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13/05/2019

"Plusieurs vols d'étourneaux", de Bertrand Degott aux éd. Les Deux-Siciles, juin 2003

A l'enseigne des Deux-Siciles, a paru il y a près de seize ans Plusieurs vols d'étourneaux, de Bertrand Degott (7 €). Dix-septième livre de la collection Poésie, imprimé par mes soins à Fontainebleau, dont voici deux pages entre toutes.
Cet opus, après la publication par Bertrand Degott chez Gallimard de Éboulements et taillis (1996) et Le Vent dans la brèche (1998) ; avant Battant (La Table ronde, 2006), À chaque pas (L’Arrière-Pays, 2008) — et une « mise en vers français » des Sonnets de Shakespeare (La Table ronde, 2007). E la nave va... comme l'écrivait Guiseppe Ungaretti.

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Bertrand Degott

30/04/2019

A la manière d'un conte : les éditions Marchant Ducel (1982-1995)

Il s'agit de l'histoire d'une petite maison d'édition - qui a donné lieu à un conte de mon cru d'ailleurs, intitulé : "Rien de précieux ne s'efface", vous pouvez vous y reporter dans la catégorie du blog correspondante.

Cette maison s'appelait "Marchant Ducel", soit Marcel Duchamp dans le désordre. Vous l'aviez deviné, je sais. La directrice de publication, une certaine Lucie Ducel, aquarelliste de talent, habitait alors 79 rue du Chemin vert. Elle était slave et son compagnon l'avait quittée. Résultat : il lui fallait vendre ce qu'elle avait édité à grands frais pour se payer seule son voyage de retour au pays, en 1995. Je devais - le hasard fait parfois bien les choses - la rencontrer dans ses appartements ; âgée, elle avait bien du mal à se déplacer et le parquet, un peu trop ciré, laissait craindre le pire. Elle s'était endettée, en fait, avec des éditions de luxe, pour des poètes de son choix. Mais desquels au juste parlez-vous, je vous prie ?

Elle me narra ce qui fut son aventure, sans ambages. Tout cela avait commencé par la publication, en Inde, du Convalescent, de René Char, imprimé en mai 1982 par Neesa Press, à Katmandu, un recueil enté d'une peinture tantrique. Le tirage était alors de 25 exemplaires sur Népal. Un joyau, naturellement ! Vous me connaissez mieux à présent, je ne dis pas cela à la légère... "Mais quel homme charmant, prévenant, ce René Char !, vous ne pouvez l'imaginer. Nous avons partagé un moment de vie, inoubliable."
Dans la foulée, il y eut le Dernier Chant de Milarepa, traduit du tibétain par Lopsang Lama, à 40 exemplaires cette fois-ci, toujours auprès du même imprimeur.

Et tant d'autres : Brug'pa Kun'legs, Lokenath Battacharya (Des aveugles très distingués), Roger Munier (Comment dire ?). En août 1983, le couple décida de rentrer en France. Yves Bonnefoy, qui habitait alors le onzième arrondissement publia chez elle, Lucie Ducel, deux livres : Par où la terre finit, à 45 exemplaires sur papier de jute du Rajasthan, avec une miniature indienne, imprimé en juillet 1985 par Franck Meyer, à Paris.
Vous l'avez compris : dans leurs bagages, le couple Ducel avait ramené des miniatures indiennes, pour la bonne cause. Et grand bien leur en a pris, puisque Yves Bonnefoy récidiva avec Là où creuse le vent, tiré à 49 exemplaires sur Larroque (en juin 1986), recueil rehaussé de deux peintures tantriques. Le même mois de la même année précisément, Philippe Jaccottet se fendit d'un bel ouvrage illustré par une aquarelle de Anne-Marie Jaccottet : Le Cerisier (49 exemplaires, imprimés par Gilles Couttet, Le Pontet). Lucie adorait les aquarelles, il est vrai...

