allure d'une retranscription. Conçu en 2002, à l'occasion d'une exposition intitulée "L'Arbre de la connaissance", c''est un texte grave, où se lit la solitude foncière du créateur, au regard du geste d'Eve ici transposé.

*

Le vieil Adam


Dans cette étrange torpeur, où le chant des oiseaux m'accompagnait toujours, je vis là devant moi un vieil homme paraître. Je ne sais d'où il venait mais je n'eus pas le temps de lier conversation. Dès qu'il vit le pommier, il grimpa tout en haut, mangeant à son plaisir tous les fruits qu'il portait.
A la dernière pomme, tout était consommé. Il voulut redescendre d'où il était venu mais le pied lui faillit et il trébucha la tête la première vers la terre qui s'ouvre, le sol qui l'engloutit dans un gouffre béant. Où est-il à présent ? La terre dans ses entrailles le tient-elle prisonnier ? Est-il encore en elle ou dans un autre lieu, éloigné de chez lui ? Je l'ignore. Mais je peux voir qu'il est perdu, je peux voir sa peine car je la sens en moi, tant il me semble que ce vieil homme m'appartient de lignage. Il est partie de moi et je suis près de lui dans la terre ouverte, perdu et sans secours pour venir à lui, pour venir à nous.

 

Jean-Pierre Pincemin

00:58 Publié dans Arts, Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

16/05/2020

"Plus loin", de Daniel Martinez

BLOG DANIEL JARDIN SECRET.jpg


Les langueurs vertes la tête ruisselante
à la longue chevelure blanche
de la cascade qui bruit glacée
et rien qu'elle pour déchiffrer
dans la brûlure de l'été
le froissement d'un ciel
les rires en pluie au plus beau
de la forêt où dévêtus
nous sommes remis à nous-mêmes
les pieds dans les fougères
pêle-mêle sans défense
à la sarabande odorante
des mousses feuillues
traversant les temps


L'eau te couronne
cerclée de saules
de fleurs menues dont les pétales
sont des perles qui grappillent les chairs
toutes images nomades
inspirées par la géométrie fondante
et sous le dôme d'or neuf
le secret des grands feux
enfin révélé
toi joueuse d'arc
à la courbe
du cimeterre
gorge froide où paressent des poissons-chats
à faire défaillir les herbes attentives
dans un monde aplani
où les places se gagnent



Daniel Martinez

"Les fileuses" de Hédi Kaddour, dessins de Renée Mayot, éd. Le Temps qu'il fait, 8 mai 1995, 56 p., 65 F.

La vérité

pour Iris et Gérard

 

    Un goût de pommes au miel, de petit
     Acide accompagne les larmes lourdes
     Du vin, et son ambre à reflets verts
     Parle d'anciens automnes. Entre nature


     Et temps, au jour de fête, le débat
     S'est rouvert, tandis qu'un convive
     Remarque : Si Voltaire écrit des contes
     C'est que la vérité pour être comprise


     Doit d'abord être crue. Sur le tapis
     Devant la cheminée dort une chatte
     Qu'on enjambe doucement pour apporter


     Les tranches de pain tiède, la terrine
     De bécasse mélangée au foie gras,
     Aux pistaches concassées à la main.

 

Hédi Kaddour

07:40 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)