30/10/2014
Jacques Prévert (le début et la fin!) opus 4
Deux collages pour aujourd'hui, de Jacques Prévert à son éditeur, René Bertelé. Le premier (56 x 36 cm) tient lieu d'"acte de naissance" : à l'intérieur d'une église, un lit portant un oeuf dans lequel apparaît le visage de Prévert adulte
Pour faire bonne mesure, dans le même envoi, un second collage (43,5 x 28 cm) où Prévert (au lieu de la carte de voeux traditionnelle pour la nouvelle année) ironise sur "son testament" : dans un lit un chien à casquette dicte ses dernières volontés à un personnage devant deux autres masqués
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26/10/2014
Jacques Prévert opus 3
Dans une édition ronéotypee que l’on pourrait en fait qualifier d’originale, publiée par les soins des élèves de la classe de philosophie du lycée de Reims sur la ronéo de la sous-préfecture, ont paru quelques textes de Prévert dont « Tentative de description d’un dîner de têtes à Paris-France ». Le professeur (de philo) était alors Emmanuel Peillet. Jacques Prévert envoya ce travail à René Bertelé, avec la dédicace suivante : « Pour René son premier éditeur comme on dit. Sa première édition comme on ne dit pas. Jacques (cœur dessiné). »
Voici pour le plaisir des yeux un collage original de Prévert envoyé à son éditeur, celui-là même qui publiera « Paroles » au Point du Jour en 1945, avec une couverture de Brassaï, excusez du peu ! Sur ce collage nous pouvons voir un blessé soigné par des infirmières, entouré de curieux personnages, dont un cyclope, qui mène la danse, si je puis dire ! Ce collage a pour titre "L'eau fraîche" :
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En 1946, depuis Saint-Gervais-les-Bains, Jacques Prévert envoya un télégramme à Bertelé, dont le contenu est inédit, il va sans dire : « Bonjour serai Paris Mardi mais suis désagréablement surpris que vous ayiez sans me prévenir envoyé lettre retape catalogue prospectus pour prix critique dont je me contrefous suis pas du tout d’accord la poésie n’a pas de prix même la mienne compte sur votre obligeance pour faire nécessaire à ce sujet suis seulement candidat pour prix Nobel en qualité vulgarisateur poudre d’escampette amicalement tout de même et à bientôt. Jacques Prévert. »
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Paraît en 1972, toujours au Point du Jour, chez Gallimard, "Choses et autres", l'un des 62 premiers exemplaires (exposé à la BnF en 1982) comprenant deux collages originaux, contrecollés sur les premières pages. Le premier représente un homme dont la tête porte de singulières excroissances de chair ; le second, une indigène assise près d'un étrange personnage, à tête d'oiseau. DM
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19/10/2014
Nathalie Rochard
Née en 1958, Nathalie Rochard vit et travaille dans le Loiret. Ses poèmes, qui touchent à l'essentiel, sont à l'image du "pur jaillissement" de l'énigme poétique. Ils transcrivent le vivant épris de souffle, qu'il ait visage du "berger des taillis", aux "ailes d'eau" et aux "yeux de sable" ; ou "de tous les oubliés", source de ce "qui t'impose l'offrande"... Un peu à la manière d'un Jan van Eyck peignant son reflet dans un miroir situé derrière les deux personnages du Portrait des époux Arnolfini, le médium poétique fait image et diffracte le message, comme en témoignent ces vers. DM
L’eau du fleuve…
L’eau du fleuve,
cadastre des mots courants
et solitude abondante,
se souvient
de tous tes oubliés.
Le couteau des osiers,
les mains à tes chevilles,
les rives séparées
sont comme un appel
de la chose perdue
qui t’impose l’offrande.
En dessous des bourrasques
la violence dans l’étiage,
et la caresse tremblée de l’adieu.
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On porte...
On porte sa joie avec prudence
au fond d’une boîte à boutons.
La nuit monte
vers les fêtes sauvages
qui bourdonnent aux fenêtres.
* *
Le berger des taillis...
Le berger des taillis
ailes d’eau, yeux de sable
s’égare, trébuche, consent.
Noli me tangere.
Il n’est pas encore temps.
Quand le silence aura pris forme
dessous les pluies profondes
à la mort qu’il fallait
son visage intérieur
aura bâti une arche.
* *
Le lin fleurit…
Le lin fleurit
au pied du clocher.
Un vent de pardon agite
champs de seigle et moulins.
La blessure de la grâce
est un cheval
à ta main confiante.
Nathalie Rochard
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