27/07/2017
"Le Cantuaire", d'André Devynck
Pour vous familiariser (un peu) avec l’œuvre plutôt confidentielle d'André Devynck : deux poèmes extraits du Cantuaire (éd. La Corde, 1965) :
Chant du veld flamand
Dans le roux le sauvage l'inarticulé
dans le ventre promis aux dérives du vent
saccagé de socs bleus
lissé d'astres
dans la tour de l'aubier
les soutes de l'automne
dans le roux le sauvage l'inarticulé
montent
les enfants du monde
les sèves les îles blondes
Célèbes de chair
les taupes aux doigts de femme
l'écume des blés en flamme
les chevaux des rues profondes
tatoués de lunes rondes
et d'éclairs...
O fumeuse montée d'ailes et de désirs
vers quoi
vers quoi ?
* *
Sable et sel
Quand serons nus et profonds
têtes folles galets ronds
écueils
à la porte où nos doigts s'usent -
Un signe noir
sur le seuil.
Le temps ruse et nous confond
haute écluse.
Sable et sel
silence
seul.
Quel cri
quelle vague de fond
ô juge
nous rejettera ?
Liberté
le vent
l'écume.
Au ciel, étoiles posthumes.
André Devynck
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26/07/2017
André Devynck (1925-1995)
Né, par hasard, à Paris, en février 1925, de parents flamands, il a résidé près de Dunkerque - le pays de Pierre Dhainaut que les lecteurs de Diérèse connaissent bien - où il fut instituteur. On peut se procurer auprès de la mairie de Petite-Synthe et à l'auditorium Georges Bizet : André Devynck, Poète, éd. CCRD, composé de textes inédits et d'un florilège de ses plus beaux écrits, livre préfacé par Pierre Dhainaut. Sans oublier ce qu'a publié le regretté José Millas-Martin, D’Écume et de sang (1961), Loin de l'arche (1973) ; mais encore Le Cantuaire (éd. La Corde, 1965) ou Passant du soleil.
Tombeau d'un arbre
l'arbre ou le poète :
je secoue
mon socle brut.
Archange fou
j'habite un mausolée de ruines.
Je roule
sur mon erre de racines.
Je hante obscurément
les pluies nacelles.
Au bleu
au vrai du ciel
je dédie un adieu d'oiseaux.
J'aile
ma nuit
d'espace à faire feu.
André Devynck
09:53 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)
25/07/2017
Marcel Arland (1889-1986) opus 1
Vous parler aujourd'hui des "Carnets de Gilbert", livre qui a suivi ou accompagné Marcel Arland pendant près de 40 ans. Il est juste quadragénaire lorsque lui est décerné le prix Goncourt pour "L'Ordre", Gilbert en est le héros. Dans ses essais intimes, le romancier, nouvelliste de renom et critique qu'il fut, publie en 1931, à 212 exemplaires, ces fameux "Carnets de Gilbert", illustrés par Georges Rouault (éd. Gallimard). En 1944, suit un deuxième tirage, à 1150 exemplaires cette fois. En 1960, ledit Gilbert revient en scène, dans "Je vous écris" (éd. Grasset) avec Carnets d'un Personnage, majuscule à la clé. Ces Carnets continuent leur vie aux éd. Jacques Dopagne, avec un tirage à 110 exemplaires, in "Qui parle?", en 1965. Enfin, ornée d'une eau-forte/portrait de Jean Bazaine et de trois eaux-fortes originales de Janine Arland pour les exemplaires de tête, la dernière mouture des "Carnets de Gilbert", qui compte maintenant quatre parties, a été imprimée le 18 novembre 1966 sur les presses de Gaston Gallimard, à 2600 exemplaires. Sur la première page de l'un des 100 ex. hors-commerce (celui-ci avec dédicace), on peut lire :
pour Roger Vrigny
– de L'Ordre à La Musique
des Anges – une route
assez longue, assez dure,
et qu'en reste-t-il ?
Votre ami.
Marcel Arland
Rappelons s'il en est besoin, que Marcel A. (qui sut redonner un souffle nouveau à la NRF après l'inquiétant passage de Drieu La Rochelle aux commandes de la maison) met en scène dans "L'Ordre" un génie destructeur, Gilbert, qui cause le malheur de son demi-frère et de la femme qu'ils chérissent tous deux. DM
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