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30/06/2016

Un lavoir, à Jully-les-Forges, dans l'Yonne

LAVOIR BLOG.jpg

à la lumière de ces vers de Giacomo Leopardi, traduits par Circé

          ... E potess'io,
          Nel secol tetro e in questo aer nefando,
          L'alta specie serbar ; che dell'imago,
          Poi che del ver m'è tolto, assai m'appago.


          ... Si je pouvais seulement,
          dans ce siècle obscur et dans cet air infâme,
          garder ta haute image ! du simulacre,
          puisque le vrai m'est ravi, je suis comblé.

                                       Giacomo Leopardi

                                   in Canzoni, éd. Le Lavoir Saint-Martin

29/06/2016

Le mythe de la Nef

Le Moyen-Age inventa les nefs de fous, chalands maudits divaguant sur les eaux de l'Europe, charriant idiots et forcenés sur le parcours des fleuves. Ces barges éperdues dessinent toute une carte d'utopies, où les mondes communiquent dans le glissement du voyage. C'est donc dans un sens cosmique que figure la Nef. Si délirer, c'est sortir du sillon, divaguer dans l'horizon mobile, les vaisseaux errants résument tout un nomadisme, intense au Moyen Age.  Ainsi le mythe de la Nef reprend tout le légendaire marin de l'errance dans l'illimité, depuis les épopées antiques (Noé, Gilgamesh, Ulysse, Jason), jusqu'aux sagas de pirates ou de migrants. Les temps modernes ont surtout réactualisé le thème sous l'aspect du vaisseau fantôme, en associant les histoires de mer (Moby Dick) à l'expérience des limites en poésie (La Ballade du vieux marin, Kubilaï Khan, Le Bateau ivre). Sans doute, l'Ulysse de Joyce se tient au croisement des deux lignes. Plus proches de nous, maints grands films ont illustré la tradition de ces chimères flottantes : L'Atalante, Pandora, Aguirre et sans doute une bonne part de l'oeuvre de Fellini.

Le Moyen Age a voulu à sa manière dresser le corps mystique de la Nef. L'âme est une nacelle, frêle esquif abandonné aux courants des désirs, tenu par le seul vent de l'Esprit, lequel souffle à sa guise. A l'aube sceptique de la Renaissance, quand l'évidence de la folie se libère de toute image du monde, Bosch et Rabelais éclairent une dernière fois l'allégorie de ces voyages, qui pouvaient alors se faire sur place : l'expédition est intérieure. Ainsi la Nef de Bosch raconte une dernière fois l'histoire des Argonautes : à la place du mât central, Bosch a peint un jeune arbre. A sa cime crèche une petite chevêche, qui regarde de ses yeux ronds la scène des dingues déjà pris de boisson. C'est l'oiseau d'Athéna, sa vigie, bête de sagesse, de prudence. Or la déesse dirigea la construction du navire, employant comme bois les chênes prophétiques de Dodone. Au sanctuaire, pour entendre les dieux, on écoutait les bruissements du vent dans les feuillages. Placé sur Argo, le grand mât maintenait Dodone. En mer, le mât prophétique murmurait et rendait des oracles, captant les vents dans les ramures du navire, conduisant Orphée, Jason et Médée aux limites du visible. Chez Bosch, l'arbre de cocagne couvre les fous de sa ramure : c'est encore un mât chamanique.

Quand se trouble la foi médiévale, Rabelais une dernière fois associe le carnaval et les visions argonautes. Les Aventures de Pantagruel décrivent une longue équipée aux pays de la Folie. Périple à l'antique où rien ne manque. Un mystère initial transcendant toute raison : la vie. Un pèlerinage égrenant les épreuves : tempête, rumeurs prophétiques, archipels de mystère figurant schismes ou énigmes du monde. Enfin l'oracle final de Bacbuc : la Bouteille.

Bien sûr, il s'agit également d'un voyage sur place : on n'a pas bougé. Si "Drink !" est le mot de l'oracle, c'est qu'en pays de Lanterne il est ensemble moyen et terme de l'initiation, sa ligne, son vecteur. Version bouffonne de l'adage delphique "connais qui tu es", ce savoir est dans le vin. Aux angoisses des modernes, il transmet les savoirs anciens qu'il déguise en ivresse. Geste cynique et léger, qui dit ensemble le fond du désir, la folie intime, la sagesse de la chair : oui, bois, la bouteille est bien là, à portée de la main, d'ailleurs tu es dedans, comme tu es sur le pont, l'Isle sonnante est en toi, pauvre fou. Le lecteur choque le verre, sur ce son ferme le livre. Dans ce geste ordinaire, il se sait, se rejoint : il est bien là, en berlue, sur la barque. Pour longtemps.

                                                                     Xavier Papaïs

14:01 Publié dans Remarques | Lien permanent | Commentaires (0)

28/06/2016

"Les grandes vacances" approchent, le blog restera actif

Bonjour à toutes et à tous,

Vous dire que le blog restera actif tout l'été, restez donc connectés, je vous réserve quelques bonnes surprises...

Par ailleurs, afin d'éviter toute erreur d'interprétation, lorsque vous constatez que vous n'êtes plus abonné à la newsletter, ce n'est pas moi grand Dieu qui vous ai désinscrit. Que faire dans ce cas ? : il vous suffit alors de recopier l'adresse du blog sur votre barre Google, un clic sur "Entrée" et le tour est joué !
Soit : http://diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com
Encore plus simple : vous réinscrire !!

Depuis près d'un an, je ne vous fais plus part du taux de fréquentation du blog. Je ne voulais pas effectivement me lancer dans des calculs d'"Audimat", gênants quand il s'agit de poésie, vous l'avouerez ! Pour vous donner néanmoins une idée, sachez que la fréquentation varie (au quotidien) entre 150 et 250 visites. Merci pour votre fidélité, qui m'est précieuse.

Voilà tout pour le moment. Si vous avez d'autres questions, n'hésitez pas à m'écrire en priorité sur mon adresse yahoo : daniel.dierese24@yahoo.fr

Amitiés, Daniel Martinez

17:07 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)