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14/10/2020

"Les poètes électriques", de Jacques Coly aux éditions Les Deux-Siciles, 17,50 € (port compris)

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Electric Ladyland, 2002, encre de Jacques Coly

 

Un livre de 218 pages, orchestré par Jacques Coly est paru en décembre 2015, aux éditions Les Deux-Siciles. Le lecteur y trouvera réunis dans ces pages les Poètes électriques, dans la première anthologie de la poésie Beat en version française. Un travail inédit en la matière, il va sans dire. Mathieu Messagier (des pages de son Journal ont été publiées dans Diérèse) appartient à ce mouvement.

Superbe préface-poème du poète Zéno Bianu. Nombreuses illustrations et clichés inédits...
Un extrait de la page 58 :

          Les Cycles d’aubépine


          Cils au coq d’une vie
          Yeux étranglés
          A la prière des refuges
          Les fraises funèbres s’accroupissent
          Sous l’exil de l’épée
          L’angélus de faïence odorante
          Enjambe
          L’âme retournée de chaque reflet…


Jean-Jacques Faussot

13/10/2020

"Dans le jardin obscur", Alain Duault et Monique W. Labidoire, éd. Le Passeur, sept. 2014, 15 €

La vérité, la beauté, le réel, l'imaginaire : c'est comme l'histoire du plat à barbe de Don Quichotte, telle que la raconte Milan Kundera :

Don Quichotte dérobe à un barbier son plat à barbe en cuivre qu'il prend pour un casque. Plus tard, par hasard, le barbier arrive dans la taverne où don Quichotte se trouve en compagnie ; il voit son plat à barbe et veut le reprendre. Mais don Quichotte, fier, refuse de tenir le casque pour un plat à barbe. Du coup un objet apparemment si simple devient question. Comment prouver d'ailleurs qu'un plat à barbe posé sur une tête n'est pas un casque ? L'espiègle compagnie, amusée, trouve le seul moyen objectif de démontrer la vérité : le vote secret. Tous les gens présents y participent et le résultat est sans équivoque : l'objet est reconnu comme casque.

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Diane M.

Ce que Kundera qualifie d'"admirable blague ontologique" nous enseigne plusieurs choses : que l'apparence n'est pas l'essence, bien sûr, mais surtout que le regard qu'on porte sur une chose lui donne son véritable prix, c'est-à-dire peut rendre précieux un objet banal, que la nomination d'un objet lui confère déjà du réel, que la vérité n'est qu'un accident du langage autant que du regard, que la beauté n'est qu'un avatar du réel tel que l'invente un sujet. Parce que la beauté est comme - le ciel, le secret d'une grotte, la transparence de l'eau, le désir que fait naître la peau... Le beau serait-il donc ce qui retient le temps dans la forme, contre la pourriture, contre la corruption ? Quand Kundera encore écrit que "la laideur s'empare du monde", il ne pointe en fait qu'une réalité sociologique, un effet - dont la cause demeure le désir de beauté que manifeste en creux une telle phrase. La beauté est-elle donc nécessaire, est-elle une résistance à la putréfaction, l'expression d'une sorte de chœur au fond de nous, au fond de la langue, une résurgence face à la violence illimitée du monde et à la dégradation de plus en plus grande de nos destins misérables ? Ou est-elle une immanence à découvrir, à interroger - puisqu'elle ne nous appartient pas, jamais ? Ou bien encore, n'existe-t-elle que dans sa célébration (la poésie, l'art, la musique) ?


Alain Duault

00:21 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

11/10/2020

"L'Esthétique de Roger Caillois", Jacques Lucchesi, juillet 2001, collection Essais, 60 exemplaires, 7,62 €

Imprimé à deux pas de la sylve bellifontaine, c'est le deuxième volume de la collection Essais des éditions Les Deux-Siciles. Pour vous en ce jour, la première de couverture de ce livre, le portrait de Roger Caillois par Pacôme Yerma et un extrait choisi :

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A différents niveaux, la question de la beauté ne cesse de préoccuper l'humanité. Pour peu que l'on s'y penche, on est étonné par le nombre de nos actions dont elle est le mobile plus ou moins avoué. Ce sentiment et cette exigence sont sans doute consubstantiels à notre espèce mais lui appartiennent-ils en exclusivité ? Caillois, en naturaliste visionnaire, répond par la négative. Dans son souci affirmé d'établir des ponts entre les différents règnes, il cherche et trouve chez les animaux des actions n'obéissant pas à des conduites utilitaires, qui traduisent des élans non seulement ludiques mais aussi esthétiques. Comme il l'écrit dans "Une erreur de Lamarck" (Obliques) : "Rapprocher des phénomènes que tout conduit à estimer incompatibles démontre une témérité à la fois fourvoyée et stimulante. J'estime quant à moi qu'il convient d'en accepter le péril et la chance." Si Caillois penche fréquemment du côté de la science, c'est à toutes fins de délectation. Mais, nous le savons, pour admirer il a besoin de comprendre.


Jacques Lucchesi