01/04/2020
"Corps et âme", de Frank Conroy, éd. Gallimard Folio, 1 janvier 2018
Un livre à un prix plus qu'abordable, à commander en ligne, venu d'un "grand" pays, où certains patients atteints du Covid-19, mais ne disposant pas d'une bonne assurance médicale, hésitent à pousser la porte des hôpitaux pour se faire soigner. Voyez le résultat à l'arrivée ! No comment... Amitiés partagées et mon salut à Christian Saint-Paul, Daniel Martinez
À propos
À New York, dans les années quarante, un enfant regarde, à travers les barreaux du soupirail où il est enfermé, les chaussures des passants qui marchent sur le trottoir. Pauvre, sans autre protection que celle d'une mère excentrique, Claude Rawlings semble destiné à demeurer spectateur d'un monde inaccessible. Mais dans la chambre du fond, enseveli sous une montagne de vieux papiers, se trouve un petit piano désaccordé. En déchiffrant les secrets de son clavier, Claude, comme par magie, va se découvrir lui-même : il est musicien. Ce livre est l'histoire d'un homme dont la vie est transfigurée par un don. Son voyage, à l'extrémité d'une route jalonnée de mille rencontres, amitiés, amours romantiques, le conduira dans les salons des riches et des puissants, et jusqu'à Carnegie Hall... La musique, évidemment, est au centre du livre - musique classique, grave en ses tonalités, mais aussi le jazz dont le rythme très contemporain fait entendre sa pulsation irrésistible d'un bout à l'autre du roman. Autour d'elle, en une vaste fresque à la Dickens, foisonnante de personnages, Frank Conroy brosse le tableau fascinant, drôle, pittoresque et parfois cruel d'un New York en pleine mutation...
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04/10/2019
"Les fantômes", un livre pauvre d'Alain Eludut
Les fantômes
Le cours volage du temps
qu'un bouquet d'ancolies maquille de bleu
s'abandonne à la lumière des saulaies
pour épuiser l'eau et les larmes.
Oh retiens la course encore !
Ce qui paraît n'est que la trace du chemin
tout est à inventer tu le sais
les songes et la mélancolie des séjours.
Sur les chemins où vacille la terre, des corps
vont et viennent obombrant nos visages.
L'image noire ne peut s'échapper
de leurs reflets imprécis défaits du sourire.
Seules des haies mesurent
leur hauteur à notre image.
Se pourrait-il que suffise le chant des oiseaux
la consolation de l'été au bord des frondaisons ?
Alain Eludut
Alain Eludut s'est associé à la plasticienne Martine Rosenzveig pour composer ce livre d'artiste, édité par Daniel Leuwers au Livre pauvre. Le présent texte a été repris chez Tarabuste éditeur in Les années pratiques (2014).
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30/05/2019
"Les révoltes secrètes", de Jean-Gilles Badaire, éd. Fata Morgana, 11 sept. 2009
Bien plus qu'une curiosité, ce recueil du plasticien et poète Jean-Gilles Badaire (qui a illustré le premier numéro de Diérèse consacré à Thierry Metz, le 52/53) se compose de quatorze "domaines clos", lieux-dits, chemins vicinaux ou noms de demeures comme autant d'échos de l'enfance, auxquels l'écriture redonne vie. Une impression de temps suspendu, premier pas vers l'éternité... Émaillé d'un constant appel au réel, porteur d'émotions : le peintre est là, sur sa palette il ajuste ses couleurs, ici le vert, sur le damier du Temps :
Les Gabeaux
La source est mieux écrite dans l'herbe. Deux blocs de pierre scellent l'eau. Le cresson y est facile, c'est une peau verte, des lentilles s'y meuvent doucement. J'ai souvent dérangé de mes mains cette âme tendue. Le lieu est frais, près du terrain de football gagné sur l'humidité, l'eau affleure, un réseau de rigoles lace le pré juste avant la source.
J'y ai passé des instants furtifs, volés ; solitaire, je me fondais au secret de ce lieu bruissant d'eau, j'oubliais parfois jusqu'aux cris de jeunes footballeurs. J'étais échappé de l'équipe.
Jean-Gilles Badaire
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