21/12/2014
Guillaume Apollinaire plasticien
Après le superbe hommage (que je vous invite à relire, cf note blog du 4/12) de Christian Bobin à Guillaume Apollinaire, voici une aquarelle inédite (19 x 12,5 cm) de l'auteur des Lettres à Lou, soit un :
Autoportrait en cavalier masqué décapité
C'est ici une stupéfiante composition dans laquelle Apollinaire s'est représenté décapité. De profil, sa tête seule apparaît comme posée sur la selle d'un cheval noir de contes de fées ; avec le bouc qu'il portait au début de 1916 et un masque à gaz, dans un décor en kaléïdoscope brisé de formes géométriques pures contenant (à gauche) une plante naïve. A plusieurs reprises, dans les oeuvres et dessins de Guillaume Apollinaire, apparaît ce thème obsessionnel de la tête coupée (je vous laisse imaginer sa possible interprétation analytique), comme dans "Le Brasier" d'Alcools (1913).
Comme l'écrit Peter Read, il y a là une "synthèse originale de l'abstraction et de la figuration des courants néo-primitiviste, orphique ou rayonniste". La présente aquarelle révèle des emprunts mêlés au matériel iconographique et stylistique des Delaunay et de l'avant-garde russe, avec les formes fracturées aux couleurs vives du rayonnisme.
Face à la menace permanente de la guerre, Apollinaire croyait au charme talismanique de la beauté et à la vertu exorcisante de la représentation tragique. DM
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12/12/2014
Quelques réflexions d'Apollinaire sur son oeuvre
En ce qui concerne le reproche d'être un destructeur, je le repousse formellement, car je n'ai jamais détruit, mais au contraire, essayé de construire. Le vers classique était battu en brèche avant moi qui m'en suis souvent servi, si souvent que j'ai donné une nouvelle vie aux vers de huit pieds, par exemple. Dans les arts, je n'ai rien détruit non plus, tentant de faire vivre les écoles nouvelles, mais non au détriment des écoles passées. Je n'ai combattu, ni le symbolisme, ni l'impressionnisme. J'ai loué publiquement des poètes comme Moréas. Je ne me suis jamais présenté comme destructeur, mais comme bâtisseur.
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Mais Dieu m'est témoin que j'ai voulu seulement ajouter de nouveaux domaines aux arts et aux lettres en général, sans méconnaître aucunement les mérites des chefs-d'oeuvre véritables du passé ou du présent.
Lettre à André Billy. 1918
Merci, merci pour votre article, merci d'avoir goûté mes vers. Toutefois, ce n'est pas la bizarrerie qui me plaît, c'est la vie et quand on sait voir autour de soi, on sait voir les choses les plus curieuses et les plus attachantes. Quoi qu'on dise ! je ne suis pas un grand liseur, je ne lis guère que les mêmes choses depuis mon enfance (...) Je n'ai jamais fait de farce et je ne me suis livré à aucune mystification touchant mon oeuvre ou celles des autres (...) Je crois n'avoir point imité, car chacun de mes poèmes est la commémoration d'un événement de ma vie et le plus souvent il s'agit de tristesse, mais j'ai des joies aussi que je chante. Je suis comme ces marins qui dans les ports passent leur temps au bord de la mer, qui amène tant de choses imprévues, où les spectacles sont toujours neufs et ne lassent point, mais brocanteur me paraît être un qualificatif très injuste pour un poète qui a écrit un si petit nombre de pièces dans le long espace de quinze ans.
Lettre à Henri Martineau
après la publication d'Alcools
Non, il ne faut point voir de tristesse dans mon oeuvre, mais la vie même, avec une constante et consciente volupté de vivre, de connaître, de voir, de savoir et d'exprimer.
Lettre à Madeleine Pagès
02:16 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)
07/12/2014
Franz Kafka (1883-1924 )
Un hommage à l'auteur du Château, qui écrivit : "Dans ton combat entre toi et le monde, aide le monde"(...), à voir ces jours-ci dans une galerie du quartier français de Bruxelles
Arié Mandelbaum
(Bruxelles, 1939)
Franz Kafka, 2014
Technique mixte sur papier (50 x 50 cm)
À la galerie Didier Devillez,53 rue Emmanuel Driessche, à Ixelles
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