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25/12/2019

Jean Cocteau (1889-1663) écrit à René Char, le 20 mai 1959

Voici aujourd'hui une lettre illustrée, inédite, en date du 20 mai 1959, adressée à l'auteur des Matinaux depuis la villa "Santo-Sospir" à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Elle est écrite au stylo-bille sur un papier à en-tête, autour d'un portrait de René Char.
Cette demeure était celle de la grande amie de Cocteau, Francine Weisweiller : elle l'avait rencontré sur le tournage du film Les Enfants terribles (en 1949), là même où sa cousine Nicole Stéphane tenait un rôle. Francine W. devint dès lors son amie la plus proche, séjournant chez lui à Milly, l'accueillant à Santo-Sospir (où elle lui fit construire un atelier), baptisant son yacht Orphée II, voyageant régulièrement avec lui, organisant chez elle une fête pour célébrer l'entrée du poète à l'Académie française...
Cocteau orna de fresques la villa de Santo-Sospir et dédia sa pièce Bacchus (1951) à Francine Weisweller.

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"Mon très cher René, je le savais qu'il existe quelques flaques de bonheur permis - mais on nous en chasse très vite et nous tournons la tête comme les enfants du dimanche soir qui sortent du théâtre. Mais je n'oublierai jamais que vous avez eu la bonté de me faire partager votre découverte. Je vous embrasse"


Jean

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24/12/2019

Joyeux Noël et belles fêtes à tous !

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Place Stanislas à Nancy
photographie de M. C.

A toutes et à tous, de belles fêtes ! A quelques encablures de la nouvelle année, depuis mon pavillon de lecture... loin, si loin des caprices des puissants, avec cette lumière qui souverainement s'étire pour accompagner les feuilles au sol, putrescibles ; soleil sur les chatons des saules, aux yeux un givre bleu, rêveur. Amitiés partagées, Daniel Martinez

Dominique Labarrière

C'est l’œuvre qui détermine la vie de l'écrivain, et non l'inverse.


Les mots et les idées qui ont cours autour de toi, rejette-les. Les pensées que tu aimes, rejettes-les - et aussi celles que tu n'aimes pas. Rejette, rejette : tu es encore riche de ta pauvreté. Rejette même le rejet. Peut-être alors ce qui est toujours immobile, toujours en mouvement, te saisira-t-il.


Hors de tout attachement à l'anecdotique, au pittoresque, à l'inattendu qui toujours et partout ressassent dans l'abondance de leurs manifestations la même évidence faussement rassurante ; loin de l'attente de l'événement qui, par sa soudaine irruption, s'en viendrait rompre d'un coup la monotonie quotidienne de l'ordinaire (si ce tableau est banal, mon regard seul en porte la responsabilité), j'attends sans l'attendre cet instant où, dans le "foisonnement ordonné" (Jünger), un infime détail découvre à l’œil et sa saveur propre et son appartenance à cet ensemble qu'il est, qu'il n'est pas ; ensemble que l'on pourra appeler le "monde", si l'on entend par là non seulement ce qui apparaît, mais aussi ce qui permet aux choses d'apparaître.


L'exploration de l'ombre mène à la lumière que je vois et ne verrai jamais que par cette ombre qu'elle projette.


Comment observer ce qui m'entoure si c'est moi qui mène cette observation ?


Accéder à la dimension intérieure afin de percevoir qu'elle aussi n'est qu'illusion.


Ces instants exceptionnels, où l'on saisit avec acuité ce qui se donne et à quoi l'on correspond parfaitement, non sans doute tels parce que, les vivant, on les vit comme expulsé de soi-même.


Certaines solitudes ont ceci de terrible qu'à peine s'estomperaient-elles un moment, leur retour serait désiré avec impatience.


Comment ignorer que le combat que l'on mène est un combat perdu d'avance ; qu'on le mène, ce combat, sachant qu'il sera, qu'il est perdu ?


A peine apparu, déjà disparu : le scintillement de l'actuel. L'inaccessible actuel.


Quel sourire accompagne cette voix qui, près d'une fenêtre close, murmure simplement : attendre, toujours attendre ?


Dominique Labarrière