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04/08/2016

On en parle : Diérèse 67 !

Bonjour à toutes et à tous. Vous prévenir sans plus tarder que le dernier numéro paru de la revue Diérèse a été commenté par Lucien Wasselin à l'onglet "Revue des revues" [en haut à droite], de la revue en ligne Recours au poème.
Je vous invite à vous y pencher de plus près, voici le lien :
http://www.recoursaupoeme.fr/

(s'il n'était pas actif depuis le blog, il vous suffira de le copier sur votre barre Google, un clic et le tour est joué !)
Amitiés partagées, Daniel Martinez

 
 * * * * * faites passer je vous prie, merci * * * * *

16:29 Publié dans Diérèse | Lien permanent | Commentaires (0)

A visiter cet été : la grotte préhistorique de Thaïs

Vous avez tous entendu parler de la grotte Chauvet, située sur la commune de Vallon-Pont-d'Arc en Ardèche, découverte en 1994 ; mais de celle de Thaïs, connue de tous temps par les habitants du village de Saint-Nazaire-en-Royans (à la limite des départements de la Drôme et de l'Isère, sur la nationale 532) ? Ce n'est qu'à la fin du 19e siècle que les galeries ont été reconnues mais vraiment qu'à partir des années 50 que les spécialistes se sont intéressés à ce site et l'ont exploré. Et seulement depuis 1970 que la grotte est ouverte au public, après avoir été aménagée.

Il y a 15 000 ans, la végétation de la région était celle d'une steppe froide où poussaient seulement quelques bouleaux et pins (un peu comme le Nord canadien actuel). L'homme chassait le bison, la marmotte, l'élan, le loup, le mammouth, la perdrix des neiges, mais surtout le cheval et le renne (pour sa viande et ses bois). Chasseur mais aussi nomade, l'Homosapiens (civilisation apparue il y a 35 000 ans) venait se réfugier l'hiver à l'entrée de la grotte de Thaïs (ou Tai) pour se protéger du climat rigoureux d'alors. Il y installait des tentes en peaux de bêtes pour s'isoler du froid. Pour se chauffer, il entretenait un feu où il brûlait bois, os et déchets de nourriture. Il utilisait, pour s'éclairer, une lampe faite d'un galet creusé rempli de graisse où trempait une mêche. 

Avec le réchauffement du climat, l'homme quitta alors le site ; une période que l'on situe vers 9000 à 8000 avant J-C. La grotte de Thaïs est classée parmi les grottes les plus colorées de France. Lors de sa progression, le visiteur à l'impression d'avancer dans un immense gruyère souterrain tant la roche est découpée, torturée, déchiquetée, formant d'étranges arabesques qu'accentue la lumière. Un monde fantastique, à température constante (13°), rempli de concrétions (stalactites, stalagmites, draperies...) qui tapissent les parois et les plafonds.

D'étonnants reliefs d'un rouge sang, couleur provenant de la terre rouge de surface composée de silice caolin et d'oxyde de fer. Un univers souterrain créé au cours des millénaires par l'action chimique de l'eau (corrosion) qui, après avoir traversé le massif karstique du Vercors, parcourt les innombrables failles de la montagne.

Le secteur exondé de la grotte est très étendu (4 200 mètres) mais on n'en parcourt que quelque 600 mètres, avant d'arriver à la rivière souterraine, un des mystères hydrologiques du Vercors, dont le débit varie de 200 à 12 000 litres/seconde suivant les saisons. Depuis plus de 20 ans, nombre d'expéditions ont été conduites afin d'explorer cette partie immergée de la grotte de Thaïs. Après avoir passé six siphons, avancé de plusieurs galeries, un plongeur a atteint, en avril 1997, la profondeur impressionnante de moins 93 mètres. Ce qui classe Thaïs au tout premier rang mondial pour l'importance de sa zone noyée. Les spéléologues tentent toujours de percer le secret de ces eaux limpides...

Dernier intérêt, et non des moindres de la grotte, son exposition sur la vie animale cavernicole. Vous apprendrez la différence entre la faune troglocène (vivant habituellement dehors mais venant chercher dans les grottes protection et humidité - comme les chauves-souris, les renards... et l'homme -), la faune troglophile (qui pourrait vivre à l'extérieur mais qui trouve dans les grottes des conditions de nourriture favorables) et la faune troglobie (qui évolue dans un monde souterrain profond et s'est adaptée au fil des temps géologiques - dépigmentation, dégénérescence ou perte des organes de la vue...-). Des aquariums vous présenteront quelques spécimens de ces espèces rares comme le "dolichopoda palpata", une grande sauterelle blanche des cavernes remarquable par la longueur démesurée de ses antennes, des "xenopus leavi", grenouilles toutes blanches et munies de cinq doigts non-palmés aux pattes avant, ou encore des "astianax", poissons presque transparents...

