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13/08/2015

Que sauveriez-vous du XXe siècle ?

La réponse du romancier Eric Chevillard


"Les femmes et les enfants d'abord. Ensuite les grolles de Charlot, s'il reste deux chaloupes. Et le rire de contre-attaque de Beckett et Michaux, nécessaire en toute circonstance, efficace, grâce auquel nous devrions pouvoir nous sauver aussi du XXIe siècle."

Pour illustrer :
"Entoure-toi d'un insatisfaisant entourage. Rien de précieux. A éviter. Jamais de cercle parfait, si tu as besoin de stimulation. Plutôt demeure entouré d'horripilant, qu'assoupi dans du satisfaisant.

Lorsqu'une idée du dehors t'atteint, quelle que soit sa naissante réputation, demande-toi : quel est le corps qui est là-dessous, qui a vécu là-dessous ?
De quoi va-t-elle m'encombrer ?
Et me démeubler ?
Cependant au long de ta vie, te méfiant de ta méfiance, apprends aussi à connaître tes blocages." Henri Michaux

Une crise de la Poésie ?

La question revient, dans vos courriels, sur une défiance vis à vis de la Poésie qui ne trouverait pas seulement racine dans une désaffection du lectorat, relayée à présent par un désengagement des intermédiaires institutionnels, mais dans une alarmante obstination de certains éditeurs à promouvoir des poésies de chapelle - comme on dirait des "auteurs-maison" - à peu près illisibles et pourtant soutenus jusqu'ici, ces éditeurs, petits et grands d'ailleurs, par le jeu des subventions qui fausserait la donne. Une certaine inéquité dans la distribution de la manne, selon vous, règnerait dans ce milieu très cloisonné, opaque à souhait, pas seulement du côté comptable.
Vous me faites remarquer aussi que dans les revues, alors qu'une circulation des idées a lieu, des confrontations intéressantes, une variété de tons et de courants... cette variété est gommée par le milieu éditorial (un peu comme l'éclipse des auteurs non admis à figurer au programme dans les manuels scolaires). Que la part des traductions est notoirement insuffisante et que sur cette peau de chagrin qui resterait au Domaine étranger les choix ne seraient pas toujours les plus judicieux. A quoi et à qui l'imputer ?
Bref, que les lecteurs - car il existe bien un lectorat de Poésie - ne peuvent se contenter de lire ce qu'actuellement on leur présente sur les éventaires. Livres dont une bonne part ne convainc même plus les critiques littéraires, c'est dire !

A mon sens, vous n'avez... pas tort. Il y a bien un problème de fond, des questions qui mériteraient d'être abordées avec les éditeurs de poésie en particulier, et qui restent durablement dans l'ombre, faute de communication. D'une manière générale, je crains qu'il ne faille pas toujours s'en remettre à une carence du lectorat de poésie, poésie qui a de multiples visages et dont une quantité non négligeable passe aux oubliettes de l'histoire littéraire, pour des motifs pas très clairs - extra-littéraires ? La Poésie n'est pas une, pour commencer, tâchons de respecter, côté offre au public, sa diversité foncière. DM

Je reçois à l'instant une remarque intéressante d'un plasticien et poète, que je vous livre derechef : "Je peux t'assurer que l'on rencontre la même chose dans le milieu de l'art, celui des galeries et autres..."
Sans commentaire.

12/08/2015

Le poème du jour : Jacques Kober

Ce bleu s’appelle bénir frémir.

      Vue de votre balcon, pavé d’ardoise, où plonge la mer

      que tête le bleu d’un biberon de sardines.

      La mer, qui ne sera jamais couvercle mais l’aventure

      boitée sur les gros galets comme des talons

      avec défense de ne pas la regarder pieds nus.

      Tous les pas d’Italie sont permis sur le balcon de la nuit,

      la courbe d’horizon n’est pas à soupirer puisque

      défenestrée la mer est gravide d’alléluias.

      Aucune vague du rivage n’est distante à crawler la dentelle.

      Liliane caresse le doigt du bleu ouvert sur le buisson du fleuve,

      son balcon de contact n’a pas d’économie.

      Réparatrice de la lune pour éclairer le bleu,

      elle a bougé son clair et négligé que le bleu soit laqué.

      Bonté de ce studio, à bénir

      avec du bleu frémir.

                                              2012.

                                              Jacques Kober

cf l'article de Jacques Kober sur le peintre Gilbert Rigaud, en date du 30/7.

15:23 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)