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13/02/2016

Poésie roumaine I : Magda Cârneci

Née le 28 décembre 1955, à Bacàu. Après ses études d'histoire de l'art, Magda Cârneci travaille comme chercheur à l'Institut d'Art de Bucarest :

roue, rubis, tourbillon

roue, rubis, tourbillon
la neige l
umineuse de tes lèvres m'accompagnait
                                           à
travers le jardin
là même où je n'ai entrevu ni homme ni femme
seulement la lueur d'un lever-crépuscule
enfin engloutie par ta douceur sans fin
frémissement à travers les feuillages
là où il n'y a enfin personne       personne
seulement un arôme envahissant
et les doigts quittés sur la rive

est-ce que ce monde sera enlevé sur des ailes ?


                              
Magda Cârneci traduite par
                                                                      Alain Paruit

Poésie roumaine II : Angela Marinescu

 Angela Marinescu est née le 8 juin 1941 à Arad :


Je devrais m'essuyer le visage avec cette souffrance.
Tu es ce cheval efflanqué se nourrissant de braise.
Tu es le froid de la nuit - nuit irréelle -
Un vallon plein de fumée, un autel étroit.
Je devrais me laver les mains dans ton lac glacé
Je devrais me pencher au-dessus de toi.
Je suis un être inutile ; dans ton pur espace,
Demeure, égarée, l'audace.
Seul le désert du paradis se gonfle à ma fantaisie
Et se débat longuement.
Tu es mon poème sans visage.
Tu es mon visage sans masque.
Quel hymne, quel amour, quel sacrifice exiges-tu,
Rameau d'olivier, paix profonde, enfer qu'évente mon cerveau
- mais quel enfer, moral et raisonnable,
Cruel et profond, transparent et froid.
Etreinte passionnée, serait-ce en rêve ?
Je devrais me jeter à tes côtés.
Je devrais m'endormir à tes côtés.

Mais laisse-moi, d'abord, te couvrir d'un voile noir.

                                     Angela Marinescu traduite par
                                                                                 Odile Serre

Poésie roumaine III : Marta Petreu

Marta Petreu est née le 14 mars 1955, en Transylvanie, près de Cluj, où elle a fait ses études de philosophie. Elle a d'abord enseigné au lycée, puis à l'Université. Marta a dirigé la revue de littérature Apostrof :

Le septième jour

Il aime bien ce qu'il a créé avec une grande économie de verbes,
                                                                                                   de gestes
comme un cardiaque qui compte ses battements de coeur
la fin est proche le désespoir subit la jouissance précoce
le coeur qui pète
quand la fête bat son plein le septième jour par exemple
vlan
oui vlan juste au milieu de l'amour


Quel soleil sublime - je m'exclame - quel monde nouveau
Seigneur
ton monde comme il est beau


Puisque son sexe peut encore tracer des calligraphies érotiques,
                                                                                                     au hasard
il aime ses créatures : comme un cardiaque
il économise ses gestes


Oui. Le monde tombe de la genèse
tout droit dans le mécontentement de soi-même : oh quel bain tiède
on y patauge : ni chaud ni froid
les vices sont truqués et mesquins
minuscules, comme le démon d'Ivan
sans diamants ni sentiments comme la nuit
sans velours qu'on a tellement attendue
la nuit mûre de ma féminité ratée


Il aime ses créatures
avec une grande économie de pensées de coeur
comme un cardiaque qui dort
près de sa dernière Sabine - celle qui a quitté d'elle-même les Sabins
(l'amour et l'insomnie m'effraient - disait-il -
il m'apporte le goût féminin
de la mort)


la nuit mûre de ma féminité usée


quel soleil merveilleux - quel splendide monde nouveau


                                                   Marta Petreu traduite par
                                                                        Ed Pastenague