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17/04/2015

Jean Rousselot

Voici les derniers poèmes de Jean Rousselot, que connaissent bien les lecteurs de Diérèse, textes parus post mortem. Le poète, traducteur (une partie non négligeable de ses traductions n'ont jamais été publiées en livres...), romancier, nouvelliste ne fut jamais un "sculpteur de nuages" (pour parler comme Jean Anglade), mais savait bien au contraire conférer à ses vers la rage de vivre qui fut sienne jusqu'au bout de la longue route. Ses préoccupations dernières touchaient aux origines de l'univers (la fameuse théorie du big-bang) comme au sens de la vie, "s'il en est un", ajoutait-il :

A proprement parler

               Trous noirs

     N'incrimine pas la pluie
     De tes trop longues années
     Quand éclatera la vitre
     Qui t'éclaire et te protège
     Tels à Marathon les os
     Des combattants de Platées

     Ne t'en prends qu'à l'éboulis
     Des infimes naines blanches
     Qui vont revenir trous noirs
     Après avoir été ses seules raisons d'être.

 

               Secret espoir

     A pleins cubilots des mots
     Qui finiront bien
     Par signifier quelque chose
     Et pourquoi pas la vie en rose

     Ce qui compte c'est le métal qui bout
     Son odeur d'enfer
     Le risque doublé d'un secret espoir
     De s'y confondre
     Avant qu'il ne soit froide fonte.

 

               Il se fait tard

     Dindon de toutes les farces
     On a pourtant sans une plainte
     Servi de cale à l'univers boiteux
     Et de guerre lasse accepté
     La vieille hypothèse Dieu.

     Au lieu de s'arsouiller dans ses propres bas-fonds
     En quel nuage s'enfuir
     Et quelle mer tenter de boire
     Il se fait si tard dans le monde
     Que l'on n'aura pas le temps de choisir.

 

               Vaille que vaille

     Avec le sentiment parfois
     Que l'on rêve cette vie
     Vaille que vaille on nage
     Entre des forêts hiératiques
     Et des chapelets d'astres inconnus
     Sans même se demander
     S'il y a une autre rive.

                             Jean Rousselot

14:33 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

15/04/2015

Jean L'Anselme, opus 2

Après la note blog du 6 avril, en marge de la deuxième lettre - celle de Jean L'Anselme, adressée à Diérèse, ce poème, qui ouvre sur le monde des créatures fantastiques, dans le registre michaudien :

Le monstre du Loch Ness

Le Loch Ness c'est en Ecosse. "Loch" veut dire lac et "Ness" c'est son nom comme moi je m'appelle L'Anselme. On ne va pas au Loch Ness pour y bien manger mais pour y voir un monstre qu'on ne voit jamais sauf sur les T-shirt et les souvenirs comme chez nous la Tour Eiffel. Mais, nous, la Tour Eiffel on la voit. On dit qu'on ne peut pas le voir parce qu'il est trop profond et qu'il ne remonte pas parce que ça ne l'intéresse pas de nous regarder. Cela peut durer longtemps ainsi. On le voit quand même sur des cartes postales, ce sont des vues de vision. Comme il y a plein de fantômes dans les châteaux en Ecosse, les gens en imaginent là aussi. D'après ce qu'on en dit, ce monstre marin a ressemblance antédiluvienne comme un grand serpent en plus grand et en plus terrible que tout ce qu'on peut penser. On ne peut pas dire qu'il existe, c'est plus surnaturel que vrai. Le guide pense pareil. Il faut donc aller au Loch Ness car on ne sait jamais. Et puis, à force de ne plus venir le voir, le monstre finirait par disparaître.

                                                                                              Jean L'Anselme

pour illustrer, voir l'émission sur Arte le vendredi 17 avril à 22h25.

15:03 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

14/04/2015

Pour célébrer le Printemps : le poète Jules Mougin (1912-2010) et le plasticien Nicolas André

RONDE

                    Que fait la pie ?
                         Elle vit sa vie.
                    Que fait Corbeau ?
                         Il interroge.
                    Bâtissent leurs nids tous les oiseaux.

                    Que faites-vous là, mésange ?
                         L'ange bleu, monsieur.
                    Que fait moineau sur ma maison ?
                         Le bel amour, c'est la saison.

                    Que fait l'hirondelle ?
                         La demoiselle
                         et le printemps.

                     Jules Mougin
       (facteur et poète, a publié in Diérèse)

villa demoiselle BLOG.jpg

La villa Demoiselle, à Reims, peinture de Nicolas André

16:32 Publié dans Arts, Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)