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20/06/2016

Détail de la voûte de la chapelle de Saint Zénon, à Santa Prassede

 

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Les tesselles du Paradis

20:15 Publié dans Arts | Lien permanent | Commentaires (0)

17/06/2016

Le plasticien Wolfgang Gäfgen, opus 1

Du boulevard, près de la place d'Italie, on observe les stores blancs tendus qui marquent l'appartement. La porte poussée, les yeux doivent s'habituer à la lumière diffuse et secrète. On ne voit pas la rue. L'atelier et les pièces d'habitation sont mêlés. Sur le mur, à droite de l'entrée, Wolfgang Gäfgen a composé une étrange applique faite d'un fruit brésilien et d'un peigne africain. On peut imaginer un objet de rite inventé. 

D'autres formes sont ainsi discrètement assemblées : un couple d'ustensiles de bois, un oeil dans une cuillère, tous deux en porcelaine. "Je les pose là, je ne sais pas pourquoi, , j'aime leurs formes et je les regarde." Excepté ces quelques éléments, la peinture est partout. La table est recouverte de cartes et de catalogues : au hasard ceux de Cucchi, de Clemente, de Raetz, de Pichler, de Joseph Beuys, mais aussi ceux de Manet, d'Egon Schiele ou des dessins japonais. Un peu plus loin, une pile brune est faite des livres de Freud. "J'observe des images, je lis des fragments. Je vis de manière très solitaire, mais je dialogue comme cela, dans le silence, par l'intermédiaire de mes dessins."

Le silence est partout : dans les oeuvres accrochées au mur, dans le salon où nous nous trouvons, mais aussi dans l'atelier à côté, qui, bien que peuplé de papiers, d'objets, d'esquisses, ne livre aucune évidence. Je remarque, au sol, les constructions singulières que  compose Gäfgen pour ses dessins : une planche, un cercle de bois, de la boue remuée, des brindilles, des pierres, des formes de maisons entourées de toile. Cela ressemble à certaines "sculptures" d'art pauvre ou encore à quelques environnements d'inspiration archéologiques.

"J'ai souvent le désir de montrer ces assemblages tels quels. J'ai été sur le point de le faire mais j'ai toujours renoncé. Il n'y a pas assez de méditation. C'est trop matériel et ce que j'essaie de montrer est avant tout mental. Le dessin déréalise toute forme. Ce que vous voyez n'est pas ce que vous voyez. Ces maisons sont des maisons et n'en sont pas."

Gäfgen parle peu, il avoue que le seul sens clair qu'il voit à son travail est le silence, la "vie silencieuse" qui recouvre une série d'événements qu'il ne peut qualifier. "J'ai le sentiment de me servir de formes archaïques qui remontent peu à peu à la surface. Ces figures me sont énigmatiques. La seule chose que je sais, c'est que je détruis les dessins qui en disent trop, qui sont clos sur leur propre réalité. Un dessin a besoin d'être ouvert. C'est sans doute pour cela que j'éprouve une grande passion pour le travail de Twombly."

                                                                  Olivier Kaeppelin

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14:09 Publié dans Arts | Lien permanent | Commentaires (0)

Le plasticien Wolfgang Gäfgen, opus 2

Wolfgang Gäfgen cite encore quelques noms mais je sens que l'important n'est pas là. Ces patronymes sont comme les balises d'un territoire, l'essentiel est de l'habiter, de descendre quotidiennement sur ces terres, de les questionner.

Ces murs et l'homme qui y vit renvoient plus au savoir d'une expérience, sans cesse approfondie, qu'à une connaissance transmissible par les mots. "Tous les jours il faut que je sois à ma table, je suis malade sans cela. C'est cela essayer de comprendre, c'est cela, simplement, dessiner."

Wolfgang Gäfgen ne refuse pas les appréciations portées sur ses expositions : "promenade sans but", "mystère qui règne en nous ou hors de nous, c'est l'essence même de la réalité", "une oeuvre (qui) hypnotise, ajoute à l'imaginaire", "un dessin qui exerce le regard à lire les textures du réel pour meux franchir les frontières du lisible", ou encore "le sentiment d'une violence secrète", "d'un adieu à la terre", "d'un crime parfait". 

"Peut-être, répond-il, chacun est sollicité à partir de son histoire, de ce qu'il est. Ce qui est sûr, c'est que je ne comprends pas ces mots dans leur sens anecdotique. Si l'on parle de mort, j'espère qu'on ne parle pas simplement de faits divers et d'effets faciles, mais qu'on signale, dans ce que je fais, la mise en jeu d'un travail de dissolution qui, d'ailleurs, appelle à la vie. Regardez vous-même."

Dans son atelier, c'est cela que Gäfgen souhaite avant tout : un regard qui prenne le temps de parcourir. Dans la pièce, où nous étions déjà coupés de l'extérieur, il n'y a maintenant plus un bruit. J'observe son dernier lavis. On voit, en bas, un cercle au milieu des pierres, au centre un signe de croisement démembré, à droite le mot cendre écrit d'une graphie vivante. A n'en pas douter, la poétique de ce dessin se bâtit à partir d'une destruction (effacement ou démembrement) mais une destruction faisant éprouver, essentiellement, un mouvement qui sans cesse se dégage de l'inerte. Cela quel que soit le sujet. "Ce mouvement traverse des ruines, des vestiges, des restes qu'il contribue à créer et dont il se sert pour construire un pays bien plus qu'un paysage. En ce début de siècle, si l'on accepte la métaphore, il jette des éléments au sol (notre vue, nos mesures par exemple) et établit des campements fragiles.

Dans certains de ses travaux, il met la flamme, le feu dans ses lavis mais pour mieux faire naître un repère neuf, un autre lieu. Il désagence pour faire venir. Il appelle. Ces dessins sont les jalons d'un voyageur dans la fiction, inscrite dans le trait et dans la page, pour aller "là-bas où tout est autrement assemblé..."

                                                                  Olivier Kaeppelin

14:08 Publié dans Arts | Lien permanent | Commentaires (0)