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09/07/2021

"Les XXXX" suivis de "Trente-neuf Quatrains", par Mathieu Bénézet, éditions Comp'Act, juillet 1989, 94 p., 68 F

Les XXXX


XXVII.

visage parcouru de sommeil être
paupières closes une aide éclairant

comme la main une dernière fois
pour offrir au lointain plus léger

plus vaste une dernière lueur un
visage nu qui efface la nuit être

une parole sans brûler

 

XXVIII.


commencement tout entier est un
corps féminin une arche une voûte

native qui ouvre l'espace captif
de l'identité ô futur du rêve

infiniment les autres me précèdent
source absolue cosmiqu
e

 

XXIX.


argile cette limite repliée
une flexion de l'origine au-dedans

cache un corps et au fond des choses
se penche vers l'avant cette offrande

de la nuque officie plus précieux secret
en surface se déplac
e

 

XXX.


lumière semblable à la soif mortelle
brûlure de gouttes d'eau floraison

imprévisible figure pensive dans la vérité
lumière je ne cessais de dire que tu fus

la mort et je m'effondrais et me reniais et
renonçais incertain du cœur


Mathieu Bénézet

13:24 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

06/07/2021

Sébastien Stoskopff, "Poète des reflets"

L’exposition la plus précieuse du printemps 1997 eut lieu à Strasbourg. Sans tapage. On y a vu de la peinture. Quarante-deux tableaux d’un seul peintre, dont l’œuvre est d’une soixantaine : Sébastien Stoskopff (1597-1657). Exact contemporain de Zurbaran, le Strasbourgeois est beaucoup moins connu que l’Espagnol. Et autre différence entre les deux grands artistes, il n’a peint que des natures mortes.

     Sébastien Stoskopff
     Un maître de la nature morte
     Musée de l’Œuvre Notre-Dame
     Strasbourg : 15 mars-15 juin 1997 (1)

