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28/08/2020

Daniel Abel, en majesté, dans le numéro 79 de Diérèse

Saint-Cirq-Lapopie

Avant le petit jour, quelles mains affairées déposent mystérieusement en bordure de la route principale, par les ruelles pavées du village, des trémières dont les corolles s’ouvrent à la lumière matinale, étageant leur magie : blanc d’ivoire, jaune safran, lie de vin, violet améthyste, bleu azur, rouge carmin… les trémières, à chaque carrefour du village, au bord de la falaise, au terme du terre plein qui jouxte la maison du poète, penchées sur le vide… le poète, filet en main, pourchassant, aux ailes chamarrées vibrant dans le solaire, des papillons.

Au soir, quand le village s’enfonce dans le silence, les vieilles pierres se parlent. Les hirondelles ont déserté les nues, regagné le coffre de bois ouvragé, à un angle de la "chambre aux oiseaux". Leur succèdent les noctuelles, au vol floconneux, échappées des ruines du château, sur le promontoire.

Un ver luisant, "diamant de l’herbe", à l’orée d’un buisson, en appelle à l’étoile. Les Grands Transparents se parlent par la bouche des trémières. Ils évoquent les temps heureux de l’amour courtois. Chaque chevalier, à ses côtés l’élue de son cœur, chaque corolle des trémières, murmurent "je vous aime je vous aime".

Daniel Abel

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27/08/2020

Bernard Pignero, au sommaire de Diérèse 79

POINT DE VUE


Une fois de plus, tout est parti de la pierre. Parce qu’il y avait là plus de rochers que de terre, le jardin est devenu cette espèce de garrigue que les héliotropes et les hibiscus ont l’air d’avoir colonisée depuis la création du monde. Quant à la maison, elle a dû se contenter de ce qu’il restait d’espace, se contorsionner entre les blocs de roche et les rares pins maritimes, pour ne pas déranger et tenter néanmoins de durer. Mais à la longue, on a oublié l’aspect minéral du site ; la civilisation avait imposé son empreinte.
Ici, on ne se met pas en frais d’architecture. Des planches goudronnées, quelques briques creuses, de la tôle ondulée et des vitres, le maximum de vitres pour ne rien perdre du spectacle... et puis une touche de génie ; il n’en faut pas plus pour assurer le clos et le couvert d’un coin de paradis sur terre.
Sur terre, c’est vite dit. Est-on encore sur terre quand on domine l’océan de si haut que l’on a l’impression de planer entre le ciel et l’eau, de n’être rattaché au sol que par des habitudes et des contraintes ? Une terre réduite à une corniche veinée d’incertaines routes et de chemins ravinés, çà et là hérissée de pins hirsutes et de genêts, mérite-t-elle encore ce nom ?

 

Bernard Pignero

26/08/2020

Sophie Marie Van Der Pas, de concert in Diérèse 79

Là j’avance, dans le corps à corps avec le cheval, jambes aux muscles claquant le flanc bombé de l’animal, le galop élastique, fendre le vent de terre aux épousailles de l’effort, équilibre, parfois s’accrocher au cuir, harnaché de sueurs, foncer, derrière les sabots, la poussière soulève le courage des années, les naseaux dilatés de fougue, l’équilibre gagné, la course continue vers l’infini, quel infini, chevauchée ivre de puissance, fusion, qui est la bête, là, j’hésite à prendre de la vitesse, c’est le moment de respirer, de serrer les mors, de ralentir, de ramener le trot, puis la marche, j’ai besoin d’arrêter les images qui courent, plus vite  que la forêt, de flatter l’encolure, en cherchant l’autre contact, l’intime, personne ne refuse la confiance.

 

Sophie Marie Van Der Pas

 

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Collage de Daniel Abel