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31/01/2015

Yves Leclair, un poète que vous retrouverez in Diérèse 64

Yves Leclair, que les lecteurs de Diérèse connaissent bien, rend hommage à Huang Po (IXe siècle) dans les vers qui vont suivre. A tout lecteur curieux, je conseillerai la lecture des Entretiens de Houang-Po, traduit du chinois par Patrick Carré, livre édité en 1985 par Les Deux Océans. Mais trêve de digressions :

     Huang Po, comme tu aurais aimé te percher
     au balcon de la nuit, à l'abri de la pluie
     battante. L'ampoule pendue à la potence
     en bois, comme une lune. Comme tu aurais

     aimé ce pot aux trois soleils à gros cils blancs
     ou cette auto avec ses phares éclairant
     la chaussée brillante, toute dégoulinante
     couvrant à peine le bruit du débit qui hante

     le ruisseau. C'eût été pour toi une excellente
     situation, bien placé dans l'étagement sombre
     de l'immense tableau d'avancement des nuées
     qui se confondent avec les mondes

                                                                Yves Leclair

in La petite route du col (éditions L'étoile des limites, 1997) 

20/01/2015

Philippe Jaccottet opus 2

Autre question posée à Philippe Jaccottet (vous reporter à la note blog du 10/1/15 pour la première), dans un entretien accordé à Reynald André Chaland, publié in extenso in De la poésie, éditions Arléa, 2005 :

- Pourquoi écrire ? Pourquoi écrivez-vous ? Quelle réponse apporteriez-vous à cette question de journaliste ? Saint-John Perse a écrit : "Pour mieux vivre" ; Pierre-Albert Jourdan, non sans humour : "Pour me redresser un peu" ; et Bataille, je crois : "Ce qui m'oblige à écrire, j'imagine, est la crainte de devenir fou." Avez-vous également une formule lapidaire de ce genre ?

- Je crois qu'il doit y avoir la réponse éparse - peut-être pas de manière lapidaire - dans mes livres. Je crois que si je remonte en arrière, contrairement à ce que vous pouvez peut-être penser, cela a d'abord été un jeu avec les mots. Mais alors vraiment comme enfant : le goût de la lecture très tôt (avant dix ans), et le goût d'écrire de petits poèmes... Cela n'avait rien à voir avec ce que sont parfois les dessins d'enfants, et aussi les poèmes d'enfants, c'est-à-dire l'expression naïve d'une expérience naïve. C'était vraiment du jeu, du plagiat de ce que je commençais déjà à lire comme poèmes. J'ai donc commencé simplement par le goût des mots, qui était en moi. C'est pendant l'adolescence, au moment où l'on ressent des émotions assez confuses et intenses, à la fois passionnées et passionnelles, que j'ai compris que le langage poétique traduisait au fond chez les autres, avant même que j'aie commencé à écrire moi-même, cette question essentielle et centrale, de rencontre essentielle. Et je crois que je ne me suis pas posé de question. A partir du moment où il y avait une certaine tension intérieure, c'était presque comme l'ébullition de l'eau sous pression. Les mots se produisaient sur la page.

14:02 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

13/01/2015

Deux poèmes de Gabrielle Burel

 De Gabrielle Burel, ces poèmes marins, où l'âme dérive au gré de ses errances, côtoyant la merveille... pas un seul signe de ponctuation ne l'entrave, diastole, systole, le souffle seul, inépuisable, en majesté quand chuchote à l'oreille la conque, écoutez-la :

      Bois flotté
 

      Bois flotté

      Frotté aux embruns

      Du vertige

      Couvert de lichen

      Dans le vent

      D'écume brune

      Au sel amer

 

      Les corps brisés

      À flanc de peur

      Dans le ressac

      Des pulsations

      Fument dans l'élan

      Obstiné d'une passion

      Chevillée à la mouvance

      Noire de lune

      En germe dans le sable infécond

      Effrité par la vague ourlée

      Du désir arraisonné

      Au port des oublis

 

      Bois flotté

      Frotté aux embruns

      D'espérance

      Dans la mémoire

      D'un ciel bleu soleil

 

                        * *

 

      Bredouille

 

      Il n'a rien pris ce matin
      Pas le moindre mot à glisser sous sa plume

      Pourtant le bouchon l'a nargué
      Dansant dans le courant
      Le soleil a plissé son regard
      À travers le feuillage
      Et dessiné des ronds de lumière sur l'eau
      Le chant des oiseaux a salué le jour
      Puis on n'entendit plus

      Que le bourdonnement de quelque insecte
      Berçant l'imaginaire déserté

                                              Gabrielle Burel

15:30 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)