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31/01/2020

Le Fennec (Renard des sables)

Carnet Saharien

Le Fennec

FENNEC.jpg

Dessin à la mine de plomb de Pacôme Yerma

 

Du sable, la tête qui dépasse
marquée de grands yeux sombres ;
fixe,
le regard, au-delà du feu blanc
dissout les dernières fibres de la nuit
présentes ici ou là
aussi vite éclipsées.
Lui, Fennec, jamais ne semble
souffrir du Soleil
qui frappe pierres et sol
et vrille le bleu intense.

Ce côté du monde qui est le sien,
il sait en tirer profit
comme de la plus petite ombre
que chérit l'épineux.
Un écart des paupières,
il est là, bien là,
se tapit comme un lièvre
le menton enfoui presque ;
un murmure, un petit cri
un sifflement qu'est-ce au juste
que ces étranges sonorités
dont il garde le secret ?


Moustaches fines
époussetant le hasard
fourrure et poussière
dessinent une cavité
dans le jour aveugle
- son terrier, vrai labyrinthe.
Sans crier gare, pointe un museau noir,
un verbe de mouvement.

D'un coup, l'échine qui se fige
avant de se déployer.
Car il chasse ainsi la gerboise
projetant les griffes
ouvrant la mâchoire
pour foudroyer la proie élue.
La victime alors, dépecée longuement.


Figures multiples de la nature,
qui se moque bien de nos sentiments
quand elle est fidèle toujours
aux temps anciens
où l'histoire se passait
du vernis de la culture.

                                  Daniel Martinez

07:10 Publié dans Arts, Bestiaire | Lien permanent | Commentaires (0)

30/01/2020

"Qui livre son mystère meurt sans joie", de Monique Apple, éd. Lettres vives, septembre 1985

Le mensonge est l'odeur d'une vérité brûlée.


La subversion est, nous dit-on, à l'origine et à la fin du monde. Naître d'un bouleversement pour mourir pulvérisé. On veut entre-temps nous faire vivre à la recherche de la paix.


Je manque de ce que j'ai en trop.


Si même la vérité était mensonge, notre royaume serait bien de ce monde.


Élucider, c'est donner une consistance à la complexité.


Une civilisation évoluée mobilise à tort ses forces sur l'action, tant elle est persuadée n'avoir plus à penser.


Vouloir créer, c'est déjà se sentir plusieurs.


Le pardon, c'est arriver à trouver l'erreur d'autrui nécessaire.


Je ne réduis les gens qu'à leur infini.


L'homme ne désire que ce qu'il craint, ne lutte que pour assouvir son doute, voilà pourquoi il n'est pas satisfait quand il a réussi, car il ne se trouve pas en possession de ce qu'il aime, mais précisément de ce qui le dérange le plus.


Monique Apple

07:20 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

28/01/2020

Le Saint-Pierre

saint pierre blog.jpg

dessin de Pacôme Yerma

 

   Un peu du bleu froid que l'on boit
   du frisson sableux qu'élucide
   en son approche le Saint-Pierre
   revient aux girandoles de l'abîme.


   Dansent à la surface
   des cercles concentriques
   à même la toupie de l'écume
   d'un seul éclair il s'argente
   et les voilà sublimées, les perspectives :
   les algues seraient fougères
   au souffle d'un peuple de harengs
   qu'il a suivis d'instinct
   laissant aller sa mâchoire mobile
   pour happer un peu de la chair du monde
   parmi le halo d'étoiles filantes.


   Entre les rayons longs
   de la nageoire dorsale
   par jeu les filaments saluent
   d'une musique abstraite et pure
   l'aura des îles oubliées
   et bris de vases par les fonds
   cherchant appui consolation.


   Tête proéminente dans le secret
   des royautés déchues
   des chapelets d'air
   déchirent la membrane liquide :
   le mythe est-il inscrit
   sur les flancs du Saint-Pierre
   dont on dit que l'apôtre le saisissant
   lui imprima au côté
   ces deux ocelles noirs
   nimbés d'un anneau jaunâtre ?


   Vive empreinte d'une enfance
   sous le calque des mots
   qui disent à leur façon l'autre rivage
   scintillant agité bruissant
   quand la lumière sans pourquoi
   éclaire les profondeurs.


Daniel Martinez

11:43 Publié dans Bestiaire | Lien permanent | Commentaires (0)