24/11/2018
Une gravure de Johnny Friedlaender
La saison des amours, 1945
Devrait-on ne retenir d'une vie que ses éclairs et sa lumière, en laissant aller librement ce flamboiement qui nous anime, de l'intérieur ? Peut-être, car les images qui nous reviennent en écho continuent d'être fragments signifiés du monde, doués d'une existence propre. Pour sauver ce que le temps réduit et délite à mesure, demeurer dans la fascination première de l’œuvre née, re-née des mains du plasticien, de la passion qui l'a portée, ainsi sauvée de l'inéluctable fin. Avec comme point d'ancrage le corps capté dans son immédiateté rayonnante, comme le signe d'une réalité appliquée à se parfaire, ici et là, selon les vœux de l'artiste. DM
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23/11/2018
Brigitte Coudrain opus II
Pour situer un peu mieux l'artiste Brigitte Coudrain, qui m'a confié ici quelques pages choisies de son Journal, elle fut à vingt ans l'élève de Johnny Friedlaender (dont elle deviendra la compagne). C'est dans son atelier qu'elle apprend les techniques de la gravure. Aquarelliste de talent, l’artiste participe aux grandes biennales de gravures dès 1958 (Ljubljana, Grenchen, Biella, Salon de Mai), événements qui regroupent les meilleurs travaux des jeunes graveurs...
Je reviendrai également dans ce blog sur la vie étonnante à plus d'un titre du plasticien Johnny Friedlaender, que Brigitte Coudrain accompagnera jusqu'à ce qu'il rende l'âme, le 18 juin 1992. Amitiés partagées, Daniel Martinez
Au mois de mai 1955, à l'Impasse du Rouet, d'Amoureux nous sommes devenus Amants...
"Tu es mienne et je suis tien..."*
Je suis venue encore quelque temps rue St Jacques, assez pour aimer et être impressionnée par Fid... et pour connaître leur intimité... J. F. chez lui...
J.F. a commencé à venir rue de la Ferronnerie, souvent... puis tous les jours, puis en 1969, Impasse Guéménée où j'ai repris le piano pour lui : Bach, Haydn, Schubert...
L'histoire non-dite des 38 années :
"L'Amour et la Vie d'une femme"*, Schumann.
Mars 1988, suite à la "chute" et fractures de J. F., il a exigé que je revienne chez eux, rue Boissonade... j'ai retrouvé Fid, pour quelques mois : ce que J. F. au fond, voulait toujours "vivre" depuis le début. (Fid est morte en sept. 88.)
Nous avons fait en 89 le Voyage pour le tableau "du Couronnement"* à Villeneuve-lès-Avignon.
Le 2e Voyage aurait été pour le Retable de COLMAR... mais J. F. est devenu toujours plus malade : cœur, tension, respiration... mais pour moi il a duré...
"Je ne suis pas éternel, tu sais..."
Luttant les deux derniers mois jusqu'au dernier signe de la main...
18 juin 1992
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* chanson, allemand du Moyen-Age
* cycle de Lieder de Schumann
* "Le Couronnement de la Vierge", Enguerand Quarton
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22/11/2018
Brigitte Coudrain, compagne de Johnny Friedlaender
Cette photographie a été prise chez le lithographe Jacques Desjobert, en 1958. A la presse, de gauche à droite : Ortega, Brigitte Coudrain et Johnny Friedlaender :
Le Journal, inédit, de Brigitte Coudrain, intitulé :
Une page pour 38 années (1954-1992+).
(soit quelques pages écrites à l'automne 1992) :
A l'automne 1954 je suis arrivée rue Saint Jacques, espérant rentrer dans l'Atelier de Gravure de Johnny Friedlaender...
C'était l'année de mes vingt ans ¤ Les deux pièces étaient blanches et calmes, presque "monastiques"... au mur Staël, Villon, et la gravure de J.F. : "Les Bêtes"*, - encore noir et blanc - la petite presse de Staël sur le grand meuble d'Atelier, la planche de travail de Johnny devant le jardin vert. Fid*, avec ses mains magnifiques, avec son rire, recevait dans l'Alcôve et faisait un Café, obtenu par une "bataille de charme" par J. F.
Quelque temps après j'arrivai au 7 impasse du Rouet... L'Atelier, le lundi et le mardi... Là J.F. officiait, rayonnait, il faisait tout pour ses élèves. On descendait religieusement avec lui à la Presse, dans l'appentis de la cour, où l'on était saisi par l'odeur d'huile de lin... J.F. tournait lui-même la Presse, et transmettait son amour, son émotion, de l'épreuve... (après les cours, il faisait lui-même les rangements... essayant de me retenir !), puis nous nous retrouvions tous au Café, place d'Alésia, pour des discussions artistiques autour du "Maître", ... si drôle, si familier, si charmeur... parfois si grave.
Brigitte Coudrain
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* la femme de Johnny Friedlaender, l'actrice Helfrida Wenzel, dite Fid. D'abord sa compagne, qu'il rencontre en juillet 1937, ils se marient en 1948.
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