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10/12/2020

Issa (1763-1824)

On connaît bien la vie d'Issa grâce à son journal. Son vrai nom était Kaba-Yashi Yataro. Il naquit en 1763 à Kas-Hiwabara, un petit village perdu au milieu des montagnes et des forêts. Tout jeune, il fut envoyé à Edo, la capitale, travailla d'abord comme palefrenier pour un seigneur.

Il composait déjà des haïkus. En 1792, il se rasa le crâne, adopta le nom de Haikai-je Nyudu Issa ba : moine laïc du temple Haïkaï et partit en pèlerinage vers l'Ouest pendant quatre années. En 1798, il revint à Edo : dès lors poète reconnu, de nombreux disciples se groupèrent autour de lui. Puis Issa alla s'installer en 1809 dans sa maison natale, s'y maria avec Kiku (Chrysanthème), une jeune femme d'humeur joyeuse.

Les malheurs se succédèrent à partir de 1817 : ses enfants disparurent les uns après les autres, suivis par son épouse, en 1824 ; cette même année, il eut une première attaque de paralysie. Malgré cela il se remaria avec la fille d'un fermier, appelée Yao, mais un incendie détruisit sa maison. Il pressentait sa fin et partit rendre une dernière visite à ses amis et à ses disciples. A son retour, une nouvelle attaque l'emporta.

* * *

     Lune d'automne.
     Errant autour de l'étang,
     toute la nuit.

     Comme si de rien n'était,
     le corbeau
     et le saule.

     Après-midi d'automne.
     Un corbeau perché
     sur une branche sans feuille.

     L'éclat de la pleine lune.
     Ma cabane délabrée
     est telle que vous la voyez.

     L'année se termine.
     Je porte toujours
     mon kasa et mes sandales de paille.

     Je n'ai encore
     nul lieu où reposer ma tête
     au début de l'automne.

Issa

01:59 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

09/12/2020

"Lettres gersoises" de Serge Safran, éditions du Laquet, février 1999, 128 pages, 9 €

Douce T.,


Au moment où je me dirige vers la chambre, un intense rayon de lumière traverse la fenêtre, cette lumière rendue si vive par la couleur du ciel. Dans son ensemble, il est d'un gris lourd, bleu très foncé, ayant presque l'aspect du plomb. Un ciel plombé de nuages épais qui se laissent transpercer par le soleil.

La beauté surgit ainsi, comme une caresse sur les monts et vallées verts des champs fraîchement semés. Un oiseau de proie prend son envol. Le calme est infini de ce que je pourrais croire être un tableau plus vrai que nature tant la nature nous semble aujourd'hui si étrangère, si hostile même. Pluie, froid, on n'en suppose plus la poésie tant le confort rend notre vie abstraite, jusqu'à l'abolition de toutes les nuances, de tous les violents contrastes des reliefs et du temps.

Au moment même où je décide de t'écrire, plutôt que de relire Grimod de La Reynière, le soleil a disparu, la grisaille l'emporte, la pluie, et bientôt, très vite, la nuit.

Cet engourdissement d'être seul, malheureusement pour peu de temps, puisque le temps est compté, toujours, et davantage pour moi en ce moment, quand je dis en ce moment je pense cette année, et cette année pour moi signifie presque les derniers beaux moments de ma vie, ce qui n'est sûrement pas vrai, puisque je t'écris, cette emprise aussi de la fatigue à n'avoir pas assez dormi, comme d'habitude, me rendent d'une extrême vulnérabilité, sensible aux moindres changements.

(Le soleil ayant resurgi, je suis sorti goûter cette beauté des couleurs rousses et cendrées des bois, des arbres entre les prés et les champs, si éphémère et menacée qu'on en éprouverait facilement de la peur, sans raison, parce que tout, peut-être, est empli de mort et d'absurdité sans limite...)


Serge Safran

04:09 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

07/12/2020

Muriel Moreau expose à la galerie Frédéric Moisan, à Paris : du 8 au 19 décembre

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Muriel Moreau, "Moth", eau forte (37 x 29 cm)
12 exemplaires, 2020

Galerie Frédéric Moisan, 72 rue Mazarine, 75006 Paris
ouvert du mardi au samedi de 11 h à 19 h
tél : 01 49 26 95 44

04:33 Publié dans Arts | Lien permanent | Commentaires (0)