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29/06/2020

"Kamakura et autres lieux", de Jacques Bussy, avec une gravure sur bois de l'auteur, éd. Fata Morgana, 13/2/1979, 333 exemplaires

L'encre délie sa bête favorable
Entre mes mains la neige signe un nom,
Une obole - un mort peut-être s'y cache
S'y tait aux yeux multipliés - Mon corps
Existerait-il dans la foule blanche
Des ancêtres dans l'effort des bourgeons
Les fibres de la corde le dessein
De l'hiver ? La neige, signe et désir
Dans une cire scellée le registre
Et l'odeur pèlerine du lotus

 

Voir sans faire un pas les chemins nous guident
A côté : au plus juste des désirs
De ne pas atteindre ce qui nous voit
De ne pas toucher ce qui nous conduit
Que le corps se présente loin de l'ombre
Langues de neige attouchements de givre
Lui pardonnent impatience et bruit
La liste des noms des dates des lieux
La transparence voit et le silence
Écoute notre rêve déserté

 

Jacques Bussy


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11:21 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

28/06/2020

"Alentejo", de Eugénio de Andrade, traduit par Christian Auscher, éditions Michel Chandeigne, août 1989, 265 exemplaires, 28 pages

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A São Gregório, village peu éloigné d'Estremoz, mais d'accès difficile aux automobiles de qualité, vit un homme qui abandonna son troupeau il y a quelques années, pour les gouges du sculpteur. Il se nomme Manuel Capelins et son village n'en est pas un : sept feux en tout et une petite chapelle, plus grande cependant que sa maison où vit notre artiste. Tout autour, l'Alentejo classique de la fin juin : champs secs et dorés, étendues de chênes-lièges plus gris que vert, deux ou trois oliviers penchés sur les maisons et les murets, quelque rosier d'Alexandrie entouré de pieds de coriandre. A l'horizon dénudé, où même les hommes quand ils surgissent semblent sidérés, le profil bleuté de la proche Serra d'Ossa. Contre le mur de la maison, où on distingue malgré la blancheur la trace luisante et capricieuse d'un escargot, une petite chaise paillée. C'est là que s’assoit Manuel Capelins pour donner corps à son imagination peuplée d'oiseaux et d'étoiles, de soleils et de lunes, de feuilles et de fleurs, de chèvres, bœufs, serpents, et d'hommes - quand tout ne s'achève pas en pure arabesque, car l'espace vide autour d'une symbolique si ancienne n'en demande pas davantage.

 

Eugénio de Andrade

27/06/2020

"Laisse-moi avancer", de Daniel Martinez

Laisse-moi avancer à reculons dans ta mémoire
convergent là lignes de nuit lumière
la lune d'or a semé sur le bassin
huit fleurs de nénuphars
blanches comme tes mains
sous le voûtement sombre de l'allée
qui retient l'âme à la surface de la terre
Laisse-moi lent dans tes gestes
pour donner corps
au silence bleu du premier cercle
à la grande diagonale de l'entre-deux
où le Temps du temps a inscrit son nom
et connaît l'eau qui me cerne la main
porteuse de ton jardin océan
à rosée de bulles affolée d'éther
Laisse-moi voler aux verts friselis
leur vapeur magique les frissons du délire
les desseins des nuées
absente retrouvée
maintenant que tes paroles
sont ces restes d'échos
florules apparues sous la cendre
traversée de signes indéchiffrables

 

Daniel Martinez


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20:23 Publié dans Variations | Lien permanent | Commentaires (0)