Mais, ce qui m'importait le plus était bien ces deux recueils de Henri Michaux dont vous savez tout le bien que je pense, mis en vente à la défunte librairie Nicaise sur le boulevard Saint-Germain, remplacée par je ne sais trop quoi qui s'accorde à notre temps d'inculture (assumée ?)...
Ce fut d'abord, en juin 1983 - Michaux n'avait plus qu'un an à vivre -,  Yantra, 15 pages en accordéon, tirés en tout à 36 exemplaires sur Népal, tous rehaussés d'un shri yantra traditionnel (je ne suis pas sûr que la BNF en dispose d'un seul, mais peu importait à Henri Michaux, libertaire d'esprit, qui se moquait souverainement des officialités !, un poète authentique largement trahi post-mortem). Quelques jours avant de passer de vie à trépas, il avait téléphoné à Lucie pour lui dire qu'il l'avait rêvée dans les tons roses, de la couleur précisément du shri yantra de son opus.

Il y eut aussi, du même auteur aujourd'hui "pléiadisé" (il s'y était toujours opposé de son vivant) Fille de la montagne, publié en mai 1984 à 60 exemplaires par Gilles Couttet toujours, sur Arches. Je vous en ai donné ma lecture, reportez-vous à la catégorie "Henri Michaux".

Voilà... Ce fut un grand regret que de quitter Lucie Ducel, repartie dans ses contrées peu de temps après que nous nous soyons rencontrés. Elle avait vécu une aventure formidable, avait côtoyé parmi les plus grands poètes du XXe, et, las, elle n'est plus de ce monde à présent. Daniel Martinez

10:13 Publié dans Editions | Lien permanent | Commentaires (0)

02/12/2018

"Célébrations" des éditions Robert Morel (1947-1978)

Il y a de cela quarante ans, les éditions Robert Morel tiraient leur révérence. Un rappel de ce que fut, hors temps - car toute œuvre de qualité le défie - cette belle aventure :

"Pour nombre de lecteurs et d'amateurs de livres, le nom de Robert Morel est associé à une collection de curieux ouvrages reliés, de petits formats, et tous singuliers. Ces volumes, qui parurent de 1961 à 1971, étaient rassemblés sous le beau nom de "Célébrations". La collection compta une soixantaine de titres et autant de thèmes : du chat à l'asperge, de la nouille aux fourmis, de la fidélité à l'épingle à nourrice, à la pierre ou au fumier...

Parfois, un auteur célèbre s'emparait d'un objet : c'est ainsi que le poète Jean Follain entonna un digne chant en l'honneur de la pomme de terre. Il y eut même, en 1968, des "célébrations" accompagnées d'un microsillon 45 tours édité par Philips : Juliette Greco et Johnny Hallyday furent alors honorés. Après la faillite des éditions Robert Morel, en 1978, on trouva des volumes de cette collection à la devanture des soldeurs. Puis certains titres devinrent rares, prirent une cote chez les libraires de livres anciens.

La Bibliothèque Louis Joseph de Château-Arnoux dans les Alpes-de-Haute-Provence - non loin du Jas du Revest-Saint-Martin, où l'éditeur s'était installé en 1962 - avait, au moment de la liquidation, racheté 160 titres du catalogue Robert Morel, promis au pilon. Onze ans après la mort, en 1990, à l'âge de 78 ans, de Robert Morel, une exposition a été organisée dans la médiathèque de Château-Arnoux. Parallèlement, un très beau catalogue-inventaire de toute la production de la maison Robert Morel a été publié par les éditions Equinoxe (Domaine de Fontgisclar, 13570 Barbentane, 30,18 €).

Un "essai de bibliographie" dû à Georges Fenoglio-Le Goff recense tous les livres publiés par Robert Morel depuis le début de son activité, en 1947, de la littérature à la mystique en passant par le terroir et la cuisine. Les ouvrages pratiques n'étaient pas méprisés, avec toujours la touche personnelle d'un éditeur qui cherchait à mettre en évidence la rencontre du texte, de l'auteur et de la forme matérielle du livre.

Artisan de l'édition et ami de la nature, Robert Morel affirmait que "si la gloire d'une pensée c'est son écriture, la gloire d'un livre c'est le choix de son papier, de sa typographie, de la mise en page, de son illustration, de son tirage". On éprouve, à entendre cela, comme une sorte de nostalgie...

Patrick Kechichian

07:30 Publié dans Editions | Lien permanent | Commentaires (0)