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27/12/2015

Lettres à Gaëlle XXVI

XXVI


Dans les parcelles du temps des saisons et des heures
elle en pare tout entière sa langue perdurant là
depuis l'arrière de la gorge jusqu'au glissement de la voix
avec l'édifice des voiles un monde en mouvement


Vrai temps constellé mes formes d'air mes chemins
de nuages dessus le hêtre rouge somnambule des toits
je réapprends à vivre la ville est un ciel
où nous progressons absolus, toi comme feu respirant


moi libre sous ta main fine traçant ses rimes
tutoyant les luisants fusains dans le creuset des jours
que boit le sable de l'allée l'arc de tes lèvres
du même souffle apaisé 


A très petits flocons paraissent
les blés hauts des deux côtés de la route vicinale
cherchant issue lorsque la terre précise s'incline
sur une mer de buissons, une parure à traîne
qu'invente la toile du poème


Et le mot sans relâche qui me brûle
se devine au-delà des pensées
dans cette enclave ce Jardin surpris
dont on a gardé le désir le souvenir l'image
d'une éternité paisible gravée dans l'embrasure


                                                  Daniel Martinez

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11/12/2015

Lettres à Gaëlle XXV

XXV


Sur l'herbe du champ verte encore malgré la saison
des mouettes paressent nous entendons leurs cris
et le petit lac tout proche fait au passage frémir
quelques grèbes dont garde trace cette foule


insensée des nuages, la bouche bleue du bosquet
que tu ouvres des doigts comme le coeur de la terre
avec les troncs blancs des bouleaux nus
et le sentiment de son élection qu'engendre la beauté


quand elle vous est offerte sans crier gare
au détour des minutes arrachées au temps
où tout là-bas est offrande sous le vent
qui fait glisser lentement l'écho de nos pas


parmi les lignes des labours pétrifiés
de l'autre côté de la départementale.
Dans un semis de taches rousses
le présent acquiert l'épaisseur du passé


ainsi nous voyageons dans notre histoire
la main que je te donne échappe tout à fait
à ton âge, Gaëlle aux yeux sombres
sous les masses bruissantes délicieusement confiants


                                                        Daniel Martinez

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10/12/2015

Lettres à Gaëlle XXIV

XXIV


La nymphe de pierre s'est écaillée l'éternité seule fait le lien
un oiseau parle, puis deux, ils puisent dans ton visage
le silence que l'aquilon sème dans l'herbe aux boutons d'or
et qui saura donner à ton corps


la légèreté appropriée à ce voyage
respirant et docile comme si tu interrogeais
le dénuement de mes heures lentes
livrées au monde, à l'insecte claudiquant


qui troue le réel pour arracher ce qu'il peut
à l'inerte éconduit par les premières heures du jour
un tisserin frappe de son bec les tuiles,
la chambre est encore plongée dans l'obscur.


Aux frissons coulis du froid tes yeux clos
reconnaissent les tresses d'un dernier rêve
compliquées des plus petites coulisses de la lumière
la route est là ses épaules glacées


vois comme elle est longue comme elle dessille
l'oeil à ce qui vient, à l'espace tolérable
marqué par les nervures des mains
et les pieux noirs des clôtures


entends la menue monnaie des mots
ainsi qu'une volée de pies dans l'inextricable monde
la coulée du ciel corolles dentelles pétales
presqu'un battement d'ailes dans la poitrine.


                                           Daniel Martinez

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