241158

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/05/2020

"Plus loin", de Daniel Martinez

BLOG DANIEL JARDIN SECRET.jpg


Les langueurs vertes la tête ruisselante
à la longue chevelure blanche
de la cascade qui bruit glacée
et rien qu'elle pour déchiffrer
dans la brûlure de l'été
le froissement d'un ciel
les rires en pluie au plus beau
de la forêt où dévêtus
nous sommes remis à nous-mêmes
les pieds dans les fougères
pêle-mêle sans défense
à la sarabande odorante
des mousses feuillues
traversant les temps


L'eau te couronne
cerclée de saules
de fleurs menues dont les pétales
sont des perles qui grappillent les chairs
toutes images nomades
inspirées par la géométrie fondante
et sous le dôme d'or neuf
le secret des grands feux
enfin révélé
toi joueuse d'arc
à la courbe
du cimeterre
gorge froide où paressent des poissons-chats
à faire défaillir les herbes attentives
dans un monde aplani
où les places se gagnent



Daniel Martinez

01/04/2020

"J'aurais un royaume en bois flottés", de Nimrod, éd. Poésie/Gallimard, 9 mars 2017

A vous toutes et à vous tous qui m'envoyez des mails pour me demander comment va la revue Diérèse, le numéro 78 en gestation, dont la parution est différée en mai, ce vers de Nimrod Bena Djangrang pour vous faire patienter :
"J'appelle le ciel, la diérèse en lui qui est la divine syllabe de nos vœux exaucés." Citation extraite du recueil "Babel, Babylone" regroupé dans "J'aurais un royaume en bois flottés" de Nimrod, aux éditions Poésie/Gallimard. Vous ne vous ruinerez pas en le commandant en ligne.
Amitiés partagées, Daniel Martinez

BLOG  2.jpg

J'aurais un royaume en bois flottés
acrylique de Daniel Martinez

22/02/2020

"Le regard trahi" de Jacques Laurent (1919-2000), éd. Arléa, 8 février 1988

Dans le climat d'obscurantisme affiché où nous vivons de gré ou de force, depuis quelque trois années maintenant, une relecture rafraîchissante hier au soir, "à la bougie", loin, si loin des visées extrémistes des deux rives, qui font actuellement bon ménage (!) :
celle du "Regard trahi" de Jacques Laurent, ayant émargé à l'Académie française, dans une langue j'allais dire "virtuose", au regard de ce que l'on produit ces temps-ci à l'encan, version "restauration rapide"... libertine il va sans dire. Dans l'esprit qui fut celui de l'un de mes premiers livres, "Le Bestiaire de Vénus", vous en trouverez trace sur Wikipédia.
Mais trêve de digressions, voici :

Devenus l'un et l'autre indifférents, et peut-être même hostiles, à la société, Cypriano et Evelyn laissèrent fréquemment à Marie-Luisa le soin d'être leur ambassadrice dans les salons vénitiens. Ils remarquèrent, au bout de quelque temps, qu'elle ne restait pas insensible aux futilités qui agitaient la société où elle fréquentait. Par des crépuscules d'été où l'île baignait dans un or que divisait à peine, comme un fil de cristal, l'horizon vénitien, elle parlait de la dernière chanson en vogue, de parfums, de livres nouveaux et des changements de la mode. Celle de Paris gagnait Venise ; les petits réticules d'antan devenaient des musettes crânement portées en bandoulière ; la jupe courte et ballonnée s'était imposée, escortée de guêtres et de tout petits chapeaux à antennes.
- "C'est la mode "cigale" ! soupirait rêveusement Marie-Lisa.
Au début, mari et amant s'étaient également irrités de ce qu'ils considéraient comme une manière de trahison. Puis Evelyn s'était attendri. Il était le plus enfant, il fut le plus indulgent. Peut-être aussi, parce qu'il était le plus enfant, était-il plus disposé à comprendre les caprices. Il convainquit Cypriano qu'ils n'étaient que deux ours égoïstes, oublieux de ce qu'était une femme. Tous deux trouvèrent un prétexte pour passer à Venise quarante-huit heures pendant lesquelles ils chercheraient les disques, les livres, les parfums, les colifichets qui, à leur retour, donneraient à Marie-Lisa les émotions d'une surprise ravissante."


Jacques Laurent