10/06/2015
Lettres à Gaëlle XIX
XIX
Tout l’être à cet instant de la traversée
sous la végétation des toitures
cristaux échappés de l’enveloppe des songes
la ville apparaît avec ses coulées d’ombres et de couleurs
gongs du vent immense pouls qui bat
voilà le vert autour de nous qui fera
ressurgir ce sans quoi
je ne peux ni vivre ni écrire
Sur la terrasse la plus haute du jardin
quoi donc à cet endroit où l’allée
forme un coude et s’élargit
quoi donc s’efforce de paraître
hors le labyrinthe du rêve
une brusque éruption de lumière
où l’ouest et l’est se mêlent
J’aime ce visage impassible de la nature
offert par l’ouverture des fenêtres
le ciel jaune de ce dix juin
qu'éveille la note basse de l'oiseau
la jubilation des grandes anamorphoses
J’ai pétri de la boue et j’en ai fait de l’or*
quand le feuillage te souffle tel autre signe
un cheveu de toi un goût de nuit sur la langue
annonce le sens qui naît
d’une contraction du silence
il est ce qui fléchit et ce qui monte
rendu à la limpidité
pareils à l'eau nous sommes faits
Daniel Martinez
* Charles Baudelaire
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Les un an de Gaëlle !
Dans 30 minutes, Gaëlle aura un an !
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28/05/2015
Lettres à Gaëlle XVIII
XVIII
Ce que nous percevons sous l'émail du regard
n'est autre qu'au Pays des deux lumières
l'empreinte vive des oiseaux de lisière
ce que nous apprenons n'est autre
que l'usage de la contemplation
quand il aura suffi d'un simple sourire
pour diffracter les rayons solaires
devant un rideau de trembles
suspendus dans le bleu irréfutable
Les feuillages des paumes ouvertes
au miroir des jours dessinent
un long un immense filet mouvant
où s'agitent des ombres mâtinées d'or
et glisse sur les damiers horaires
sur l'épaisse laine de l'humus
un satin de robe silencieuse presque
qui crépite un peu jusques aux yeux
grands ouverts des statues dans le parc
Dans l'entre-terre un bruit qui point
celui d'un pas humain ou animal
les souples cycles et les moires
découvrent le bec jaune d'un merle
au surplomb d'un bosquet roux
Ce que nous devenons cendres grises
ou cendres blanches selon les jours
seront des mots de veille
ramilles d'où partiront des bulles
perdues dans l'invisible
veines vivantes de l'outre-temps
ou grains de sel grains de silence
Que dirais-je de plus
pour être si long temps resté seul
dans ma nuit
Daniel Martinez
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