La grotte de Thaïs est ouverte au public d'avril à fin octobre (8,70 € en tarif adulte). Renseignements au : 04 75 48 45 76.

 

                                                                           Michel Besson

03/08/2016

"Oeuvres" de Marcel Schwob, éd. Phébus (Libretto)

Marcel Schwob (1867-1905) fut un esprit cultivé et curieux, un homme inscrit dans son temps, pris entre deux siècles, avec cette sensibilité propre à son époque qui allie subtilité et goût pour le fantastique, délicatesse et attirance pour la bizarrerie. Auteur, journaliste, préfacier de Stevenson et de Rachilde, traducteur de Shakespeare et de Defoe, Schwob fut un acteur majeur de la vie littéraire de l'entre-deux siècles. Ami de Claudel et de Léon Daudet, il fréquenta Renard, Gide ou Wilde. Cet homme de grande culture, fasciné par l'oeuvre de François Villon, est mort à 37 ans, des suites d'une longue et terrible maladie, calmée par la morphine. Difficile de considérer que ce grand blessé aura trouvé le temps de polir autant de textes. Le volume ici publié en contient en effet plus de 150.

L'ouvrage rassemble l'essentiel de l'oeuvre. Sylvain Goudemare, auteur d'une biographie remarquable Marcel Schwob ou les Vies imaginaires (Le Cherche Midi, 2000) en a établi l'édition. Les textes sont livrés dans leur ordre de parution et le volume comprend deux sections. La première, consacrée aux oeuvres de fiction, contient Coeur double, Le Roi au masque d'or, Mimes, Le Livre de Monelle, La Croisade des enfants, Vies imaginaires, L'Etoile de bois et les contes parus dans L'Echo de Paris. La seconde regroupe les études et essais : Spicilège et Variations sur l'argot principalement. A cela s'ajoutent des introductions éclairantes et quelques notes.

Ce qui frappe, c'est la diversité des tons et des formes courtes employés par l'écrivain pour contenter son appétit de narration. En effet, si l'on considère Coeur double par exemple, premier recueil publié, on reste admiratif devant un tel talent de caméléon. Marcel Schwob est-il grave ou léger ? L'écrivain est-il un fabuliste ou un affabulateur ? A l'instar de Borges, on ne sait jamais si l'écrivain fait preuve d'une érudition étonnante ou s'il bluffe son lecteur, l'emportant dans une sphère où l'histoire rejoint le désir d'histoires, où tout est mêlé, brisé, recyclé.

Marcel Schwob expérimente, multiplie les voix, s'attachant à créer aussi des formes inédites. Mimes est à ce titre un recueil captivant. L'écrivain, avec une modernité qui conserve tout son sens aujourd'hui, donne la parole à une succession de personnages qui monologuent. Le texte court rejoint ici le poème en prose, tant la langue est à la fois dépouillée et sophistiquée : "Cette lampe à mèche neuve brûle de l'huile fine et claire en face de l'étoile du soir. Le seuil est jonché par les roses que les enfants n'ont pas emportées. Les danseuses balancent les dernières torches qui étendent vers l'ombre leurs doigts de feu."

Le Livre de Monelle, composé avant et après la disparition brutale de la maîtresse de Schwob, porte en filigrane le deuil de l'écrivain. La figure mythique y donne un sens à la création qu'on pourrait facilement appliquer à toute l'oeuvre de Schwob : "Et pour imaginer un nouvel art, il faut briser l'art ancien. Et ainsi l'art nouveau semble une sorte d'iconoclastie. / Car toute construction est faite de débris, et rien n'est nouveau en ce monde que les formes. / Mais il faut détruire les formes."

Disposer de l'essentiel de l'oeuvre de Marcel Schwob en un volume permet de prendre le pouls d'un écrivain de toutes les narrations. C'est pourquoi on se dit que forcément, il parlera à tout le monde. Malheureusement, c'est pour les mêmes raisons que l'écrivain continuera sans doute d'habiter la marge, parce qu'il se révèle insaisissable, d'une certaine façon. Impossible de trouver un tiroir où ranger un esprit aussi ouvert. L'oeuvre est fantastique, historique, philosophique, humoristique même : "Je fus d'autant plus étonné de lui trouver une tête de mort que je l'avais positivement reconnu à sa façon de cligner de l'oeil gauche." (Coeur double).

Sa force réside incontestablement dans une incroyable capacité à être tout cela à la fois, ou plutôt, dans cette capacité à être tout cela successivement, avec un goût prononcé pour les changements de climats.

 

                                                                         Benoît Broyart

14:11 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)