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26/08/2016

** Deux petites merveilles **, éditées par Claire Paulhan

Valéry Larbaud au travail

 

Voici deux petites merveilles comme sait en faire Claire Paulhan. A la fois des documents précieux pour l'histoire littéraire du XXe siècle, dans des éditions scrupuleusement présentées et annotées (ici le travail de Françoise Lioure est d'une acuité et d'une précision remarquables), et des objets d'une grande beauté, nourris de photographies rares, de reproductions de couvertures de livres, de pages manuscrites...

. Objets souvent particulièrement émouvants, comme ces Notes pour servir à ma biographie, de Valéry Larbaud, publiées dans leur intégralité pour la première fois, avec le fac-similé du manuscrit, dans sa transcription.

Ce bref exercice auquel s'est livré Larbaud en réponse à une question de Maurice Martin du Gard, alors directeur des Nouvelles littéraires - "J'aimerais connaître en détail une de vos journées de travail" -, est une radicale déclaration d'amour à la création. Larbaud a envoyé à Martin du Gard, en septembre 1928, de Ligurie où il séjournait, le petit carnet de notes que l'on peut lire aujourd'hui. Il ne fait pas vraiment le récit d'une journée de travail, ce qui, au fond, ne veut rien dire pour un écrivain, mais évoque ce qu'est une vie dédiée au travail littéraire.. "Je n'ai pas réellement de "vacances", de "congé". Mes vacances, mes "arrêts" sont déterminés, en général, par l'épuisement nerveux, ou une maladie, ou un long trajet, ou l'installation dans une ville où je passerai quelque temps."

On ne saurait trop recommander cette lecture à tous ceux qui pensent qu'on "fait" des livres. Pour un écrivain véritable, "le travail est constant". "Il se poursuit à travers toutes les circonstances et les incidents de la vie quotidienne."

. Si ce texte est un bonheur, la Correspondance avec Jacques Rivière est une mine, pour comprendre les relations entre un directeur de revue - la NRF - et un auteur, qui doit âprement défendre ses idées et son travail ; pour saisir l"atmosphère littéraire de ce début de XXe siècle, les passions, les goûts, les découvertes.

Ceux qui aiment Joyce, que Rivière ne comprenait pas et que Larbaud traduisait, peuvent aller directement en 1921 et lire ceci : "Il y a dans la littérature anglaise nouvelle un seul grand écrivain : James Joyce. Une fois Ulysse publié (cet hiver), Joyce sera l'écrivain le plus célèbre du monde (...). Une belle occasion perdue pour la NRF."

                                                                    Josiane Savigneau

. Notes pour servir à ma biographie, An Uneventful One, de Valéry Larbaud. Notes et postface par Françoise Lioure, éditions Claire Paulhan, 20 €

. Correspondance 1912-1924, Le Bénédictin et l'Homme de barre, de Valéry Larbaud et Jacques Rivière. Edition établie, présentée et annotée par Françoise Lioure, éditions Claire Paulhan, 272 p., 30 €

13/05/2016

"Et moi aussi je suis peintre", de Guillaume Apollinaire, aux éditions Le Temps qu'il fait

Aussi incroyable que cela puisse paraître, il a fallu attendre avril 2006 pour que les éditions Le Temps qu'il fait publient le second des trois recueils de qualité peints et écrits par Guillaume Apollinaire, jamais édités de son vivant, soit : Le Bestiaire ou Cortège d’Orphée (1911), Et moi aussi je suis peintre (1914), un ensemble d’"idéogrammes lyriques et coloriés " ; enfin, une plaquette : Vitam impendere amori (1917). Pour on ne sait quelle obscure raison, l’ensemble des idéogrammes est ignoré du public. On ne les trouvera pas reproduits dans les Œuvres complètes de chez A. Balland et J. Lecat, ni dans les volumes de la Bibliothèque de la Pléiade, tout se passant comme s’ils ne méritaient pas qu’on les tire de l’oubli.

C'est en août 1914 qu'Apollinaire, influencé par le futurisme et le cubisme, lance une souscription pour faire paraître, à tirage limité, un livre d'artiste intitulé Et moi aussi je suis peintre. Cette publication originale aurait dû inaugurer les activités éditoriales des Soirées de Paris, revue dont le poète avait pris la direction quelques mois plus tôt.  A quand la publication des deux autres recueils idéogrammatiques ? Sans avoir pour autant le nez tourné à la friandise, cette demande pourrait s'adresser en priorité à la petite édition...

10/05/2016

Léon-Paul Fargue opus 2

Retour à ce poète dont Rainer-Maria Rilke disait : "Pourquoi Fargue, qui est un de nos plus grands poètes, se soucie-t-il aussi peu de se laisser connaître ? Sa discrétion est telle que, même quand ses poèmes se présentent, il faut les lui prendre dans les mains." En avril 1896, la revue le Mercure de France publie la presque totalité des textes qui allaient constituer le recueil "Pour la musique. Poëmes", plaquette qui ne fut distribuée en librairie qu'en 1914.

La version originale (la véritable) porte la date du 1er février 1914, parue aux éditions de la Nouvelle Revue Française, c'est un petit in-4 broché qui comptait 28 pages. Elle a été imprimée à 100 exemplaires sur vergé d'Arches. Las, il manquait deux vers au poème "Intérieur", c'en était de trop pour l'auteur qui détruisit la presque intégralité de ce premier tirage. Le second tirage, toujours de 100 exemplaires sur Arches, a paru le 1er mars 1914. Ni le premier (et pour cause !, bien qu'on en trouvât encore un exemplaire en l'an 2000 à la librairie Nicaise, à Paris) ni le second tirage de cette édition ne courent les rues...

Si Fargue devait s'abstenir de prendre part à la fondation de La Nouvelle Revue Française, il s'empressa d'y collaborer, tant et si bien que son recueil de "Poèmes" (1912) fut l'une des premières publications de la nouvelle maison d'édition qui fut adjointe à la revue par Gaston Gallimard. En ces temps-là naissait, en 1923, la revue Commerce, dirigée par Fargue, Valéry et Larbaud, ainsi va...