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08/07/2020

Au refuge des Mattes

Parpaings de lave rouge
et quartiers de basalte
sous les hématomes d'encre pâle
que disperse l'orage
tout s'arc-boute
et cette eau qui ligne à ligne
grave les traces du passé
a confondu le nôtre
aux derniers degrés du sommeil
nous les avons conduits à bien
images floues sons ouatés
ce furent les dernières
coordonnées de l'ombre

percée vive par le bleu
d'une robe négligemment

posée sur le vantail
vacillant de l'onde
un rien dans quoi la vie se précipite

avec les remous des orges
des herbes émeraude
et des roses sauvages
le corps de l'air aspiré du dedans
soustrait à l'érosion des jours

 

Daniel Martinez

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03:32 Publié dans Variations | Lien permanent | Commentaires (0)

07/07/2020

"Fragments nocturnes pour une chanson d'aube", de Michel Passelergue, avec 5 photos de l'auteur, éd. du Petit Pavé, sept. 2018, 72 p., 8 €

Elle est partie sans un mot. L'orchestre achevait de se dissoudre en symphonie involontaire. Le rideau a replié ses ailes sur le silence et la poussière. Je suis resté devant mes brouillons hasardeux, d'anciennes élégies fermées à double tour, quelques cartes muettes, un écran aux lendemains enneigés. Le temps, émondé de l'intérieur, ne respirait plus. Alentour, les chambres d'hôtes semblaient désertées. L'ascenseur, muet à tous les étages, m'a ouvert le chemin encore suivi par les ombres, à la périphérie de cette cité engourdie dans l'oubli de ses veilleurs. Une lumière vacillante, au bout de la rue, m'a fait signe. Je suis entré. La boutique regorge de vieux volumes, manuscrits, documents, coupures de journaux. J'ai feuilleté longuement les répertoires, les annuaires périmés, carnets d'adresses, notices nécrologiques, photographies mondaines sur papier glacé, - aucun indice sur sa disparition. J'ai ouvert un Abrégé de l'absence : confronter l'avers et l'envers de chacun des mots qui me manquent me permettrait, au mieux, d'apostropher le vide. A l'aube, plus rien que ces images d'un mauvais rêve.

 

Michel Passelergue

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03:46 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

06/07/2020

L'expression "Retourner le ciel et la terre", par Ji Yuan

L'expression "Retourner le ciel et la terre" apparut la première fois dans le poème Dix-huit chansons à la flûte nomade, écrit par Liu Shang durant la dynastie Tang (618-907).

Liu Shang excellait en poésie et en peinture. Il aimait boire et était souvent déprimé. Il buvait sous le clair de lune et sa poésie fut toujours le reflet de ses sentiments les plus intimes. Il peignait des oiseaux, des poissons, des insectes et des paysages. Il vécut de nombreuses années dans la solitude puis un jour disparut. Personne n'a su ce qu'il était devenu.

Le poème Dix-huit chansons à la flûte nomade parle de Cai Wenji, une célèbre poète et musicienne de la dynastie des Han orientaux (25-220). Cai fut capturée puis emprisonnée dans les terres du Nord par les nomades Xiongnu (peuple nomade du Nord de la Chine) qui avaient envahi la capitale de la Chine de 194 à 195. Durant sa captivité, Cai Wenji fut mariée à l'un des princes et lui donna deux fils. Cai resta prisonnière des Xiognu pendant 12 ans jusqu'à ce que le seigneur de guerre Cao Cao (155-220, il est celui qui établit les fondations de ce qui devint plus tard le royaume de Wei) paie une lourde rançon pour la faire ramener en Chine. Cai fut relâchée et retourna dans son pays natal, mais elle laissa ses deux enfants en territoire Xiognu...

Dans son poème, Liu Shang écrit dans la sixième chanson : 
"Par le fait d'un printemps bien court,
on ne trouve ni fleur ni saule sur les terres nomades.
Qui remarque quand le ciel et la terre se retournent ?
On cherche maintenant l'étoile du Nord en faisant face au Sud.
Quand on suit tous les ordres que l'on reçoit,
les mouvements de mains passent mieux que les mots".
Par la suite, l'expression poétique "retourner le ciel et la terre" (tiān fān dì fù), synonyme d'un changement profond dans l'ordre des choses, passa dans le langage courant.


Ji Yuan