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16/10/2014

Jean L'Anselme (1919-2011)

  Pour les visiteurs de ce blog, une lettre inédite de Jean L'Anselme, un auteur de Diérèse ; non datée, elle a été envoyée à la revue en octobre 1999, il y a juste 15 ans, tempus fugit. Cette missive fait suite à la publication de l'article de Jean Rousselot sur Pierre Jean Jouve in Diérèse opus 7 (voir notes blog du 29/9 et du 01/10). Une anecdote amusante sur Jean Paulhan, in fine : 

Cher Martinez,

Dans Diérèse "ça remue" comme disait Calder. On peut y aller à la pêche, il y a de la friture. Je m'y retrouve encore grâce à vos bonnes grâces. Merci. Rousselot a dû bien aimer "Dans la seconde cour des tisserandes..."*. Je connais ses goûts;
Pierre Jean Jouve me rappelle cette invitation qu'il m'avait faite à son bureau. Il m'a signé de sa petite écriture appliquée, quelques ouvrages en souvenir. A travers lui voici G.L.M que je rencontrais régulièrement. Il envisageait de me publier dans ses merveilleuses petites éditions qui firent l'objet d'une expo à la Nationale.
Eric von Neff : J'aime bien ces deux filles de la pédale. "Un milan vole un milan". Curieux, ce matin, au courrier un paquet des éditions Milan ! Il y a de ces jours comme ça...
                                   Fidèles amitiés

                                              Jean L'Anselme

P.S. : Vous mentionnez les portraits d'auteurs réalisés par Dubuffet. J'en ai vu l'exposition à l'époque, en 47, chez Drouin. Elle s'intitulait "Portraits à ressemblance extraite à ressemblance cuite et confite dans la mémoire, à ressemblance éclatée dans la mémoire de Jean Dubuffet, peintre".
Il y avait un Paulhan que Dubuffet appelait Maast. Un pseudonyme de Paulhan, je crois. Il l'offrit à Paulhan par la suite et Paulhan l'installa sur sa cheminée.
Mais la chaleur fit éclater cette "Haute-pâte" en travers de la bouche de Paulhan. Ils convinrent ensemble de le débaptiser et de l'intituler "Maast ricanant".

* premier vers d'un ensemble de poèmes parus sous le titre "Ligne après ligne", in Diérèse n°7 (ndlr)

15/09/2014

Consuelo Suncin Sandoval (1901-1979) et Saint-Exupéry

           En ce lundi soleilleux, pourquoi ne pas vous donner à lire un extrait de la lettre que Consuelo Suncin Sandoval a écrit peu avant la guerre à Saint-Exupéry, qui connaissait alors des jours difficiles avec le dépôt de bilan de l'Aéropostale ?
Qui fut la rose du "Petit Prince" ? : Consuelo Suncin Sandoval, originaire du Salvador, arrivée à Paris au début des années 20, où elle épousa le consul d'Argentine [présenté dans le "Dictionnaire des auteurs", éd. Laffont (1980) par Roland Purnal, comme journaliste...], Enrique Gomez Carillo (1924). A la mort de celui-ci (1927), elle vint en Argentine où elle fut présentée à Antoine de Saint-Exupéry, alors au service de l'Aéropostale (1930).
Elle l'épousa l'année suivante et resta dès lors essentiellement en France. Elle laissa une oeuvre importante de scuplteur et de peintre, ainsi que des mémoires, d'un intéret certain.


Extraites d'une lettre intime de  Consuelo Suncin Sandoval à l'auteur de "Vol de nuit", ces quelques lignes :

"Plein travail, joie dans le travail, espoir. Mes amis de Marseille m'ont offert aide pour trois expositions. Le Ciel me protège. - Je n'oublierai point aussi votre si tendre et amicale aide. J'ai honte de ne pas porter moi-même les choses. Bonne Gabriel a pris dans le tiroir l'argenterie...
Je souffre encore de son absence - trop... Quand vous vois-je pour parler de Lui !!

                                                                              votre Consuelo"

On remarquera le voussoiement, autant que cette perceptible distance entre le monde des sentiments et les choses de l'esprit.
Autres temps... DM

10:48 Publié dans Arts, Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

06/09/2014

A propos de "Autrement contredit" : dernier recueil en date de Cédric Demangeot :

    Aux éditions de la Fée Morgane, à signaler le fameux "Autrement (contre)dit" [la parenthèse est de mon fait] de Cédric Demangeot, livre qui a bénéficié d'une étude (de qualité) d'Isabelle Lévesque sur Poezibao le 27 août.

J'en ai retenu, de cette étude, arbitrairement comme à mon habitude, une phrase, emblématique :
"Devenu "animal" le poète, est-il mort-né, tué en "mésespoir" ?" Cette idée me fait, comme a pu me l'écrire Alain Jouffroy en d'autres circonstances, ré-AJr, reprenant ses initiales. D'abord, comment imaginer le scripteur - point même poussé du haut de la roche tarpéienne par la plus cruelle des neuf Muses - sombrer dans l'animalité ?, quelle disgrâce dites-moi ! Sauf à s'exclure soi-même de ce jeu de miroirs permanent qu'est l'écriture : la tentation il est vrai, est constante, à savoir qu'à force de s'y regarder à l'oeuvre, on finirait par y perdre son image. Ou son  latin ; au pire, le sens des mots eux-mêmes.

Puis : "mort-né", le monde là, où nous évoluons, et pas seulement les poètes - qui certes sont des individus parmi bien d'autres, c'est indéniable, sans jamais pour autant être "assortis à [leur] entourage" - aurait-il cet effet pour le moins pervers ? A y regarder de près, ce n'est pas impossible, mais rien n'interdit à l'Individu justement de tout faire pour s'extraire de la gangue des chemins tracés (et de résister plutôt que de persister).

Au contraire : le poète est sans cesse à naître, et cette force d'extraction qui le caractérise dans le fond (et la forme), est inaliénable. Suffit-il d'y croire, m'objectera-t-on ? mais oui, tout à fait ! Relisez donc le premier des deux auteurs auxquels le blog a consacré un article, à partir du thème : "Où va la littérature ?"... La volonté, première. L'abdiquation ?, il est temps là encore de relire ce poème de Henri Michaux, où le "mage" se lâche, et lance fièrement à ceux qui par dépit ou facilité se contenteraient de leur sort : "têtez la moelle et la couenne des siècles".

Au final : à mon sens, de "mésespoir" il n'est pas plus que de désespoir. Le malheur n'engendre pas ipso facto le malheur, sauf à s'y complaire. La figure romantique et narcissique du poète incompris des dieux a vécu. L'ego est "chose" trop sérieuse pour lui laisser prendre le pas sur la logique même, l'instinct de vie, qui nous porte, jusqu'à notre dernier souffle. Voilà. C'est dit. Pardon à celles et ceux que j'aurais pu choquer, je suis incorrigible...

                                                                                          Daniel Martinez

00:10 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)