27/09/2014
Poèmes à Gaëlle IX
IX
Aux hautes heures de la nuit
alors qu'il pleuvait, qu'il grêlait même
comme le vent sur la croisée
donnait à chaque goutte un son distinct
nos deux chaises paillées
veillaient dans la petite pièce
cette ombre bleutée venue
se loger à son tour en nos yeux.
Depuis la grotte de ton ventre
vinrent ses premières poussées
Gaëlle attendait son heure
impatiente, n'ignorant pas
que nous allions l'appeler
dans la langue pure de Li Po :
"celle qui vient avec la pluie".
Mille regards translucides l'accompagnaient
dans sa quête, ici, très loin
espérant avec elle
l'Instant de la libération
la silencieuse paix du ravissement
pour clamer l'immanence au monde.
En bordure du Roji
ces "pierres d'atout" furent
caillots de ton sang versé, Mei,
pour que naisse notre enfant
par les chemins du monde
avec les arabesques des pluviers dans l'empyrée
et les vols d'oies au long cours.
Daniel Martinez
(27/9/14)
* Les précédents "Poèmes à Gaëlle", les VII et VIII, sont en date du 28/8.
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24/08/2014
Poèmes à Gaëlle VIII
VIII
Au singulier d'un chant
se lit le rouge éclat
de la baie pressentie
par le merle à plastron
*
Mésange dont la capuche bleue
décille l'air vif où
les cristaux de neige gravent
ce que je sais de toi pardon
*
Pardon d'avoir sous les mousses
de ma conscience nourricière
confondu les taches de l'orvet
aux crins roux du buisson
*
Et les yeux de l'esprit
la frontière passée
à ce tisserin
dont l'aile effleure l'étang vert
*
Un seul fil de sa chevelure
qu'incidemment elle a
par-dessus mon épaule laissé
se perdre dans la nuit d'été
*
Noctule ou vanesse
prises au piège de l'oeil
au bas des marches du perron
l'ombre des deux jarres s'éclaire
Daniel Martinez (24/8/2014)
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Poèmes à Gaëlle VII
VII
Age d'or et de sable de la mer intérieure
ses gris-bleus à demi effacés
de coquillages roulés par les flots
barques gréées de voiles carrées
pour un pays où il ne s'agit
que de glisser sur l'eau
à la lumière de cet espace reconstruit
la part déambulatoire de l'être
et toujours au fil de nos veines
vive la mélodie du rivage
l'enfance la petite enfance resurgies
rétablissent l'accord du monde
Faudrait-il de séquence en séquence
réemprunter l'une de ces voies
qui toutes à présent sur ma feuille
vont convergeant
vers le mois de septembre
parmi les masses bruissantes
les ombres moins vives
les cernes les volumes
et turbulentes diagonales
posés dans l'air du soir ?
Faudrait-il à mesure
conduire jusqu'au bleu de safre
au vert et au jade précieux
sous une fine rosée propitiatoire
brindilles et choses vivantes
confondre notre corps d'hier et d'aujourd'hui
aux chairs minérales du grand rocher
à l'odeur persistante
des feuilles pensives de l'automne ?
Daniel Martinez (24/8/2014)
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