07/09/2015
J.-M. Lewigue (1938-2005) opus 1
Un peintre qui vivait pour son art, poète de surcroît, qui a publié in Diérèse et qui a connu Jean Rousselot. Roland Nadaus devait écrire à propos de J.-M. Lewigue, dans un catalogue dont le peintre n'a jamais vu le jour bien malheureusement, quelques mois après sa disparition :
"... Oui, ce fou de peinture est un lucide, un lucide souffrant - comme le sont les vrais voyants.
Un de ces extralucides dont le regard écarquille le regard des autres - tout comme le chirurgien écarte les chairs avant de ruginer l'os qu'il doit ressouder.
*
Lewigue, lui, ressoude le monde par son regard et sa gestuelle de peintre - le regard est lumière reçue autant que donnée, espace est le geste, sur la toile comme dans la vie : ne bouge plus le mort.
Ainsi Lewigue fait-il la radiologie du monde en même temps qu'il l'invente et le reconstruit - ou comment donner en tableaux fixes ce qui remue le plus : la vie "devant soi" et en soi-même...
*
Oui Lewigue nous ressoude au monde, à notre monde intérieur autant qu'à la poussière/boue de nos chairs - il nous ressoude à notre corps spirituel autant qu'à ses souffrantes apparences.
Mais il le fait en couleurs.
- En couleurs !"
Roland Nadaus
Expositions particulières de J.-M. Lewigue :
de 1964 à 1968 : Cimaise de Paris, Galerie Principe, Hôtel de Ville de Louveciennes
1991-1993 : Galerie Muscade (Paris)
1994 : Galerie Frédéric Sagot (Paris)
1996 : Galerie Jacques Debaigts (Paris)
1997 : Galerie Jacques Debaigts (Paris)
1998 : Poitiers Le Grand Hôtel
1999 : Galerie Jacques Debaigts (Paris)
2000 : Hôtel de Ville de Guyancourt
Galerie Jacques Debaigts (Paris)
Poitiers le Grand Hôtel
2002 : Musée de La Grande Loge de France (Paris)
2003 : Galerie Mireille Batut d'Haussy (Paris)
2004 : Galerie Pierre Michel D. (Paris)
La Galerie d'Art Aéroport d'Orly Ouest
Nayl Contemporain Poitiers
Publications :
Façon de silence, recueil de poèmes préfacé par Jean Rousselot, éd. A Contre-Silence, octobre 1991
Echardes, poèmes, éd. Moraines, décembre 1995
Coupe-cendres, poèmes, éd.Les Cahiers de l'Arbre, janvier 1997
Ombre portée, poèmes, éd. Moraines, février 1999
Les temps vénéneux, poèmes, éd. d'écarts, 2005
A réalisé de nombreux livres d'artistes...
15:33 Publié dans Arts | Lien permanent | Commentaires (0)
04/09/2015
Franck Lundangi expose à la Galerie Moisan, à Paris
Dans le cadre de Parcours des Mondes, le salon international des arts premiers, la galerie Frédéric Moisan (72 rue Mazarine, 75006 Paris) est heureuse de présenter l’exposition des oeuvres de Franck Lundangi : peintures, dessins et bois flottés, du 8/9 au 3/10/2015. Après avoir participé à de nombreuses expositions, Franck Lundangi est sélectionné pour Africa Remix, art contemporain d'un continent, la plus vaste exposition d'art contemporain africain jamais présentée en Europe...
Franck Lundangi
11:47 Publié dans Arts | Lien permanent | Commentaires (0)
L'homme baroque, par Philippe Beaussant opus I
L'homme baroque est celui pour qui l'être et le paraître se confondent. On est ce qu'on paraît, on n'est que ce qu'on paraît. "Ce n'est pas tout que d'avoir du mérite, il le faut sçavoir débiter et faire valoir." Qu'est-ce qu'un homme nu ? Ce n'est pas un homme : il faut être vêtu pour accéder à cette dignité, et la fonction du vêtement n'est pas alors de couvrir et de tenir chaud, mais de parer. L'âge baroque est le seul sans doute où l'habit masculin l'ait emporté sur celui de la femme en bouillonnements, envol de plumes, frémissements de rubans, cascades de dentelles, et où la chevelure parut indigne. La Renaissance a aimé le nu ; le XVIIe siècle lui préfère les drapés qui s'envolent et qui donnent au corps son épaisseur et son mouvement. Les dieux sculptés sont nus, par privilège, et par nécessaire hommage à l'Antiquité : mais l'homme se doit d'être vêtu. Sa dignité consiste à polir la nature et à l'orner : si la nature est de marcher, l'homme baroque danse ; si la nature est de parler, l'homme baroque se veut éloquent. Le Baroque ne croit pas que la Vérité soit toute nue : à elle aussi, il faut sa parure. La Vérité nue est pour lui aussi horrible, ou plutôt aussi indécente, qu'un mur sans pilastres, sans frises, sans corniches et sans frontons.
C'est pourquoi je ne dis pas que le Baroque préfère le paraître à l'être : le paraître et l'être doivent coïncider, mais dans un sens contraire à celui que nous entendons. Ce n'est pas à l'apparence de se faire limpide et transparente pour que la vérité qu'elle recouvre puisse être regardée sans obstacle : c'est à l'être brut de se hausser à la dignité de la parure, et de s'identifier à elle. Le chevalier de Méré, modèle de l'honnête homme, ne dit pas qu'en toute circonstance il convient d'être honnête homme ; il dit qu'il convient "de paraître honnête homme en toute rencontre", et ajoute : "Pour le paraître, il faut l'être en effet." Ainsi c'est à l'être de se conformer à la nécessité du paraître, non le contraire. Si le monde demande de paraître honnête homme, soyons-le pour le mieux paraître : voilà la véritable sincérité. Le monde baroque est un théâtre où chaque homme joue un rôle derrière un masque : mais à l'inverse des jansénistes, il ne prétend point à démasquer. Il joue entre le masque et le visage un double jeu, et refuse d'accorder à l'un plutôt qu'à l'autre le prix de vérité.
Mais il s'ensuit que l'homme baroque peut avoir autant d'être différents que de paraître successifs, et en conséquence, que l'inconstance est une caractéristique (on aurait dit alors une qualité) du baroque. Ne croyez pas qu'il mente. Ne le taxez pas d'hypocrisie si son apparence a changé. Son apparence, c'est tout lui-même, et il est toujours lui-même quand il change.
Philippe Beaussant
11:10 Publié dans Remarques | Lien permanent | Commentaires (0)