03/02/2016
Un poème de René Char (1907-1988)
Maison doyenne.
Entre le couvre-feu de l'année et le tressaillement d'un arbre à la fenêtre. Vous avez interrompu vos donations. La fleur d'eau de l'herbe rôde autour d'un visage. Au seuil de la nuit l'insistance de votre illusion reçoit la forêt.
René Char
PS : Est-il besoin de souligner ici que dans La Pléiade René Char manquent malheureusement quelques titres ? Je citerai "Le visage nuptial", Paris, 1938, sans mention d'éditeur, plaquette in-8, tirée à 115 exemplaires. Ou encore "Quatre loquets à soulever", 1948 : "piqueture" sur mouchoir de Fanny Viollet, présenté sous carton entoilé. Hors commerce, ce joyau a été tiré à douze exemplaires numérotés et signés par l'artiste. En cela, René Char demeura fidèle à l'esprit surréaliste pour qui la quête du beau, hors normes est hors de prix... DM
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30/01/2016
Un poème d'Alain Jouffroy à Diérèse (1928-2015)
Alain Jouffroy, prix Goncourt de la poésie 2007 pour l'ensemble de son oeuvre, a adressé à Diérèse en 2002 cette carte postale, avec au verso un poème : "A Gorgias", qui sera imprimé dans le numéro 19 de la revue (octobre 2002) avant d'être repris chez Gallimard, in Vies précédé de Les Mots et moi (2003). Aux curieux de comparer cette version avec la définitive. DM
A Gorgias
Mais non ! – Qu’est-ce que c’est
qu’ça, la nécessité ?
Anankhé ?
Et toi, allez, qu’infuses-tu
dans la théologie,
Aléthéia ?
Pendant ce temps-là,
De question en question posées,
La vérité a foutu le camp.
En finira-t-on jamais,
avec Platon ?
Alain Jouffroy
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29/01/2016
André Miguel, poète et plasticien
Né à Ransart le 30 décembre 1920, écrivain belge d'expression française, André Miguel nous a quittés en 2008, laissant une oeuvre importante, encore insuffisamment reconnue. En poésie, citons Orphée et les Argonautes (1949), Fables de la nuit (1966), Boule androgyne (1972), Oeil immense (1977), Parler au dédale (1978)... Prosateur, Miguel est notamment l'auteur de L'Oiseau vespasien (1977).
Pour les lecteurs de ce blog, voici l'un de ses Talismans, qu'il a illustré, comme de juste :
Talismans
J’ai demandé ce qu’elle sentait
Peluche des peaux
J’ai demandé ce qu’elle touchait
Bois dur des os
Le noyer mange champignon de nuages
Voue le vent à vos feuillages
Bouches-baisers
Je quitterai ce coin léger
Pour des étangs de feu couché
Car il me plaît d’être séché
Aux ongles aux os
Un épi de maïs vaut bien un doigt
de main
A mes rétines et à ma langue
A conquérir un arpent
A boire des aubergines
A mâcher pêcher
André Miguel
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