20/07/2015
Lettres à Gaëlle XX
XX
Les yeux mi-clos le coeur battant
quelque chose qui flottait
hors de la nuit des hauts sapins
avec dans la poitrine la lande bossuée
le jour en haillons d'ailes
en lisière desquelles s'abîme et renaît
une de ces phrases aimées
qui voudrait tramer le monde
Tu es là qui me donnes
dès l'instant où la lumière se déclare
cette force qui me manque
dans l'ordinaire des jours
dans les sillons dessinés le ciel
les traces du pinceau
les évidences du travail
accompagnent toute une suite d'images peintes
qui font que l'on finit
par être hanté par elles
Touches-en le fond
et penche vers le bleu
où matière et idées s'interpénètrent
le vent le feu maintenant fumée
suit l'ombre portée sur le mur
et tes mains redessinent
l'amandier qui du fond du Jardin
laisse ses coques sèches craquer sous le pas
Sous la surface d'un invisible présent
cela bien même d'où filtre
cette réécriture du monde
où la vie les viviers impériaux de l'ancienne Chine
se gonflent grimés d'émaux
harnachés de vieil or
criblés de particules blanc bleuté
Daniel Martinez
20:39 Publié dans Eden | Lien permanent | Commentaires (0)
Carlo Betocchi (1899-1986) traduit par Jean Rousselot
La Maison
Avec sa façade nue, exposée
A un soleil de biais, les persiennes
Fermées, l'une écartée à peine
De la rigueur de l'autre, c'est la vie.
La maison jaune ensoleillée,
Avec un toit jaune qui recouvre
Son silence, et les suspectes, les dépouillées
Persiennes, qu'une main dénoue
Quand elle veut - et sur un fil d'espérance
S'ouvre alors ce vert, et la vie qui s'avance,
Et la journée semble de même s'ouvrir
Sur un signe, à qui garde cette nue
Façade au soleil - jaune, avec les lignes
Vertes des jalousies closes, avec les fils
D'ombre incrustée dans les lames subtiles -
Construite pour le silence dont nous vivons.
Carlo Betocchi traduit par
Jean Rousselot
20:07 Publié dans Jean Rousselot, Poésie italienne | Lien permanent | Commentaires (0)
Marino Piazzolla (1910-1985) traduit par Jean Rousselot
Petit miracle
Je suis tellement innocent
Que lorsque je me lave
L'eau devient plus claire
* * *
La Gazelle
J'ai acheté une gazelle.
Souvent dans ses yeux
Je vois ma mère venir vers moi
Pour me tenir compagnie.
* * *
La garçonnière
Deux papillons blancs
Se sont aimés
Dans mon ombre.
Je sers donc à quelque chose.
Marino Piazolla traduit par
Jean Rousselot
13:34 Publié dans Jean Rousselot, Poésie italienne | Lien permanent | Commentaires (0)