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14/04/2020

Un poème de Vénus Khoury-Ghata

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Dans les poches de ma mère
                il y a une odeur froide
   et trois cailloux pour casser les vitres de l'été
La robe de ma mère a bu toute la neige de novembre
Les cris des oiseaux morts ont fait des trous dans son ourlet
Elle les chasse de ses bras évanouis
Elle les injurie dans l'absence des mots
   et l'absence des échos
           à l'intérieur de ses murs renversés
                                  
à l'intérieur


                              Vénus Khoury-Ghata

 

Dernière publication : Demande à l'obscurité, éditions Mercure de France, 5 mars 2020

04:18 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

28/03/2020

Un auteur de Diérèse : un poème de Michel Diaz

tu marches désormais vers le jour le plus simple, celui que tu peux voir sur le chemin s’avancer au-devant de toi et précéder la trace de tes pas, celui-là, tant perdu, retrouvé, que tu peux regarder en face, qui plonge son regard dans le tien et qui te laisse lire sur ses lèvres

il sait faire sa place au plus humble et au plus familier, à ce qui s’incline toujours vers le bas et se donne, sans ruse ni calcul, aussi simple qu’un souffle d’air sur ce qui va germer

il en va de ce jour, tu le sais, comme des amours brèves, une aube les reprend, une ombre les délivre, un soir de lune fraîche les veille et les prolonge, un ciel de matin pur les délace de tout tourment, leur fait le sang léger, un front de pierre lisse, change leur bouche en arbre et leurs yeux en promesses d’oiseaux

il faut croire que maintenant le passé le cimente, que le présent le porte

qu’il en va maintenant de lui comme des fondations du monde, comme de ces bûches d’un bois fraternel, qui brûlent lentement et se consument sans se plaindre dans l’âtre des persévérances

* * *

offrande, en attendant qu'une main la recueille et que l'ombre la renouvelle

offrande à tout ce blanc qui a bu aux fontaines des doutes et des amertumes, jusqu'à la lie de son silence

offrande en touffe d'immortelles et en éclosion de pavots, ou en forme d'épaule obscure mais si douce de lait nocturne

offrande à la pierre nue des margelles, à leurs lèvres torrides qui saignent sous le soc de midi, aux soifs inapaisées, à l'étincellement de la rosée, à ce qui brille d'eau lustrale aux fentes des rochers

offrande aux voiles noires du matin qu'emportent les lumières vers des horizons où s'effacent les rides de nos peurs

offrande, pour ne plus attendre demain, mais pour ouvrir son nom à un pays qu'on ne saura jamais, qu'on devine là-bas, au bout de la parole, et ce qui germera des yeux, enfoui, là-bas, comme un berceau dans la mémoire lisse de la neige

quelque part où la lumière pleut


Michel Diaz

08:22 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

26/11/2019

"Ce lieu que les pierres regardent", de Jean-Louis Giovannoni, éd. Lettres Vives, novembre 1984

    Tu bouges
    et tout respire
    dans ce seul instant

 


    Le lointain
    n'est jamais après l'horizon
    il est au dedans du corps

    le corps lui-même

 


    On court
    pour essayer de se franchir
    dans son propre pas

 


    Tes pas n'ont pour terre
    que le corps qui les porte

 


    Nous ne voyons
    en fait
    que ce qui peut nous être retiré

 


    On croit faire route
    et c'est son corps
    qu'on élève à la grandeur d'un chemin

    à la grandeur de l'espace

 

Jean-Louis Giovannoni

10:48 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)