Des baquets, des boîtes de copeaux, des carpes, des crânes, des livres en piles, parfois, dans le tableau, des gravures en trompe-l’œil, de Rembrandt, de Callot, des partitions déchiffrables, identifiables, des luths, et, surtout, des empilements de verres dans des corbeilles. Peu d’objets, mais sans cesse repris, variés par la composition et la lumière.
C’est au début des années 1930, grâce au conservateur strasbourgeois Hans Haug qu’est donnée une attention particulière à Stoskopff. Comme Vermeer et Saenredam, eux aussi des ressuscités, son œuvre relève d’un genre. Il n’en bouscule pas les règles. C’est à partir de la sujétion aux lois du genre que l’œuvre prend son essor, atteint son irradiation. Pour la nature morte la magie du tableau naît au défaut de la profondeur supposée du sujet, et outre ce qu’il serait censé exprimer.
Charles Sterling, auteur de l’ouvrage fondamental sur L’Histoire de la nature morte de l’Antiquité au XXe siècle (1952) (2), avait appelé Stoskopff "sorcier faustien des reflets évanescents du verre." Ce qui n’est pas le langage habituel des historiens. Et, déjà, en 1934, dans le catalogue des peintres de la réalité, à l’Orangerie, il l’avait nommé "poète des reflets et des scintillements fugitifs."
Cette définition visait sans doute les corbeilles de verres - la marque, alors, de Stoskopff comme les corbeilles de fruits celle de Louise Moillon -. Mais elle convient à toute l’œuvre, si nous entendons là, si nous voyons, l’éclat de lumière, de temps suspendu, l’hésitation du sens dans ces visions réfléchies, les réseaux de lignes, les modes multiples de la touche, qui composent, dans l’activité de notre regard qu’ils sollicitent, des objets. Leur apparition plus que leur apparence.
Certes, l’ambiguïté règne sur la nature morte depuis qu’est née, en Italie, l’idée reprise aux Pays-Bas, "de séparer les objets symboliques pour en faire des compositions plastiques autonomes" (Sterling). Le mot nature morte date du XVIIIe siècle. Stilleben, bien avant, est un mot d’atelier qui désigne le motif qui ne bouge pas, avant qu’en vie silencieuse il ne se romanticise, et invite à chercher un esprit qui s’accroît sous l’écorce visible des choses. Comme une réponse à la phrase ressassée de Pascal : "Quelle vanité que la peinture, qui attire l’admiration par la ressemblance des choses dont on n’admire point les originaux." Ainsi des cardons pourraient renvoyer à la Nativité, les poissons au Christ, les verres à notre destinée, les livres à notre présomption… Vrai et faux. Science de jadis, disputes des historiens d’aujourd’hui, qui maintenant ménagent à la peinture sa place, en l’ajustant difficilement à l’interprétation symbolique.
Cependant la résurrection de Stoskopff est liée à l’histoire de l’art telle qu’elle se fait à partir de l’art d’aujourd’hui. Dans son Dossier Caravage (3), André Berne-Joffroy écrivait : "Pour mieux louer Chardin, Malraux a recours à Braque. Il est donc licite de supposer des a priori que la résurrection de Caravage, non point inconnu, mais profondément méconnu, a été liée aux succès de ses petits neveux." La richesse multiple que nous trouvons dans Stoskopff tient pour une part aux reflets en elle des œuvres de ses petits neveux. Nous découvrons ainsi que c’est l’avenir qui se reflète en elle.
Il ne s’agit pas du jeu amusant, mais dérisoire, qui consiste à découper ici et là dans l’œuvre ancienne un pan de Cézanne, de Braque, de Courbet, de Rothko, de Barnett Newman. Mais de regarder les tableaux dans leur familiarité avec nous, et les choses et les couleurs dans leur amitié, comme disaient Cézanne et Proust. Le concept d’inquiétante étrangeté est sans prise sur les objets de Stoskopff. Au lieu des efforts de l’herméneutique, l’abandon à des suites de reflets. Dans la composition les objets peints s’offrent à nous sans assise, les personnages, rares, sans "expression". Comme se dérobe à notre prise le personnage du peintre dont on ne sait rien, que l’on suppose ambigu, comme le fut sa mort d’assassiné.
Aussi ce peintre pouvait-il devenir un bon objet pour le fantasme et des mises en scène retorses, et pour la réflexion. Stoskopff est ainsi l’un des pivots du premier roman de Michel Butor, Passage de Milan, en 1954, plusieurs années avant les articles de Hans Haug dans "L’Œil" qui ont fait connaître Stoskopff à un large public. Voici donc une pièce à ajouter au dossier de l’histoire de la fortune critique du peintre. Avec précaution. Butor installe dans le salon d’un personnage, ambigu, traversé de cultures diverses, deux tableaux de Stoskopff "avec des traces de villes et d’incendie dans le lointain." Des œuvres imaginaires, qui ne sont pas le genre de Stoskopff. L’un de leurs rôles est de faire apparaître ce qui se reflète dans la peinture, mis en évidence ou dissimulé, prêt à répondre à un appel, à un désir futur d’un spectateur, d’une époque à venir. Butor ne dit pas que Stoskopff  fut un peintre de butors (deux à l’exposition). La question du nom (4) et de l’identité fut peut-être à l’origine de son intérêt pour ce "peintre alsacien du XVIIe siècle". À coup sûr par là nous sommes amenés à considérer toute œuvre comme à la croisée de la transparence et de l’opacité.
La Grande Vanité de Stoskopff, qui aligne à la verticale des éclats de lumière sur un flacon, une boîte de copeaux, des livres, un rectangle noir, dit la Peinture, sa "vanité". Elle n’a pas affaire à la ressemblance, mais au jeu fugitif des reflets.


Georges Raillard



___________________

1. Cécile Dupeux et Ulrich Schneider, commissaires de l’exposition. Un excellent catalogue a paru à cette occasion, sous la direction de Michèle-Caroline Heck. RMN, 280 F.
2. Nouvelle édition révisée. Macula, 1985.
3. Editions de Minuit. 1959.
4. G. Raillard "Le butor étoilé ATTENTION". colloque de Cerisy sur Michel Butor. 10/18 édit. 1974.

08:16 Publié dans Arts | Lien permanent | Commentaires (0)

04/07/2021

L'été sera chaud ?

