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30/05/2019

"Les révoltes secrètes", de Jean-Gilles Badaire, éd. Fata Morgana, 11 sept. 2009

Bien plus qu'une curiosité, ce recueil du plasticien et poète Jean-Gilles Badaire (qui a illustré le premier numéro de Diérèse consacré à Thierry Metz, le 52/53) se compose de quatorze "domaines clos", lieux-dits, chemins vicinaux ou noms de demeures comme autant d'échos de l'enfance, auxquels l'écriture redonne vie. Une impression de temps suspendu, premier pas vers l'éternité... Émaillé d'un constant appel au réel, porteur d'émotions : le peintre est là, sur sa palette il ajuste ses couleurs, ici le vert, sur le damier du Temps :


Les Gabeaux


La source est mieux écrite dans l'herbe. Deux blocs de pierre scellent l'eau. Le cresson y est facile, c'est une peau verte, des lentilles s'y meuvent doucement. J'ai souvent dérangé de mes mains cette âme tendue. Le lieu est frais, près du terrain de football gagné sur l'humidité, l'eau affleure, un réseau de rigoles lace le pré juste avant la source.
J'y ai passé des instants furtifs, volés ; solitaire, je me fondais au secret de ce lieu bruissant d'eau, j'oubliais parfois jusqu'aux cris de jeunes footballeurs. J'étais échappé de l'équipe.


Jean-Gilles Badaire

12:58 Publié dans Editions | Lien permanent | Commentaires (0)

Jean-Gilles Badaire (qui a illustré "Diérèse" 52/53) **

BADAIRE BLOG.jpg

La Beauté ne subsiste que dans le regard


Combien floues ces traces d'eau
sur les paupières fuselées des verrières
J'y sens lumière et nuit alterner
comme cerfs à l'aube entr'aperçus
dans l'échancrure des bois
là où les feuilles se font lit...


Daniel Martinez
Diérèse 31

11:00 Publié dans Arts, Diérèse | Lien permanent | Commentaires (0)

Vision de la poésie, par Armand Olivennes

Armand Olivennes, qui fut l'un des auteurs de Diérèse, et son approche du sujet :

     Tout est poétique dans l'univers, souligne Platon dans Le Banquet, mais les poètes sont ceux qui se sont plus électivement voués à l'expression verbale de cette poésie universelle, notamment grâce à la prosodie. La poésie n'est donc jamais formelle. Des sensibilités au mythe cosmique, très différentes les unes des autres, s'y affirment et s'y affrontent avec plus ou moins de réalité personnelle, de talent et de plausibilité.
     Se séparer des autres, et les rejoindre cependant, leur faire admettre une communauté, une sorte d'ensemble idéal, où tout ce qui ne tombe pas sous le sens, tout ce qui est obscurément hermétique, serait uni par la cryptologie de l'esprit, et par les mots, cette ambition a sa traduction dans les formes, la recherche formelle et dans le contenu thématique.
    Cette assignation était encore claire quand une forme commune définie, une prosodie, sous-entendait, à la fois, l'égocentricité et le sentiment de communauté. Mesures, rythmes et rimes attestaient l'individu, la personne, par rapport au discours social, mais aussi l'appartenance de cet individu à une culture commune, à un mode de civilité.
     Au XIXème siècle, ce principe de communication n'est plus devenu qu'une épreuve ; l'extériorité du Moi a subi trop de tortures, de trop violentes dénégations, pour s'y résigner et l'ensemble social a connu, malgré tous ses discours, plus de rupture que de communauté.
     Deux courants de l'art poétique, souvent opposés, se sont alors constitués. Dans le premier cas, le Moi restait à deviner, à se définir, à se replier sur lui ou à se dilater à l'infini : poésie presque ou tout à fait autistique, avec ou sans des étais prosodiques, et les accents les plus irréfutables de la sincérité, de la détresse et du cri.
     Le deuxième courant a maintenu sa (relative) cohérence, dans l'appartenance à une pluralité, en privilégiant ce qui fonde le lien communautaire, la foi, la lutte pour le progrès humain, la jouissance immédiate des biens terrestres, etc.


Armand Olivennes

07:09 Publié dans Diérèse | Lien permanent | Commentaires (0)