15/12/2018
Chantal Danjou sera des nôtres in Diérèse 75
Séquence 2
J’ai éprouvé la même impression devant L’origine du monde de Courbet. Je ne savais pas d’ailleurs qu’en disant ce que je voyais de la montagne, cette succession d’éléments violemment exposés et isolés d’un ensemble, je décrivais ce que je verrai devant le tableau. Cette grandeur nature, cette tête non représentée, ce drap blanc repoussé et contrastant avec le noir de la pilosité pubienne sont peints avec un tel réalisme que, de la même façon que devant la montagne, je me suis sentie non pas un individu de taille normale mais un lilliputien face au macrocosme. Avalanche aux reflets bleutés, plissement, vallée sous la protubérance du Mont de Vénus, voilà le spectacle qui s’offre plus vrai que nature. Et si tout cela glissait imperceptiblement et qu’en baissant les yeux il fallait constater qu’un amoncellement s’était fait, dépassant déjà les chevilles, étoffe, nuage, voile, marbrures, …
Je vois défiler des scènes amoureuses dont certaines doivent être les miennes, au cours d’un rembobinage si rapide que j’en éprouve un peu de la nausée. Puis tout s’arrête brutalement. Je regarde à nouveau le tableau. A lui seul il condense toutes les passions, même celles que l’on aurait pu encore vivre...
Chantal Danjou
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13/12/2018
Paul Cabanel nous accompagnera, dans le n° 75 de Diérèse à venir
Odeurs de mer … de soleil ...
Odeur d'absinthe
Amas de lumière
Mer séchée d'écume
Cil de pierre baiser léger
sur ces visages de sable
que le soleil mord.
Terre sauvage qui vacille
dans les yeux de Dieu.
Plainte du cyprès
qui hérisse
la peau du mythe.
De rêve et de chair
ce mystère aux paupières
de sel.
Sous le masque
essaiment ciels
et regards portés
comme coups de massue
sur les bords de l'infini.
Grenadier saignant
mille parfums
mille vies un silence
où viendront boire
des cohortes d'étoiles.
Bruit de mer bout d'horizon :
festin d'homme.
Paul Cabanel
11:26 Publié dans Diérèse 75 | Lien permanent | Commentaires (0)
12/12/2018
Raymond Farina sera des nôtres in Diérèse 75
Un familier de Diérèse, si loin géographiquement parlant et si proche tout à la fois des rameaux nocturnes qui étoilent au fil des ans les pages de la revue avant que l'or du jour ouvre le port, ailleurs et maintenant...
Le voyage absolu
Pourquoi voulons-nous à tout prix
ces voyages qui vont quelque part,
ces voyages qui nous transportent
dans des lieux qui désespèrent
de ressembler aux catalogues,
quand une insomnie nous propose
un voyage absolu,
sans cartes, sans escales,
sans amarres, sans port d’attache,
un tête à tête avec la lune,
une brève lucidité
qui mène plus loin que jamais,
qui déchire nos illusions,
nous fait rire de nos délires ?...
Raymond Farina
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