Votre serviteur se doit de vous informer de l'état d'avancement des travaux, pour Diérèse 82 en particulier. J'ai à présent presque tous les textes en mains, sauf quelques notes de lecture et une rubrique de 6 à 8 pages à venir. Il sera donc, passé le terme que j'ai choisi et qui dépend de l'arrivée de ces tout derniers envois, inutile de faire pression pour que j'accueille dans cette quatre-vingt-deuxième livraison d'autres participants. Naturellement, je continuerai de répondre et de sélectionner pour le numéro 83 de nouveaux contributeurs, bienvenus. Mais ils seront tenus de patienter un tantinet. La poésie est éternelle, comme chacun sait.

Sachez déjà que la couverture (du n°82) est prête et que l'exemplaire passera les 300 pages, comme à l'accoutumée. Les noms d'auteurs vous seront dévoilés en partie, à l'aube du mercredi 1er septembre. Beaucoup de bonnes surprises, vous verrez. Une remarque : au colophon de chaque livraison figurent quelques noms d'auteurs pour la suivante, auteurs dont certains ont été simplement contactés au moment de la mise sous presse du numéro à paraître. Il tombe sous le sens qu'il ne s'agit là, en dernière page, que de prévisions et non d'un engagement contractuel de ma part. Dans les faits, des épreuves vous sont envoyées avant publication, ce qui n'est pas le cas de tous mes confrères, hum...
En bref, Diérèse est fait de main d'homme, j'en suis en même temps la cheville ouvrière et l'animateur/directeur comme le fut Michel Lavaur. Mis à part les critiques, à qui la revue doit beaucoup et que je remercie du fond du cœur pour leur travail, considérable, il n'y a pas une équipe derrière moi, pour corriger le tir si besoin. Pour n'évoquer que le maquettage des pages intérieures par exemple, il est de mon fait, pour info je travaille sur un logiciel datant de 1998, l'année de fondation de la revue. Je ne m'en plains pas, j'y suis même très attaché, à ce logiciel, sachez-le bien, c'est un peu mon second acte de naissance, car le 21 mars 98 a paru le n°1 de Diérèse. A ce propos, voir le lien, ici inactif, à copier sur votre barre Google :
www.revues.lacavelitteraire.fr (une mine !).

Cet été, je continuerai d'alimenter le blog dans la mesure du temps libre que je pourrai dégager, au fil de l'eau... Pas de vacances à La Grande-Motte, mais sûrement quelques jours en Bretagne, pour apprendre à nos deux petites (Gaëlle et Diane) à nager autre part qu'en piscine chlorée. L'occasion pour moi de vous souhaiter de bonnes et heureuses vacances : profitez bien avant la rentrée qui verra l'émergence du variant Delta, suivi du variant Epsilon. Eh non, nous n'en sommes pas sortis, vous le savez déjà. Une anecdote, au passage : des amis du CHU de Lille au premier trimestre de cette année mémorable, se plaignaient du gaspillage des masques, dans la rue en plein air (protections qui peuvent à l'occasion voiler la mauvaise haleine, certes). Si la foule est vectrice de contaminations, le plein air par contre, en montagne, colline, plateau, plaine ou à la ville ne s'y prête pas sauf à s'y masser (ou alors il faudrait aussi porter le masque en ouvrant ses fenêtres). L'hygiène oui, la peur du moindre souffle d'air, non. La vie est bien trop courte pour s'en faire un enfer.

Dernier point, pour ce jour : j'ai comme beaucoup d'entre vous eu droit à ma première injection de Pfizer. Le vaccin est utile par contre, une évidence à rappeler, pour les formes graves de cette maladie. Mais en ajoutant qu'il convient de ne pas masquer non plus les effets secondaires du vaccin chez certains - minimes pour votre serviteur, effets pervers que je m'empresse de vous conter, sans vouloir en rajouter. Quarante-huit heures après avoir reçu ma première injection, je me suis senti flagada trois jours durant, comme après un effort intense et répété, ceci joint à des picotements intrathoraciques désagréables au côté gauche, intermittents et ressentis plus vivement au réveil ; quelques maux de tête, eux par contre tout à fait anodins, pas de quoi fouetter un chat. Ceci étant, je prendrai conseil pour ma deuxième injection, sachant que les troubles ressentis à la première peuvent être potentialisés à la seconde. A suivre donc. Et à bientôt ! Si vous le voulez bien, restez connectés pour les deux mois qui viennent, par avance merci.

Amitiés partagées, Daniel Martinez