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28/09/2018

Une page de mon Journal

"La poésie, cet art de sourire à l'imminence du précipice", écrivait Bertrand Poirot-Delpech in Diagonales (Gallimard, 1995). Manière de célébrer le corps des choses défaites, comme s'il s'agissait de rayonner dans un espace de réconciliation, un ultime butin prélevé sur la catastrophe orchestrée du monde. Que serait-il, ce monde où nous évoluons cahin-caha, sans la voix du poète ?...
Et tout cet infini qui se renverse, où puiser l'art de dire et de surmonter un temps le présent, où l'on est soi et moins que soi. Où tout indique que l'art le plus noble est bien celui de ne se reconnaître d'autre pouvoir que de tutoyer ces petits riens dont seront extraits les mots mêmes du poème. Les sortant ainsi de l'ombre où ils étaient tapis. Signes de passage, travail de reconnaissance dans le champ de gravité des possibles. Paraissent les pierres comme des graines à germer : fouiller et prélever dans ce que l'écriture agence à mesure, sans que jamais le mot de la fin ne lui appartienne. Amitiés partagées, Daniel Martinez

(28 septembre 2018)

10:43 Publié dans Journal | Lien permanent | Commentaires (0)

21/09/2018

Tisser le silence : une page de mon Journal

         Vendredi 21 septembre 2018

     Dans Recherche de la base et du sommet, René Char écrivait : "En ce temps-là, il y avait si peu de pain à manger que Braque supprima le pain, mais rétablit le blé." ("Octantaine de Braque"). Ce retour à l'essence rappelle, dans un registre certes plus concret, ce que convoient les veines dans la chair jusqu'au dernier souffle, invisible à l’œil nu et pourtant.
     En poussant ce matin les épais volets de bois de la chambre, laissant entrer un jour glauque (le tout premier de l'automne) j'ai revu ce qu'une main preste avait tracé au marqueur la veille au soir sur une affiche publicitaire, en gare de Nogent-sur-Marne : "La consommation ne sera jamais justifiée par la poésie. Brûlons les idoles !" Tout à fait.
     La conscience du monde : voliges de peuplier tremble. Ces formes chuchotent, bavardent, soliloquent. Vivantes, elles palpitent. Et réfléchissent ce qui nous aveugle. Aujourd'hui plus qu'hier. Amitiés partagées, Daniel Martinez

10:49 Publié dans Journal | Lien permanent | Commentaires (0)

23/08/2018

Cahier tunisien

Traduite en italien, une page de mon Journal :

Tout se joue au premier regard
entre les mots de peu
et les couleurs verticales
formes brouillées mises à nu
rues flottantes que zèbrent de blanc
les pointes des roches presque translucides
à deux pas de la frontière algérienne
deux femmes en conversation
dans l’écartement des volets
et sous les paroles anodines
muette convergence des intentions
 

          Tutto si decide al primo sguardo
          tra parole di poco conto
          e colori verticali
          forme confuse messe a nudo
          strade fluttuanti striate di bianco
          dalle creste delle rocce quasi traslucide
          a due passi dalla frontiera algerina
          due donne conversano
          nell’interstizio delle persiane
           e dietro le chiacchiere futili
           una muta convergenza d’intenti


Daniel Martinez

Tout début de la mise en page de Diérèse opus 74 : vous l'avais-je annoncé ?, je ne le crois pas, ces deux beaux ensembles de poèmes à venir : de Pierre Dhainaut, "Un mur avec apparition" ; d'Alain Duault, "L'étonnement et le désarroi". Amitiés partagées, Daniel Martinez

16:12 Publié dans Journal | Lien permanent | Commentaires (0)